Démission de Guy Bustin, une page se tourne en… 5H19 !
L’évènement de ce Conseil municipal à Vieux-Condé était incontestablement la démission de l’ancien maire de la commune, élu du Conseil municipal et conseiller communautaire, Guy Bustin. Comme son empreinte sur la commune, quel que fussent ses choix politiques de l’ancien édile, son histoire ne pouvait passer inaperçu durant un conseil plié en 45 minutes. Non, celui-ci avec pléthores de sujets a duré… 5H19, toute votre histoire qui défile sous vos yeux comme un condensé avec ses hauts et ses bas, la vie, la vie, la vie comme un pouce levé vers le haut (visuel Karine Réal et David Bustin).
Tout d’abord, un point de situation sur la vaccination au coeur de notre sortie positive de cette crise sanitaire. « Nous avons eu 4736 personnes vaccinées sur le Centre de vaccination sur Condé-Sur-L’Escaut au 31 mai, et déjà 740 programmées pour cette 1ère semaine de juin. Nous n’avons plus de problème de quantité de vaccins depuis la validation définitive de ce point de vaccination par l’Agence Régionale de Santé », commente le maire. Cinq communes sont concernées dans le Pays de Condé par ce point de vaccination… donc vaccinez-vous dès que possible !
Guy Bustin est actuellement en rémission d’un cancer détecté en 2017
Evidemment, l’écrit traduit très difficilement une émotion partagée par l’ensemble du Conseil municipal (chose rare). En effet, l’annonce avait filtré avant le Conseil municipal sur la démission de Guy Bustin, pas du tout surprenant politiquement, mais la surprise était pourtant ailleurs !
En effet, le maire David Bustin a lu le courrier de démission reçu le 21 mai 2021 où Guy Bustin expose ses motifs. Evidemment, l’édile est un citoyen comme un autre, un fils comme tant d’autres et il était difficile de cacher ses émotions. « Je n’ai pas l’habitude d’exposer ma vie privée, mais je suis en rémission d’un cancer détecté en 2017. A cette époque, j’ai choisi de ne pas divulguer cette information. Aujourd’hui, je suis en rémission, mais toujours sous surveillance », explique dans sa lettre Guy Bustin, absent dans l’hémicycle municipal. « Gy Bustin a 75 ans, je vous rassure sur sa santé. Il va bien en ce moment », précise David Bustin. Pour la campagne municipale 2020, compte tenu de cette information, David Bustin justifie son choix « je ne me voyais pas partir dans cette aventure sans la présence de Guy Bustin sur cette liste (3ème) ».
Nous n’allons pas refaire l’histoire locale de ses dernières années, mais le temps présent a imposé un choc à cette nouvelle assemblée. « Je résume cette annonce et l’histoire de Guy Bustin sur Vieux-Condé, envie, surprise, et démission. C’est également une émotion forte pour nous. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement », commente Franck Agah. Pour sa part, Josette Naumann Rosconvel témoigne « votre émotion est bien normale. Lorsque je suis arrivée en 1962 sur Vieux-Condé, ma première rencontre fut avec Guy Bustin, puis Georges Bustin. J’ai beaucoup de peine de voir partir de ce Conseil municipal mon camarade ».
La nature a horreur du vide et un élu est remplacé à peine le bruit diffus de ses pas. « Au niveau du Conseil municipal, la suivante sur la liste (parité non obligatoire) est Karine Real. « J’ai 50 ans, je suis Vieux-Condéenne depuis 26 ans. Je sui très émue de rejoindre ce Conseil municipal », indique la nouvelle élue.
Pour ce qui concerne le siège de Conseiller communautaire (parité obligatoire cette fois), l’élu désigné est Didier Simon en lieu et place de Guy Bustin.
« Le maire n’a plus les clés du logement social », Fabienne Delcourt
Autre sujet en prélude de l’ordre du jour, une information précise sur les modalités d’attribution des logements sociaux est donnée aux administrés. « Nous avons 1419 logements sociaux sur Vieux-Condé à travers 5 bailleurs sociaux. Chaque demande a son histoire, chaque demande est unique. Nous travaillons au service logement de la commune afin de présenter les meilleurs dossiers (pour les familles) à cette commission d’attribution », commente Fabienne Delcourt en charge de cet item sensible.
Bien sûr, les dispositifs d’accès et critères fiscaux sont pléthoriques et en vigueur sur cette commune. « Par contre, en 2021, la commune n’a qu’un avis consultatif au sein de cette commission d’attribution des logements. C’est vrai, il y a 30 ans, la ville avait un grand pouvoir dans l’attribution d’un logement social sur sa commune », indique David Bustin.
En clair, suite à l’information par le bailleur social d’une libération d’un logement, la commune peut présenter 3 dossiers pour des bénéficiaires présumés, le bailleur également…, et la commission d’attribution fait son choix. « Le maire n’a plus les clés du logement social. C’est dommage, car nous connaissons nos populations », poursuit le maire.
Ce débat est effectivement très intéressant, car cet état de fait est issu également d’un historique. Rien n’arrive par hasard en la matière. D’un point de vue national, sur les 36 000 communes françaises (un peu moins en 2021) le pouvoir du maire discrétionnaire sur un sujet central dans la vie d’une famille fut, parfois, détourné à des fins politiques, un donnant donnant etc. très malsain ! C’est pourquoi, ces commissions d’attributions ont changé ce modus operandi, mais comme la France ne sait pas faire dans la demi-mesure, le juste équilibre, nous arrivons à un paradoxe que décrit parfaitement David Bustin. « Sur 5 bailleurs sociaux, nous avons déjà 2 bailleurs qui travaillent via une réunion dématérialisée, vous pouvez seulement mettre un commentaire sur la plateforme numérique, plus d’échanges, on ne peut plus défendre un dossier de visu ! », explique le maire. Effectivement, sur le sujet le plus fondamental, avoir un toit, d’une famille ou d’une personne isolée, la commune ne peut plus présenter ses propres dossiers en face à face… le comble d’une absence de proximité, une aberration… ! Le maire n’est pas un factotum servile de la République, qu’on se le dise !!!
Un autre sujet sur le logement concerne les communes minières du Valenciennois. « Nous avons encore des ayants-droits où lorsque le décès de leur dernier parent intervient, des enfants voulant habiter dans la maison où ils ont vécu toute leur vie ne peuvent le faire. La maison revient dans le circuit général. Nous devons les défendre », indique le maire. Pour sa part, Franck Agah, pour l’opposition, soutient cette information « qui nécessite beaucoup de pédagogie. Sur les ayants-droits (des familles de mineurs), vous avez des situations avec des enfants qui ne rentrent pas dans les nouveaux critères, c’est très compliqué. Je sais que Fabien Roussel porte ce dossier au niveau de l’Assemblée nationale », selon Franck Agah.
Plus globalement, le maire résume le dispositif ANRU de rénovation urbaine, initié par Jean-Louis Borloo, très répandu sur le Valenciennois : « C’est une requalification urbaine réussie, mais un échec total sur le volet social (accompagnement) ».
« Vous avez remarqué que je ne suis ni candidat aux régionales, ni aux départementales », Franck Agah
Toujours en propos liminaire, Franck Agah épingle l’édile « sur vos allusions à ma candidature présumée aux prochaines élections. Vous avez remarqué que je ne suis ni candidat aux régionales, ni aux départementales. Par contre, je vois apparaître votre nom sur le tract de Jean-Noël Verfaillie et Béatrice Descamps », Franck Agah.
La réponse fuse tout de go « nous sommes une liste (municipale) sans étiquette. Aucun de mes colistiers n’a de consigne de vote (fait confirmé en public par une élue). J’ai constaté la présence de Julien Czapski comme candidat titulaire sur le canton de Marly. C’est quelqu’un de chez nous (agent territorial), il fait très bien son travail, ce n’est pas un sujet », déclare David Bustin. Il ajoute « que c’est un candidat de l’union de la Gauche » et Franck Agah répond par la négative « Ah bon, je croyais qu’il y’a fait une Union de la Gauche sur le Valenciennois (dans les 6 cantons) ! », lance-t-il (article à suivre sur ce sujet la semaine prochaine).
Dans une salle surchauffée par un soleil enfin retrouvé, en confinement sanitaire durant le mois de mai, l’avant Conseil municipal (programmé à 18H00) est achevé, l’Ordre du Jour peut commencer, il est 19H15… !
La vie associative dans tous ses états… !
Bien sûr, vous avez eu le vote du Compte administratif 2020, mais le ROB et le vote du budget avaient déjà prêté à un débat très pointu sur le sujet, rien de neuf à se mettre sous la dent !
Par contre, le vote une à une des subventions accordées aux associations du cru amène à des réflexions nouvelles sur un sujet de proximité. Tout d’abord, d’un point de vue général, les associations en France et ailleurs se dirigent vers le mur de la mobilisation des bénévoles et des réinscriptions des adhérents en septembre prochain, un véritable défi que les communes doivent accompagner dans leurs latitudes respectives en la matière.
Sur Vieux-Condé, le nerf de la guerre, la subvention annuelle de fonctionnement, est traitée avec bienveillance « contrairement à certaines communes avec une baisse importante, voire une suppression, des subventions en 2021 ; nous avons fait le choix de verser 100% de la subvention (avant le 15 juillet 2021) pour les demandes entre 220 et 2 000 euros. Ensuite, pour les demandes entre 2001 euros et le maximum demandé, nous verserons 50 % de la subvention avant le 15 juillet et le complément sur justificatif pour le 15 décembre 2021. Toutefois, nous serons attentifs à des demandes exceptionnelles en rapport à des dépenses imprévues (matériels sanitaires…) », précise le maire.
David Bustin profite de cette fenêtre de tir pour s’étonner publiquement « nous avons dépensé en 2020 la somme de 246 000 euros pour des mesures Covid, 225 000 euros en fonctionnement, 21 000 euros en investissement avec un remboursement de l’Etat à hauteur de 35 000 euros. Nous espérons un complément de remboursement. D’ailleurs, l’Etat a demandé un chapitre comptable spécifique sur notre comptabilité publique. Nous attendons un complément, car la somme actuelle n’est pour moi qu’un acompte », s’exclame le maire. Certes, mais il est aussi évident que les mesures économiques, validées toutes obédiences politiques confondues, les remboursements des tests, pas courant dans toute l’Europe…, ont un coût abyssal. Pour reprendre l’adage classique, on ne peut demander tout au budget et rien à l’impôt, car la ligne politique du maire sortant (sensibilité UDI) est à ce stade très en phase avec le parti LR, notamment sur le Valenciennois, dont l’endettement de l’ETAT constitue un tacle récurrent vis à vis de la politique gouvernementale. La demande locale totalement différente du cri politique national… tout trouve une limite et une certaine incohérence politique !!!
16 PECS à Vieux-Condé
Autre mesure phare, l’embauche au sein de cette collectivité locale de 15 contrats PEC (Parcours Emploi Compétences) valide une mesure sociale soucieuse de faciliter le retour à l’emploi de personnes valides ou en situation de handicap très éloignées de l’emploi.
« Nous commençons les entretiens d’embauche dès ce vendredi 04 juin. Pour obtenir un PEC, vous devez être inscrit au Pôle Emploi, mais j’ai obtenu la suppression d’un délai minimum d’inscription au sein de Pôle Emploi. Vous pouvez donc vous inscrire et postuler immédiatement chez nous ! Il y a 15 emplois PECS pour la commune et un au niveau du CCAS. Bien sûr, les personnes en situation handicap bénéficient du même accès à ces PECS », déclare David Bustin.
Voici la liste des emplois à pourvoir : 1 chargé de communication-événementiel, 1 agent d’entretien du cimetière, 2 agents de nettoiement, 1 agent d’accueil et d’état civil, 4 agents technique polyvalent, 3 animateurs en accueil collectif de mineurs, 1 animateur de proximité et en accueil collectif de mineurs, 1 animateur information jeunesse, 1 animateur famille et agent d’accueil d’un espace partagé pour la famille en QPV, 1 chargé administratif au Service d’Aide à Domicile au sein du CCAS.
Le comité consultatif d’attribution des subventions aux associations
Autre initiative presque iconoclaste en la matière, le maire déclare « je ne veux plus être le seul à décider du montant de la subvention à une association ». En effet, rappelons que dans toutes les collectivités locales, c’est le maire qui signe en bas de la feuille, et lui décide même si un adjoint est en charge du traitement des dossiers… ! Dans cette optique « nous validons aujourd’hui la création d’un comité consultatif d’attribution des subventions aux associations. Il sera composé de moi, plus 3 élu.e.s de la majorité et d’un membre de l’opposition (Franck Agah), mais également de 3 présidents d’associations dans des domines différents. Je m’engage devant vous à respecter les avis de ce comité », indique le maire de Vieux-Condé.
La Rue des Déportés
Déjà paru dans la presse locale (L’Observateur du Valenciennois), une problématique de terrain au sein de la Rue des Déportés refait surface à l’occasion de ce Conseil municipal. En effet, l’approvisionnement en eau potable dans ce secteur précis est problématique depuis des années. « Nous avons des coupures d’eau, voire de l’eau sale, de manière récurrente. Ce sujet est ancien sur cette rue des Déportés. On a l’impression d’être oublié dans ce secteur de Vieux-Condé ! Nous avons alerté en 2019 sur ce dossier la municipalité qui indique dans sa réponse des interventions par le SIAV (assainissement) et le SEV (eau potable) », commente Dorian Carlier, sur la liste de Franck Agah dont la famille réside dans cette rue. Ensuite, le maire expose à juste titre les coûts budgétaires à la réfection d’une voirie « et la vérification obligatoire des réseaux en dessous ». La fameuse usine sous-urbaine disait à l’époque Dominique Riquet, ancien maire de Valenciennes.
Le maire apporte une précision structurelle limpide. « Les compétences (conformément à la loi NOTRe) assainissement reviennent au sein de Valenciennes Métropole le 01 janvier 2022. Dans ce cadre, une structure « Cycle de l’Eau » va regrouper l’assainissement, eau potable, et GEMAPI », ajoute David Bustin. Tout lecteur connaisseur peut traduire la réponse du maire concernant la temporalité des interventions sur le réseau de l’eau… rue des Déportés.
Autre point soulevé par Dorian Carlier, un changement d’une priorité à droite par deux stops sur l’Avenue Jean Jaurès, la perpendiculaire très roulante de ce quartier du Vieux-Condé. « Les STOPS ne sont pas respectés. Cette rue devient accidentogène, il faut revoir cet aménagement », ajoute Dorian Carlier.
En Conseil municipal, David Bustin indique « une récupération politique ». L’intéressé répond (hors Conseil municipal) « j’ai fait ma demande en 2019 bien avant les élections municipales. Ensuite, la Rue des déportés est composée de nombreux foyers de personnes âgées qui ne se plaignent jamais ». « Les familles sont contentes de voir un jeune parler de leurs problèmes », conforte le père de Dorian Carlier. Sur ce sujet, Franck Agah expose un problème de fond : « Ce n’est pas parce que Dorian est un militant politique qu’il ne peut pas alerter le Conseil municipal d’un problème de proximité ! »… le maire acquiesce « je n’ai jamais dit cela ! ».
Comme à chaque fois, un peu de hauteur permet de juger de la norme stricte sensu. Le problème se serait-il posé dans un village de moins de 1 000 habitants où les élu.e.s font, dans l’immense majorité, partie d’un quartier différent du village. Non, car aucun d’entre eux ne pourraient remonter une problématique de proximité. C’est de fait un faux problème.
5H19… dont voici quelques extraits d’un Conseil municipal passionnant !
Daniel Carlier