(St Amand) Un budget sincèrement compliqué !
Avec la présence d’un Casino, des Thermes, et d’une entreprise d’eau minérale, le budget de Saint-Amand-les-Eaux s’analyse différemment d’un autre sur le Valenciennois. Plus important qu’une autre ville de même strate, plus volatile quant on voit sa dépendance aux produits des jeux, plus complexe compte tenu de son rôle de centralité comme pour tous les 4 chefs lieux du Hainaut (visuel Alain Bocquet).
Sylvie Wiart : « Un équilibre délicat avec de nombreuses incertitudes »
A l’énoncé de chiffres toujours brutaux en valeur absolue, on sait que ce budget primitif 2021 sera différent des précédents. En effet, plusieurs paramètres contraignants s’accumulent là où un seul eut déjà été un fait majeur pour l’élaboration du budget primitif, donc prévisionnel, en 2021.
Si le renouvellement de l’autorisation d’exploitation d’un établissement de jeux était dans le planning, l’annulation par le Conseil d’Etat de la dite autorisation n’était pas gravée dans le marbre, car elle privait déjà la commune de recettes additionnelles intégrées dans ce nouveau cahier des charges.
Ensuite, la COVID a fermé les établissements de jeux avec un impact direct sur les finances de la commune. Après une baisse drastique des recettes en 2020, compensée en partie par l’Etat, l’adjointe aux finances prévoit « une diminution des recettes de 3,1 millions d’euros en provenance du Casino, et nous n’avons toujours pas de date de réouverture ».
Comme si cela n’était pas suffisant, le Conseil d’Etat tout en annulant la procédure de DSP arrivée à son terme, oblige la ville a réintégré dans son patrimoine l’établissement de jeux… ! « C’est pourquoi, nous décaissons 5 522 659 € au titre de la sortie du bail emphytéotique », indique l’adjointe. Bien sûr, cette somme est récupérée via un droit d’entrée versé par le prochain délégataire désigné courant 2021, mais la démarche n’est tout de même pas monnaie courante.
De plus, comme pour toutes les communes, l’exonération de la Taxe d’Habitation « de 80% de la population amandinoise, compensée sur l’Etat sur les bases de la TH 2017 (plus faible), impacte nos recettes fiscales », précise Sylvie Wiart.
Dans la foulée, la nouvelle majorité communautaire travaille à une autre clé de répartition de la solidarité intercommunale entre les 47 communes membres. « Cette diminution correspond à moins 39% de dotation communautaire, c’est un scandale. Quel est le poids de Saint-Amand-les-Eaux à la Porte du Hainaut aujourd’hui ? », tempête Eric Renaud.
Tout cela confirme que les emmerdes, comme les avions, volent toujours en escadrille !
« C’est notre 1er budget de ce mandat, il est sincère », Sylvie Wiart
La marque de ce budget est qu’il est extrêmement prudent « c’est notre 1er budget de ce mandat, il est sincère. Comme à chaque fois pour un prévisionnel, vous sous-estimez les recettes, et sur-évaluez les dépenses, car je rappelle qu’au niveau des dépenses, le montant est limitatif. Le comptable public ne peut aller au delà du budget voté. C’est un équilibre délicat avec de nombreuses incertitudes. Nous ne ferons aucun emprunt sur l’année 2021, et nous attendons 4,6 millions d’euros au titre des subventions; Notre budget primitif est de 67 797 744 euros autour d’une section fonctionnement à hauteur de 33 367 775 euros et d’une section investissement pour 34 429 988 euros. Notre capacité de désendettement est de 6,95 années. Certes, elle se dégrade, mais le seuil d’alerte est à 12 ans », précise l’adjointe aux finances.
Dans le même registre, Franck Neve souligne que « ce budget est maîtrisé, prudent, et raisonnable ».
Pour sa part, Eric Castelain déplore « le vote d’un budget regrettable. On épargne sur le dos des Amandinois. Nous sommes sur une pente négative. On ne peut pas bloquer la ville à cause des recettes manquantes d’un Casino ».
« Un état déplorable des finances de la ville », Eric Renaud
L’élu de l’opposition met en exergue une diminution de l’épargne nette de la commune. « Nous étions à 4,5 millions d’euros en 2014. Aujourd’hui, nous sommes à 700 000 €. Il faut arrêter la spirale du déclin. Elle n’est pas inéluctable, pas une fatalité. C’est un choix politique comme celui de ne pas taxer au maximum l’entreprise, un major dans ce secteur, des eaux minérales sur Saint-Amand-les-Eaux », commente-t-il.
Ensuite, il pointe du doigt la taxe de la CAPH sur la future TEOMS « c’est un hold-up de 2,2 millions d’euros pour les Amandinois. De plus, vous continuez à ne pas procéder à la vente des biens immobiliers communaux ». Un reproche également repris par Eric Castelain sur ce budget, et depuis longtemps, d’où le seul sourire durant cette soirée tendue lorsque Patrick Dufour s’adresse à Eric Castelain dans le cadre « d’une vente d’un bien de la commune à des particuliers. Tout arrive à point… », explique l’adjoint.
Enfin, sur l’enveloppe de la masse salariale sujet également à polémique, Sylvie Wiart remet les éléments en perspective. Certes, de 13,1 millions d’euros en 2020 compte tenu « d’absences de vacataires durant l’été 2021, d’heure supplémentaires, etc., pour 2021, nous l’estimons à hauteur de 13,9 millions », mais elle balaye les montants antérieurs à 2020 s’inscrivant dans une hausse maîtrisée de 1,35 % « principalement consécutive à la GVT. La masse salariale représente 55 % du budget fonctionnement », ajoute-t-elle.
Pour Guillaume Florquin, élu de l’opposition, il reproche « le manque de projets, une baisse de la population, et des quartiers délaissés ».
« Deux écoles neuves et une réhabilitation », Florence Delférière
Dans le budget investissement, l’opposition s’étonne qu’aucune ligne n’envisage la rénovation de deux écoles vieillissantes dans le centre-ville. L’adjointe en charge de la vie scolaire, Florence Delférière, répond tout de go : « En 10 ans, cette majorité a construit deux nouvelles écoles, plus une réhabilitation. Il y a 13 écoles sur cette communes. Nous ne pouvons pas tout faire ».
Un Centre de Secours à Saint-Amand-les-Eaux
Seule unanimité durant cette soirée, la délibération concernant la réalisation prochaine d’un Centre de Secours sur la commune de Saint-Amand-les-Eaux. Eric Renaud, Conseiller départemental du Nord, moteur sur ce dossier, se réjouit de l’issue favorable sur ce projet. « Malgré deux présidences de gauche (au Conseil départemental), je félicite l’engagement de Jean-René Lecerf, suite à ma sollicitation, venu visiter en novembre 2018 les sites possibles sur la commune. Le Conseil départemental s’est engagé à hauteur de 7 millions d’euros ».
Alain Bocquet précise « que nous avons présenté 8 terrains sur Saint-Amand-les-Eaux (huit possibilités d’implantations) pour l’installation du SDIS ». Pour sa part, Fabien Roussel, député de la 20ème circonscription se félicite « enfin de cette bonne nouvelle. C’est une attente des Amandinois, et une volonté des pompiers ».
« Je suis dans le sport », Cécile Nowak-Grasso
Au détour d’une délibération où les budgets associatifs sont revus et adaptés « à l’absence d’ouverture partielle voire totale, les subventions n’ont, pour certaines, pas été du tout mobilisées par les associations. Certes, nous budgétons 30% de moins pour le financement des associations, mais nous reviendrons si nécessaire durant l’année pour un aménagement au cas pas cas », commente la 1ère adjointe Nelly Szymanski.
L’adjointe en charge du sport, Cécile Nowak-Grasso, se fait tacler sur cette prévision budgétaire par Antoine Deltour. La réponse ne se fit pas attendre en mode tatami « Vous n’allez pas m’apprendre le fonctionnement des Fédérations. Je suis dans le sport. Il est hors de question de laisser mourir une petite association sportive pour raison budgétaire. Au niveau national, il y a un plan de relance des Fédérations, et certaines comme le Judo rembourse 60 à 80 euros de cotisation au club », commente Cécile Nowak-Grasso. « Toutes ne sont pas riches comme la Fédération de Judo », rétorque Antoine Deltour. « Vous avez tort, la fédération de Judo connaît une grave crise financière https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-clubs-de-sport-amateurs-au-bord-du-gouffre-financier_2140009.html », réplique l’adjointe aux sports. La moralité, il faudra bosser ses interventions… sportives !
« Ce budget de 50 000 € peut se décliner sur un ou plusieurs projets », Sylvie Wiart
Pour ce premier exercice financier du mandat, la ville thermale met en oeuvre son 1er « budget participatif dans le quartier du Moulin des Loups. Les habitants pourront s’organiser en comité afin de faire remonter des idées, mais également décider sur le choix final. Ce budget de 50 000 € peut se décliner sur un ou plusieurs projets », commente Sylvie Wiart.
Daniel Carlier