(Canton Marly) L’indispensable département au quotidien d’une commune avec B.Descamps et JN.Verfaillie
Le canton de Marly, composé de 17 communes dont Marly, Condé-sur-l’Escaut, et Vieux-Condé et de nombreuses communes rurales, est symptomatique de l’impact palpable des politiques d’un département sur les citoyennes et citoyens tout comme de sa collaboration récurrente avec les communes. Focus sur Béatrice Descamps, député de la 21ème circonscription, et Jean-Noël Verfaillie, maire de Marly depuis juin 2020, car ce sont les Conseillers départementaux sortants.
Avant l’oeil dans le rétro concernant le mandat des sortants, il est intéressant de profiler les candidats. Béatrice Descamps, députée de la 21ème circonscription, est une parlementaire très présente à l’Assemblée nationale, on ne peut lui reprocher cette assiduité. Très investie sur la thématique du handicap, elle défend avec force « la complémentarité entre le mandat de Conseiller départemental et celui de Député. J’ai fait remonter des problématique de terrain à l’Assemblée nationale. Par exemple, le fait de siéger à la Maison Départementale Du Handicap m’a permis de faire avancer l’acquisition de droits pour certains handicaps. Comme Conseillère départementale, j’ai un ancrage territorial », commente Béatrice Descamps. Rappelons que la loi interdit à un parlementaire de siéger dans un exécutif, Béatrice Descamps ne peut être une vice-présidente du Conseil départemental du Nord, mais uniquement Conseillère départementale.
Elle avoue toutefois que sur ce canton de 17 collectivités locales « 14 sont communes avec la 21ème circonscription. Cela me permet de conserver un regard de proximité sans oublier évidement les 4 autres communes du canton ».
Sur ce point, Jean-Noël Verfaillie enfonce le clou « d’un coté, on ne peut pas accuser les élus de cumulards et de l’autre parler de parlementaires hors sol… ». Comme pour tout, la vérité est dans le bon dosage entre la complémentarité et l’abus manifeste !
Le panorama politique du canton
Assez classique avec la présence du Rassemblement National faisant déjà feu de tout bois sur un canton où un duel (FN/Droite) en 2015 fut remarqué, débarquant le sortant Fabien Thiémé au 1er tour. « Franck Deloge n’habite pas le canton. Il ne connaît pas les dossiers, pas les maires. La seule chose qui lui reste est l’attaque personnelle », assène Jean-Noël Verfaillie.
Sur l’union de la gauche, inédite depuis des lustres, il commente « au moins avec cette équipe, nous voyons que nous pouvons avoir un débat de fond. Toutefois, si je comprends l’aspect tactique en politique, j’ai du mal à concevoir une concordance entre le PS/EELV et la France Insoumise ». La députée note « que sur ce quatuor, c’est surtout un duo EELV/France Insoumise ». Le maire de Marly ajoute « je pense que les élus de la gauche modérée, au regard de notre bilan, peuvent voter pour nous. D’ailleurs, Yves Floquet était en 2015 candidat. Aujourd’hui, c’est mon adjoint aux finances ».
Certes, le panorama politique est favorable au binôme sortant au sein des collectivités locales de ce canton, mais pour autant une nouvelle majorité ne serait pas moins collaborative avec les 17 communes.« Nous connaissons et suivons chaque commune. Nous avons d’excellentes relations avec tous les maires. D’ailleurs, si en 2015, notre ticket fut suivi politiquement, je pense aujourd’hui qu’ils nous soutiennent car nous avons fait le travail », commente le maire. « Il y a un lien de confiance avec les collectivités locales », ajoute la députée.
« On travaille tous les jours avec le Département », Jean-Noël Verfaillie
Pour sa part, le nouveau maire de Marly depuis fin juin 2020 résume la collaboration entre un Conseiller départemental et un maire. « On travaille tous les jours avec le Département, c’est un échelon de proximité. Le Département soutient des projets PTS (Projets de Territoire Structurants) et ADVB (Aide au Développement Villages et Bourgs), nous sommes en co-construction avec les communes », explique le Conseiller départemental.
Il répond aux allégations de l’ancienne majorité municipale pointant du doigt l’apport très faible par le Conseiller départemental sur Marly, somme de 25 000 € sur presque un mandat. « Pour abonder à un projet, il faut présenter un dossier au Conseil départemental. Nous avons soutenu l’étude engagée sur le Stade Denayer, mais ce fut le seul dossier à l’initiative de l’ancienne majorité sur Marly. Néanmoins, nous avons évidemment poursuivi le dossier lancé sous Philippe Duez sur le foyer pour autistes adultes et poursuivi par Fabien Thiémé », explique Jean-Noël Verfaillie.
« Je rappelle que nous accompagnons les projets déposés par les communes et pas l’inverse », ajoute Béatrice Descamps.
« consacré plus 10,2% à l’action sociale », Béatrice Descamps
En sortie de pandémie, le volet social de cette institution est plus qu’évident. C’est pourquoi, Béatrice Descamps défend la ligne politique qualifiée « d’austérité » par l’Union de la gauche. « Sur l’ensemble du mandat, nous avons consacré une hausse de 10,2% du budget sur l’action sociale », explique Béatrice Descamps. Comment cela se peut-il compte tenu de l’état financier pointé du doigt par la Chambre Régionale des Comptes en début de mandat. Simple… en faisant « des économies de fonctionnement, et nous finissons avec un rapport de la CRC positif alors qu’il était accablant quelques années plus tôt. Cela fait tout de même plaisir », répond Jean-Noël Verfaillie.
« 150 000 à 103 000 allocataires du RSA », Jean-Noël Verfaillie
L’autre sujet de fond au sein de cette assemblée est la gestion des allocataires du RSA, un transfert de l’Etat au nouveau Conseil départemental très commenté en 2014. « Nous avions 150 000 allocataires du RSA à notre arrivée. Grâce à notre politique volontariste, nous sommes arrivés à 103 000, c’est évidemment encore beaucoup trop ! On a envie de faire mieux », explique le Conseiller départemental.
Pour arriver à ce résultat, le département a multiplié les outils. « J’ai lancé la Maison départementale de l’emploi (Place Poterne), et je suis président de la commission territoriale d’insertion professionnelle », précise le maire de Marly.
Sur cet item, la collaboration avec les services de l’Etat sur un territoire avec (encore) un chômage endémique est essentielle. « Nous travaillons avec les services de Pôle Emploi. Si au début, il craignait une concurrence, Pôle Emploi reconnaît la complémentarité des deux structures », déclare Béatrice Descamps.
« 1ère fois avec une vice-présidence à la ruralité », Béatrice Descamps
La Conseillère départementale met en avant la nouvelle direction du Conseil départemental depuis 2015. « C’est la 1ère fois que nous avons une vice-présidence à la ruralité (Patrick Valois). Sur notre canton, outre les grandes communes, nous avons une majorité de communes rurales très différentes, c’est un canton très hétérogène. C’est un axe fort de notre mandat, une vrai ruralité », indique Béatrice Descamps.
Le grand public n’est pas forcément au courant, mais les communes et le Conseil départemental sont les deux seules institutions publiques à pouvoir abonder au budget fonctionnement des associations. « Nous sommes proches du tissu associatif », ajoute Béatrice Descamps.
Habitat et logement
Sur le logement et l’habitat, le département tisse sa toile également. Outre le bailleur social Partenord, il y a également l’ADIL (Agences d’information sur le logement) dont le Conseiller départemental est aussi Président. Enfin, l’AIVS (Agence Immobilière à Vocation Sociale) est le dernier maillon de cet arsenal départemental en faveur des publics précaires. « Nous sommes le garant du loyer, de l’entretien du bien, mais nous réservons le logement à des publics en difficultés », ajoute Jean-Noël Verfaillie.
En effet, cette thématique du logement englobe le bien-être des personnes âgées. « Nous voulons donner plus de moyens humains pour le maintien à domicile, et surtout répondre aux besoins des personnes âgées », explique la Conseillère départementale. « C’est le souhait de 99% des habitants », ajoute Jean-Noël Verfaillie.
Toutefois, des initiatives ici et là fleurissent avec le concept du logement partagé. Sur le principe d’une mixité entre des personnes en situation de handicap en route « vers plus d’autonomie », et des personnes « en colocation » avec des étudiants, d’autres publics. Toutes les pistes sont ouvertes sur le sujet.
Enfin, l’offre de logement des résidences pour personnes âgées autonomes et évidemment les EHPAD pour les établissements médicalisés sont plus classiques, mais toujours aussi incontournable dans l’offre de services aux habitants par le Conseil départemental.
L’accessibilité en question sur le Valenciennois
La fameuse loi ELAN a défrayé la chronique sur bien des articles, notamment celle de l’accessibilité universelle de ces logements sociaux. « Je trouve que c’est une mauvaise décision, mais je ne connais pas l’impact sur ce territoire », commente la députée. Sur ce point, le maire de Marly diverge « cela pouvait être bloquant sur certains dossiers avec un surcoût énorme à la réalisation ».
D’une décision nationale à la réalité de terrain, il y a un fossé, car sur le Valenciennois « nous avons un retard énorme en terme d’accessibilité. Notre parc social n’est pas du tout accessible. C’est pourquoi, nous travaillons avec les bailleurs sociaux afin d’apporter des solutions dossier par dossier », commente Jean-Noël Verfaillie.
« C’est à cette réalité là à laquelle je faisais allusion dans mon 1er commentaire. D’ailleurs, nous avons mis en place des fonds de compensation intervenant après les autres aides financières, sécurité sociale, mutuelle, etc. Ce fonds intervient pour des aménagements intérieurs (salle de bain, barre de soutien, fauteuil électrique… )», précise la députée.
Et sur le canton de Marly ?
Bien sûr, l’avantage d’un binôme sortant est qu’il connaît bien les dossiers en cours. Il y a le projet de la Salle des Fêtes de Vieux-Condé à l’entrée de la ville, la poursuite des projets en cours sur Chabaud-Latour, et surtout une rénovation sur Amory. « Là, il y a un vrai retard d’où l’intérêt du maire d’Hergnies, Jacques Schneider comme suppléant, et Sandrine François – Lagny, maire de Préseau », explique Béatrice Descamps
Pour souligner la collaboration avec le département : « Par exemple, un projet de Parc Urbain sur Marly en lieu et place d’une friche industrielle est impossible à porter par une commune », commente Jean-Noël Verfaillie.
Ensuite, ils égrènent des projets aboutis sur Rombies, minicars intergénérationnel, aire de covoiturage à Saultain, un aménagement sécuritaire sur Saint-Aybert, la Place de la mairie sur Curgies, un nouveau restaurant scolaire sur Hergnies, la salle des fêtes de Crespin, voire le prochain restaurant scolaire sur l’école Nelson Mandela (ANRU 2) à Marly. On pourrait continuer cette liste non exhaustive, car elle nous dit une chose simple, une certaine vérité de terrain.
En effet, si la petite musique d’une fusion entre la région et le département résonne encore. Du haut de la Tour Eiffel, la région apparaît au loin très stratégique politiquement, et d’ailleurs nous le vivons à chaque minute en ce moment. Pour sa part, le département à l’heure où les dotations des communes sont en baisse, des recettes fiscales en réduction avec une réelle perte d’autonomie, le soutien du Conseil départemental aux communes apparaît comme une bouée de sauvetage sur de multiples thématiques du quotidien pour les administrés. En résumé, qui fait le boulot au bout du bout sur ce qui préoccupe le plus les vrais gens, c’est Bibi pourrait dire le Conseil départemental… !
Daniel Carlier