Frères Bocquet : « On n’achète pas le droit de frauder ! »
Ce qui est rassurant avec (peut-être) un retour à une certaine normalité sanitaire est qu’il s’accompagne d’un autre quotidien… normal, celui de la fuite des capitaux sans vergogne ! Après le premier opus « Sans Domicile Fisc », les Frères Bocquet sortent un nouveau livre sur cette réalité « Milliards en fuite » (visuel de Pierre Gaumeton, l’excellente plume, Alain Bocquet, et Eric Bocquet).
Cent mille dollars au soleil… !
Ce titre d’un film du regretté Jean-Paul Belmondo est presque le récit de cette saga financière a deux points près, la somme se compte en milliards de dollars et pas au soleil exclusivement ! Que s’est-il passé depuis le 1er livre par les frères parlementaires ? « Des mesurettes mêmes si Le Monde a lancé le sujet de l’Openlux. Nous avons toujours des banques françaises injectant 25% de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, ils existent eu Europe comme aux Pays-Bas, en Irlande, à Malte, et à Chypre. Donc, dans les instances où certains veulent parler d’équité fiscale, on n’est pas crédible en Europe », explique les Frères Bocquet.
Néanmoins, certaines pensées bougent, mais l’initiative vertueuse d’un impôt mondial incompressible a (déjà) pris du plomb dans l’aile. « Oui, Joe Biden a eu une belle initiative, mais l’idée première était un impôt à hauteur de 25%. Quelques semaines plus tard, on est descendu à 15%. De plus, il faut un accord des pays de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) », ajoutent-ils. En clair, c’est pas gagné… !
La BCE, un rôle pivot !
Le triste constat est que la crise financière en 2008 a tout au plus renforcé les fonds propres des banques, mais la réalité est que seulement 2% de la finance s’inscrit dans l’économie réelle… Ensuite, le fameux discours sur la dette publique est de plus en plus abscons pour le grand public. « Aujourd’hui, la Banque Centrale Européenne détient dans ses comptes 53% des dettes publiques dont une partie de la dette française. Il est indispensable que la BCE joue un rôle de soutien aux Etats membres à travers des prêts conditionnés pour la création ou le maintien de services au public », déclarent les Frères Bocquet.
Des solutions…
Par rapport au premier livre dont le succès fut remarqué (12 000 exemplaires vendus), ce second éclairage propose des pistes. « Bien sûr, nous avions déjà évoqué le sujet à travers une COP fiscale, comme la COP pour le climat. Ensuite, il faudrait lancer la création d’un organisme financier lié à l’ONU, style l’OMF (Organisme Mondial de la Finance) car la Banque Mondiale et le FMI ne sont pas rattachés à l’ONU », expliquent les Frères Bocquet.
Sur le très controversé « verrou de Bercy », il y a « eu des avancées, le verrou s’est un peu desserré, mais pas pour tout le monde. Quand vous voyez que Google devait payer une amende de 7 milliards d’euros, ils ont négocié à 1 milliards d’amende avec l’Etat français. On n’achète pas le droit de frauder ! », commentent les Frères Bocquet. Et de l’autre le Banque de France propose des micro-crédits aux personnes surendettées à un taux d’intérêt supérieur au taux du marché…, cherchez l’erreur !
La fiscalité dans la Présidentielle
Ensuite, à l’aulne d’une élection présidentielle électrique, les Frères Bocquet espèrent que cette thématique va, tôt ou tard, s’investir dans le champ médiatique « même si ce sont des sujets importants, on ne peut réduire une campagne présidentielle aux thèmes de la sécurité et de l’immigration ». Enfin, il est important de comprendre que l’impact le plus fort sur le quotidien des Françaises et des Français serait une fiscalité domestique et mondiale revisitée… !
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Daniel Carlier