(ASCOVAL/Laurent Degallaix) « C’est cet accord en l’état ou pas d’accord du tout »
Une fois de plus, l’usine ASCOVAL à Saint-Saulve est encore sous les feux des projecteurs. Digne d’une série américaine où le dernier épisode de la saison vous annonce la suivante, les élus communautaires étaient (encore) devant un choix financier cornélien face au nouveau repreneur d’ASCOVAL, un sidérurgiste allemand… le Groupe Saarsthal !
Laurent Degallaix : « Au final, nous arrivons à un ratio de maintien entre 250 000 et 300 000 euros l’emploi ! »
On pourra dire que le feuilleton ASCOVAL a mangé les cerveaux des instituions politiques, de l’Etat à la région en passant par l’intercommunalité Valenciennes Métropole. Arrivé par un jeu médiatique au coeur d’une actualité nationale brûlante, ASCOVAL était devenu le symbole d’une industrie française, d’un savoir faire Maison France à maintenir en vie par tous les moyens. « L’actualité s’est accélérée après une reprise longue et douloureuse. Nous avons connu des hauts et des bas sur ce dossier. Cette fois, je pense que le repreneur est solide, valorise la qualité du travail sur Saint-Saulve », commente Laurent Degallaix.
Cette fois, la défaillance de Liberty Steel débouche après un process de dépôt des offres à une proposition d’un sidérurgiste allemand, le Groupe Saarsthal. Toutefois, cette grande entreprise propose un engagement financier sous conditions avec des abandons de créances totales ou partielles selon les institutionnels. « De notre coté, nous avons prêté 10 millions d’euros, et le repreneur demande un abandon de créance à hauteur de 7,2 millions d’euros. Pour le reste, soit 2,8 millions d’euros, 50% cet été 2021 et trois échéances pour les 50 % à payer », poursuit-il. Pour rappel, l’Etat s’était engagé à hauteur de 50 millions d’euros et la région de 12 millions d’euros sur ce dossier Liberty Steel… !
Cette présentation n’écarte pas la cruelle réalité d’une addition inévitable « avec un constat réaliste et lucide. Parfois, nous sommes en réunion en train de discuter sur quelques milliers d’euros pour soutenir une entreprise… Au final, nous arrivons à un ratio de maintien entre 250 000 et 300 000 euros l’emploi sur le dossier ASCOVAL (270 emplois restants) ! Nous devrons être pertinents dans nos choix d’engagements à l’avenir ».
Bien sûr, l’émotion et l’engagement de Cécile Gallez en faveur de cette entreprise saint-saulvienne sur ce dossier a contribué au sauvetage de cette industrie. Personne n’était absent à l’appel toute formation politique confondue.
« Un droit de regard sur l’utilisation de notre argent public », Isabelle Choain
On peut le dire, tous les élu.e.s du territoire, des Hauts-de-France, et bien sûr de l’Etat hyper engagé sur ce dossier, ont conduit à suivre et soutenir ce dossier depuis des années. Sans refaire le film, le dernier dénouement avait vu l’arrivée de British Steel comme repreneur… « Je vous cite (Le président de l’agglo), Olympic Steel est détenu majoritairement par Greybull capital basé à Jersey. Notre crainte de l’époque est devenue réalité. Nous voterons pour cette abandon de créance, mais nous pensons qu’un droit de regard sur l’utilisation de notre argent public est nécessaire », explique Isabelle Choain pour le Groupe communiste.
« ASCOVAL pas éligible au Plan de Relance national », Laurent Depagne
Pour le maire d’Aulnoy-lez-Valenciennes, ce nouveau dénouement continue l’histoire « entre espoir et inquiétude, de la peur au soulagement. L’engagement de Cécile Gallez fut déterminant, et le territoire fut au rendez-vous. Nous sommes encore en face d’engagements non tenus pas un Grand groupe. Ensuite, pourquoi ce dossier n’est pas éligible au Plan de Relance national ? ».
« Pas de garantie totale avec un arrière goût dans la gorge », Yves Dusart
Pour le maire de Saint-Saulve, concerné au 1er chef, la solution sur la table des élus communautaires inspire « une très grande crainte. Elle ne rassure pas. Il n’y a pas de garantie totale avec un arrière goût dans la gorge.
C’est vrai, le ratio emploi est excessivement cher ! Quelles sont les contre-parties ? Peut-on avoir une garantie dans le temps ? Peut-il y avoir une clause de revoyure, car c’est une augmentation de richesse sur le dos de l’argent public du contribuable », conclut Yves Dusart.
« Le montage n’est pas bon ! », Quentin Omont
Pour l’élu communautaire de Valenciennes Verte Solidaire, la relocalisation des emplois industriels en France est une évidence. Néanmoins, le dossier en l’état présente « un abandon de créance de 7,2 millions d’euros sans contre-partie avec une délibération dans l’urgence. Le montage n’est pas bon, c’est encore une fois un chantage à l’embauche », commente Quentin Omont.
Comme réponse globale, le Président de Valenciennes Métropole résume l’état de l’art. « Vous pensez bien que toutes ces pistes ont été étudiées en amont par l’Etat et la Région. Je suis d’accord avec vos remarques, mais au final l’investisseur propose cet accord en l’état ou pas d’accord du tout. Nous avons réussi à négocier de ne pas abandonner la totalité de notre créance. Il y a effectivement cette dualité, un accord, mais aucune clause complémentaire », conclut Laurent Degallaix.
Une fois de plus, la loi du plus fort emporte avec lui beaucoup d’illusions sur le soutien de la puissance publique aux grandes signatures industrielles.
Le vote de cette délibération fut à la majorité avec une voix contre, Quentin Omont, deux abstentions, Laurent Bigaillon et Marie-Tiphaine Belgarde (procuration).
Daniel Carlier