La série Germinal, une avant-première réussie à Wallers Arenberg !
Après la fermeture du puits de mine de Wallers Arenberg en 1989, une réhabilitation du site au XXIème siècle, un tournage majuscule sur le dit site de cette mini-série Germinal, l’avant-première de cette aventure humaine ne pouvait que se vivre à cet endroit. C’est pourquoi, dans le cadre du Festival Séries Mania Lille-Hauts de France, la série Germinal fut donc projetée sur le site de Wallers Arenberg, l’ovation debout du public à la fin des deux premiers épisodes, de 52 minutes chacun, fut à la mesure de cet exploit…, un instant magique !
La salle Léaud était bondée de figurants, d’élus, des équipes du film, et de journalistes, mais chaque personne présente se souviendra de cette projection ébouriffante. Pour autant, le défi était immense, adapter en format série sur près de 6 heures l’oeuvre du romancier Emile Zola, mais également imprimer son empreinte face au film inoubliable de Claude Berri sur Wallers Arenberg.
Avant la projection, le Président de La Porte du Hainaut, Aymeric Robin, tient à remercier avant toute chose « le choix de l’ancien site minier de Wallers Arenberg par votre équipe de tournage. Ensuite, vous avez accédé rapidement à notre demande d’une avant-première ici même ! Enfin, vous apportez un nouveau regard sur Germinal, plus moderne ». Sur ce point, il est également apparu évident pour le réalisateur, David Hourrègue, que cette avant-première mondiale ne pouvait se faire « qu’à Wallers Arenberg. Je remercie toutes les équipes d’ACM (Arenberg Créative Mine), Hélène Helle, et les élus de La Porte du Hainaut pour leur accueil sur ce site », commente le réalisateur.
Plus en amont, le choix audacieux de la direction des programmes de France 2, il y a deux et demi, est payant afin de « rivaliser avec les séries des plates-formes. L’ambition est de montrer que le récit français peut faire voyager comme une série américaine », indique le Directeur des programmes actuel de France Télévision.
Bien sûr, le producteur est aux anges avec la concrétisation d’un projet en route depuis deux et demi avec une pandémie pour pimenter le tout…
Pour sa part, le réalisateur se rappelle chaque moment de ce tournage intense « de 5 mois et demi . Il ne pouvait se faire que dans le Nord. Bien sûr, compte tenu de la Covid, nous avons dû interrompre trois fois le tournage ». Il souligne également avec force le choix musical à travers une compositrice de talent avec des temps forts musicaux en comparaison à l’orchestre symphonique du film de Claude Berri sans sonorité mémorielle.
Le mot de la fin avant la projection par le scénariste, l’incontournable narrateur d’une histoire « où Emile Zola m’a mâché le travail. Cette mini-série est également l’occasion de mettre en lumière cet auteur engagé dans son temps, sa prise de risque en racontant un univers social terrible », indique Julien Lilti, le scénariste. Le réalisateur confirme la dimension et le respect indispensable de l’univers des mineurs « j’ai rencontré des anciens mineurs. Ils m’ont tous dit deux mots marquant leur vécu, la dangerosité du métier, mais la dignité avec lequel il exerçait celui-ci ». Dès la 1ère scène du 1er épisode, tout était dit, vous découvrirez que le respect de ces deux mots est une ligne rouge pour l’équipe de Germinal.
Durant cette projection des deux premiers opus de cette mini-série Germinal en six épisodes de 52 minutes, le résultat laisse passer une modernité, un nouveau souffle où des rôles dans le roman d’Emile Zola « prennent plus d’ampleur, notamment les femmes. Dans les premiers épisodes, on ne pouvait pas traiter en 2021 le rôle de Catherine Maheu, avec Chaval, avec la même approche qu’à l’époque. Ensuite, nous ne voulions pas non plus qu’Etienne Lantier arrive en super héros. Non, il y avait d’autres personnages importants », indique David Hourrègue. Sur le rôle de Catherine, très important dans ces deux premiers épisodes, la comédienne « a été découverte 9 jours avant le tournage. Le profil était très difficile à trouver. Elle est Québécoise et ne connaissait pas Germinal ce qui lui a évité un héritage. Elle est innocente au début, se durcit, puis s’efface », ajoute le réalisateur.
L’actrice, présente, valide ce rôle porté « par un drame personnel, un viol, se mettant à l’écart d’un drame collectif, les conditions de travail des mineurs ! ».
Le scénariste colle au propos du réalisateur. « J’ai profité du détail narratif d’Emile Zola pour travailler en profondeur sur les personnages. Ensuite, sur les six épisodes, d’autres rôles existant dans le roman vont apparaître, ils ont servi à travailler sur la temporalité pour une série, mais également faire avancer crescendo l’intrigue. Pour autant, je ne trahis pas l’esprit du roman social très engagé d’Emile Zola », commente Julien Lilti. C’est aussi sur ce point que toute la modernité de ce tournage se fait jour, l’histoire globale s’explique à travers de multiples oppositions sociales, bourgeois-mineurs, hommes-femmes, solidarité-égoïsme, tout cela devait trouver un appui sur d’autres vécus des personnages du roman. L’éclairage au fond de la mine, avec des techniques nouvelles, apporte aussi autre chose dans ce narratif d’un univers du métier de mineur où femmes, enfants, voire toute la famille descend pour gagner son pain…quotidien.
Un autre acteur, Jeanlin Maheu dans la série, était présent à cette projection. Il se rappelle quelques scènes marquantes comme « cette journée de pluie glaçante quand je remonte de la mine, blessé, suite à l’éboulement ». Ensuite, l’anecdote veut que le tournage de la dernière scène du film a eu lieu en dernier, chose rare. « Ce fut un moment émouvant pour tous. C’est la scène de l’inondation de la mine tournée en Belgique. Nous savions tous que c’était le dernier plan ! », commente David Hourrègue.
Concernant les Grisous, le nom affectif donné par le réalisateur aux « 2 400 figurants dans cette série Germinal. Compte tenu de La Covid, 300 figurants environ ont eu plus de temps de tournage, ils venaient d’ailleurs comme les comédiens sur le brief en début de journée. Ils savaient exactement le contenu du tournage du jour », précise David Hourrègue.
Beaucoup de plans, de scènes, furent réalisés sur le site d’Arenberg Créative Mine, un hommage à cette fosse locale, parmi tant d’autres sur le Valenciennois, fermée il y a tout juste 32 ans, hier !
Cette série, déjà disponible intégralement sur la plate-forme Salto, sera diffusée en octobre 2021 sur France 2 en trois fois avec deux épisodes par soirée.
Germinal est aussi une histoire de goût https://www.va-infos.fr/2021/09/02/germinal-a-son-entremet/
Daniel Carlier