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Un budget de rupture à Marly, donc très clivant !

Evidemment, le premier vote du Budget Primitif (complet) d’une nouvelle majorité municipale impose des nouveaux choix stratégiques, une nouvelle trajectoire financière, avec mécaniquement un effet repoussoir pour la nouvelle opposition. Sans surprise, le débat budgétaire fut électrique, très tendu, chacun campé sur des positions presque irréconciliables même si la fin de ce Conseil municipal prouve que des choix partagés, voire une continuité programmatique, sont possibles même à Marly.

En propos liminaire, le maire remercie les équipes communales pour la mise en place des sites scolaires d’accueil pour les professions prioritaires… « et tout ceci durant le week-end de Pâques, le gouvernement navigue à vue, et nous encore moins à vue ! »

Ensuite, l’édile annonce la signature du dispositif « 1 jeune, 1 solution (en six mois) » avec le Pôle Emploi du Valenciennois où « dix jeunes Marlysiens seront pris en charge pendant 6 mois afin de retrouver un emploi ».

Un Compte administratif 2020 sans référence historique… !

Yves Floquet, adjoint aux finances, a présenté les grandes délibérations du jour, le Compte administratif 2020 et le Budget Primitif 2021. D’un point de vue général, il faut concrètement admettre que ce Compte administratif n’a pas d’équivalent dans l’histoire des collectivités locales depuis que cet exercice est obligatoire. En effet, le premier magistrat souligne que « l’année 2020 est très particulière tant sur le coté sanitaire que sur le volet politique où nous avons établi un budget en moins de 10 jours en juillet 2020 ». Pour sa part, Christian Chatelain évoque « la difficulté de comparer ce CA 2020 avec les précédents compte tenu de l’impact sanitaire et d’un budget partagé entre deux équipes municipales ». De plus, cette situation inédite est amplifiée par le report du second tour des municipales fin juin 2020. En clair, les maires élus fin juin 2020 furent plus encore dans un exercice de funambule budgétaire en 2020.

Toutefois, des réalités chiffrées se dégagent de cette photographie annuelle de la comptabilité publique à Marly. Bien sûr, une majorité peut déjà lancer quelques pistes budgétaires. A ce titre, l’adjoint aux finances indique une « baisse de 616 903 euros de la ligne budgétaire Fêtes et Cérémonies et une réduction de 362 279 euros en gestion courante. Ce CA 2020 est donc marqué par la crise sanitaire, puis par l’élaboration d’un budget exécuté à 50% en juillet 2020 ». Sur 2020, l’affection de ce résultat positif, soit 1 637 894 euros, ira à la section investissement.

Jerome Leman tance « un Compte administratif 2020 dont le bon résultat résulte plus de la crise sanitaire que des efforts réalisés par la majorité municipale ».

Pour autant, Jean-Noël Verfaillie met en exergue les prémices d’une nouvelle politique : « Nous avons inversé la courbe des dépenses de fonctionnement, notamment grâce à une masse salariale maîtrisée. Ensuite, nous avons fait des économies sur les dépenses courantes durant les 5 derniers mois de l’année 2020 ».

Le Compte Administratif 2020 a été voté avec 7 voix contre de l’opposition.

« Une diminution de 2,84% de la Taxe Foncière Bâti », Yves Floquet

Comme le respect d’une annonce dans son programme électoral, la majorité municipale a initié une baisse de la fiscalité locale. On ne parle plus de la taxe d’habitation portée disparue, mais compensée par l’Etat à travers la « part départementale de la taxe foncière sur le bâti et non bâti avec un coefficient correcteur », précise Yves Floquet.

La taxe foncière sur le bâti diminue de 2,84% et la taxe de foncière sur le non bâti baisse de 1,34%. « L’objectif annoncé dans le ROB est de se mettre au niveau de nos communes voisines, Saint-Saulve et Aulnoy-lez-Valenciennes en terme d’attractivité », précise le maire.

Le chef de file de l’opposition commente cette diminution : « C’est un effet d’annonce pour le contribuable, car beaucoup de foyers à Marly ne paye pas d’impôts. Cela représente une baisse de 1 euros par mois, mais en même temps vous privez la commune d’une recette de 102 000 €, c’est 100 mètres de voirie ! ».

La réponse de l’édile fuse « vous disiez durant la campagne que cette baisse serait impossible, qu’elle était ridicule, mais nous revenons à un clivage politique où la gauche aime bien les impôts, et la droite aime les baisser ». Commentaire politique assumé, rare en 2021 à l’échelle locale où l’étiquette politique est presque vécue comme un fardeau, assez compréhensible dans une commune rurale, mais nettement plus hypocrite dans toute ville de plus de 5000 habitants.

Jean-Noël Verfaillie : « C’est un budget pour le futur de la ville »

Dans la continuité du ROB, l’adjoint aux finances met l’accent sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement « avec la baisse des charges de personnel en 2021 ». Toutefois, la masse salariale demeure importante dans le budget municipal malgré une baisse, il pèse sur la section fonctionnement à hauteur de 62,88%, soit 8 890 000 € en 2021 contre 9 032 000 € en 2020,  un chiffre incontestablement lourd sans oublier l’impact de l’absentéisme souligné par la Chambre Régionale des Comptes (https://www.va-infos.fr/2019/12/14/a-marly-le-rapport-de-la-crc-nest-pas-une-fake-news/) ». Les dépenses réelles de fonctionnement en 2021 s’évaluent dans ce budget à 14 176 000 € en 2021 contre 14 231 000 € en 2020. La section fonctionnement s’équilibre à hauteur 16 172 281 euros.

Ensuite, Yves Floquet pointe sur les budgets précédents l’écart budgétaire entre le prévisionnel d’investissement et le réalisé en fin d’année budgétaire…, c’est sans doute le commentaire le plus important de la soirée. D’ailleurs, Jérome Leman perçoit l’attaque qui met à mal toutes les interventions de ses collèges sur l’ambition budgétaire « vous savez très bien qu’entre le retour des subventions…, vous avez toujours un delta entre ces deux chiffres ».

Néanmoins, malgré cette ceinture budgétaire, 2 nouveaux recrutements sont prévus pour la Police Municipale. L’effectif passe de 6 à 8 agents d’où l’achat d’un 2ème véhicule de police « voire d’une extension des locaux de la Police Municipale. De plus, elle sera prochainement armée, après une période de formation obligatoire. Ensuite, nous lançons une brigade VTT électrique (2 VTT) », précise Jean-Noël Verfaillie.

Jérome Leman revient sur ce point « où j’ai dénoncé les arrêts maladie ordinaire durant différents conseils municipaux ».

L’autre fil rouge de ce budget primitif 2021 réside dans l’absence d’emprunt. « Nous remboursons plus d’un million d’euros (capital + intérêt) sur notre dette annuelle. Cela nous permet de (re) constituer de l’autofinancement avec la possibilité d’investir et d’emprunter dans les années à venir. Je présenterai un PPI 2022/2026 (Plan Pluriannuel d’Investissement). Pour cette année 2020, nous lançons des études sur l’aménagement de la Place Gabriel Peri, le nouvel équipement scolaire sur le quartier de la Briquette dans le cadre de l’ANRU, mais également le prochain parc urbain de 7 hectares dans le cadre de la renaturation », commente le maire. Heureux hasard, la toute nouvelle loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) fait monter la côte en bourse de ce projet Vert, rare foncier aussi important au sein de Valenciennes Métropole, ce dossier va assez vite remonter en haut de la pile… !

Pour autant, l’année 2020 se décline également à travers des investissements à hauteur de 2 846 000 € sur fonds propres. « Nous réalisons un millions d’euros de travaux pour achever le comblement des carrières (été 2021), 450 000 euros pour la destruction du bâti sur l’école Marie-Curie (dont 200 000 € de subvention par la CAVM), 200 000 € pour l’accessibilité de l’hôtel de ville (notamment la porte d’entrée), 350 000 € pour l’éclairage public via un PPP, 100 000 € pour les aires de jeux dans les quartiers après celle du centre-ville, 80 000 € pour la 1ère phase de la vidéo protection. Sur ce point, je souhaite durant le mandat installer une surveillance vidéo sur les entrées, les sorties de ville, les ronds-points, les axes principaux, car à ce jour Marly figure parmi les zones noires (sans vidéo) pour la Police Nationale », précise le maire. Pour abonder le commentaire plus haut sur l’écart entre le budget et le réalisé, la nouvelle majorité sera très attendue sur le taux de réalisation fin 2021 sur le volet investissement…, logique ! 

La section investissement s’équilibre à 5 483 934 euros dont un virement de la section de fonctionnement vers la section investissement de 1 697 869 euros.

Les réactions de l’opposition et les réponses du maire :

Pour Christian Chatelain, le commentaire est modéré : « Je note une légère hausse de la DGF et de la DSU ce qui flèche une situation sociale toujours fragile sur cette commune. Je note que l’endettement diminue. Pour autant, j’observe une baisse très importante de l’investissement sur la voirie (-560 000 €) ».

Pour Marie Thérèse Ledrole Hourez, la réaction est nettement plus incisive : « Où est passé votre enthousiasme Monsieur le Maire ? Ce budget est vide ! Pourtant, vous avez fait des économies en 2020 en supprimant les colis pour les personnes en situation de handicap, et en augmentant d’une année l’éligibilité aux colis. Que faites-vous de notre cadre de vie ? Que faites-vous pour les écoles à part en fermer une, car c’est vous qui le décidez ! Votre budget investissement est très faible, voire inexistant ! Nous avions investi 6 millions dans les routes et 4 millions dans les écoles durant nos mandats ». Le rapport très sévère de la CRC en décembre 2019 est lui aussi un outil politique : « Vous vous cachez derrière ce rapport de la CRC. Vous menez une politique d’austérité ! ».

Enfin, Valenciennes Métropole rentre dans la danse locale pour un bon moment « vous bradez Marly à l’agglo ». Sur ce point, Jérome Leman ajoute un partenariat avec l’agglo « et pas sous la tutelle de l’agglo. On a l’impression que Marly devient un quartier de Valenciennes. J’espère que Valenciennes va aider notre ville à ne pas trop décliner ! ». L’histoire politique locale rappellera que  le Président de Valenciennes Métropole refusait systématiquement les dossiers de Marly, après l’élection partielle locale, jusqu’à un deal historique, un boulevard urbain (devenu éponyme) contre une extension du Golf de Valenciennes rebaptisée Grand Cavin…, collaboration ou tutelle à l’époque ?

Pour l’ancien maire, gestionnaire du Confinement 1 « ce budget est emprunt d’une idéologie conservatrice. Il exclut une grande partie de nos administrés. C’est une gestion de coups d’éclats et de paillettes. En fait, ce budget est symptomatique, il augure d’une baisse de l’attractivité de notre commune ».

Face à ces attaques au fleuret non moucheté, l’édile dégaine : « Nous avons récupéré 12 ans de dérive budgétaire, des écoles en ruine, des voiries sans trottoir… Nous devons assainir la situation. Oui, nous faisons des économies pour avoir les moyens de s’endetter pour nos futurs projets dès 2022. C’est un budget pour le futur de la ville. C’est un bon budget dont je suis fier ».

Le budget primitif 2021 a été voté avec 7 voix contre de l’opposition.

Valorisation de la subvention municipale… indirecte !

Année ô combien étrange pour le tissu associatif français avec des associations dont leur activité fut atone, sans débourser quasi le moindre frais, les autres avec une pression forte des familles pour rembourser la cotisation annuelle, la mise sous cloche de l’activité culturelle associative si indispensable…, une année inclassable pour tous. 

Dans cette tourmente, compte tenu du décalage du second tour des municipales, le budget 2020 avait permis aux maires sortants de distribuer les subventions aux associations avant le second tour. Donc, le budget associatif 2021 sous la houlette de Patrice Lemaire est la 1er de l’exercice de la nouvelle majorité. Il est en baisse significative. Pour l’opposition, Serge Lekadir s’étonne « de 79 associations subventionnées en 2020 contre 61 en 2021… Ensuite, quels critères retenez-vous  pour la valorisation de l’équipement ? ».

Le maire s’explique sur cette donnée « certaines associations n’ont pas utilisé du tout leurs subventions 2020 et nous ont signifié une absence de demande de subventions, d’autres n’ont pas répondu au dossier. Ensuite, nous avons créer 3 catégories, celle avec une subvention financière, celle avec une subvention financière avec un équipement public à disposition, et celle bénéficiaire uniquement d’un bien d’équipement », commente le maire. Sur ce sujet, certaines associations n’ont pas répondu dans les délais « mais nous passerons d’autres subventions dans les prochains Conseils municipaux. Ensuite, au titre de l’information, c’est une valorisation du coût réel de l’équipement au bénéfice de l’association », commente le maire.

Enfin, suite à une demande de Christian Chatelain, le maire consent « à une simplification du dossier de subvention. Nous allégerons le formulaire 2022 ».

Cette délibération sur les subventions aux associations permet de prendre un peu de hauteur sur l’idée de la valorisation de la subvention publique indirecte. Certes, c’est une tendance forte au sein des collectivités locales. En effet, outre la subvention directe, il serait utile se stabiloter l’association bénéficiaire d’un équipement public ? Cette idée est perturbante, pourquoi ? En effet, ce jugement est déjà différenciant entre les associations dont le besoin structurel est plus ou moins important. Les associations liées à une piscine ou une patinoire sont structurellement débitrices d’une addition abyssale sur l’année contrairement à une association sans équipement obligatoire de fonctionnement. Irons-nous jusque dans le calcul d’un coefficient donnant aux membres d’une association un droit à une utilisation d’un bien public à géométrie fiscale ? Dès lors que le bien public, payé par les impôts solidaires des contribuables, devient une monnaie de responsabilité, voire de culpabilité dans l’utilisation, vous transformez le bien public pour tous en bien réservé pour quelques uns. C’est une discrimination, sans aucun doute involontaire, mais bien réelle ! En résumé, un bien public, en l’occurrence un équipement local, est un tout indivisible. Pour être plus simple, prenons une image partagée. Un administré lorsqu’il rentre dans l’hôtel de ville est accueilli dans la Maison du Peuple, il est chez lui, mais pas chez lui à hauteur de 0,0000000001%, et encore suivant son coefficient fiscal ! Non, le bien commun ne se divise pas… !

Délibération votée à l’unanimité

Unis pour les jardins familiaux

Les jardins familiaux sur Valenciennes et Marly sont passés d’intérêt communautaire à travers le dossier du Grand Cavin. Pour autant, Valenciennes Métropole a laissé la commune de Marly faire l’acquisition de ses Jardins familiaux. « Sur un peu plus de 6 hectares, nous avons racheté à la Caisse d’Epargne des Hauts-de-France les jardins familiaux, situés sur la Route de Saint-Saulve, pour la somme de 57 000 euros », explique Céline Plateel-Thuin, la 1ère adjointe. Un réaménagement est prévu avec des nouveaux cabanons, un mur végétal sur le front à rue… « c’est pour sécuriser ces derniers, pour que le futur des jardins familiaux soit des jardins familiaux ! », ajoute le maire.

Sur cette délibération, Jérome Leman félicite le maire « pour la négociation avec la Caisse d’Epargne. Néanmoins, je trouve que la Caisse d’Epargne qui se targue d’être le financeur des collectivités locales aurait pu nous céder ce terrain pour l’euro symbolique ».

Pour cette fois, le maire acquiesce : « Je suis d’accord avec vous. La Caisse d’Epargne aurait pu nous céder ce terrain. J’ai essayé la gratuité, mais il ne voulait pas le vendre moins cher que sa valorisation au bilan ! ». Quand le haut de bilan dépasse la solidarité collective, tout s’explique mieux sur l’état du monde !

Délibération votée à l’unanimité

Daniel Carlier

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