Equilibre budgétaire ou rupture sociale à Valenciennes !
Ce mercredi 16 décembre, le maire de Valenciennes, Laurent Degallaix, prendra connaissance du résultat d’un recours en annulation, initié par Didier Legrand et Quentin Omont, des élections municipales au Tribunal administratif de Lille en toute vraisemblance débouté. Alors, revenons sur la validation du budget 2021 par la ville-centre. Un vote où les choix financiers furent très tranchés avec un rabot majuscule sur le volet fonctionnement avec en ligne de mire, le tissu associatif dans sa globalité et le CCAS. Entretien avec Nathalie Lorette, élue au Conseil municipal de Valenciennes.
Nathalie Lorette : « La baisse de 585 000 euros de la subvention au CCAS est un très mauvais message social ! »
Après déjà de longs commentaires sur la baisse de 865 000 euros du volant budgétaire associatif, il est certain que ce choix politique sera diversement apprécié suivant la situation propre de l’association. « Il faut participer à l’effort collectif », souligne le maire. On peut néanmoins affirmer que toutes les associations avec des cotisants, notamment sport et culture, devront aménager leurs tarifs, faire un avoir, réduire la cotisation durant cette année 2020/2021 compte tenu de la fermeture inhérente à la pandémie. En résumé, les associations vont diminuer leurs recettes directes. Ça c’est un fait tangible et incontournable vis à vis des foyers Valenciennois, et en même temps, elles vont subir en plus une baisse d’environ 50% de leurs subventions municipales, la double peine ! « Ce que je trouve effarant et catastrophique, c’est la baisse énorme aux associations qu’elles soient sociales, culturelles ou sportives : 865 000 € en moins. Quasiment un tiers des subventions en moins ! Beaucoup d’entre elles vont subir une baisse de la moitié de leur subvention ! On voudrait tuer le monde associatif qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! », s’exclame Nathalie Lorette.
« On sait que la pauvreté est en train d’exploser », Nathalie Lorette
Pour analyser les choix politiques d’une collectivité locale, il convient de prendre un peu de hauteur. Prenons au niveau national l’impact de la réduction de 5 euros des APL en août 2017, ce fut une véritable catastrophe en terme d’image pour le Président de la République marquant au fer rouge son mandat comme le Président des riches… Toutes les explications du Ministre en charge du dispositif n’ont servi à rien, le ver est dans le fruit.
Revenons au niveau d’une collectivité locale, le CCAS constitue le bras social de la commune envers les populations en difficultés. Bien sûr, le département Nord est parcheminé de CCAS de grande qualité avec une mission de premier plan, notamment sur un territoire en souffrance comme le Valenciennois, hors Covid-19, avec plus de 13% de demandeurs d’emplois, et un taux de précarité insupportable… En 2020, le COVID-19 a explosé ces constats d’une pauvreté galopante. C’est pourquoi, l’élue communiste n’en revient toujours pas de cette lourde baisse du budget de fonctionnement du CCAS de Valenciennes dans le budget 2021.
Certes, les dépenses sanitaires ont plombé les caisses des collectivités locales, c’est un fait. « Même si personne ne chiffre les économies avec les événements non réalisés en terme d’animation (culture, sport) », précise Nathalie Lorette. Néanmoins, entre le soutien indirect aux PME, voire via l’agglo, il est indéniable que toutes les collectivités locales souffrent en terme budgétaire, et ce n’est pas le maintien par l’Etat de la DGF qui va panser les plaies. Dans cette optique, le maire de Valenciennes a choisi la baisse de 4,2% du budget de fonctionnement, c’est énorme avec en toute logique des explications comptables rationnelles.
« Alors que l’on sait que la pauvreté est en train d’exploser, je m’étonne de la baisse de 582 000€ en fonctionnement du CCAS. Alors qu’il faudrait au contraire augmenter ce budget pour faire face à la crise sociale et aider les ménages en difficulté à surmonter la crise », s’exclame l’élue du Conseil municipal. « La baisse de 585 000 euros de la subvention au CCAS est un très mauvais message social ! », poursuit-elle
« Laurent Degallaix aurait pu attendre », Nathalie Lorette
En terme factuel, cette pandémie génère des gouffres entre les français, ceux avec une garantie de salaire dans le public, ceux avec une garantie de salaire à quelques mois, voire indemnités de chômage, et ceux avec une garantie maximum de 30 jours. Ensuite, vous avez également une précarité galopante s’installant comme le confirment les associations caritatives.
A cela, vous additionnez les incertitudes sur la campagne vaccinale dont les français attendent tout avec un retour à la normalité espérée…. « Laurent Degallaix aurait pu attendre les évolutions à tous les niveaux avant de voter son budget », indique Nathalie Lorette. De facto, rien n’oblige un maire à voter son budget avant le 31 décembre, il a légalement jusqu’au 31 mars pour le faire.
Certes, l’élue précise « que le CCAS de Valenciennes avait 245 000 € en réserve d’investissement. Cette sommes fut glissée dans la section de fonctionnement, mais au final la baisse atteint un demi-millions d’euros ». Bien sûr, les explications en terme de comptabilité publique sont aucun doute irréfutables, une logique de ligne budgétaire implacable, mais le message est terrible pour la ville de Valenciennes.
En pleine pandémie, à Valenciennes, le maire et sa majorité votent une baisse importante de la subvention du CCAS…, on n’y croit pas tellement la ficelle est énorme. Ni de droite, ni de gauche, cette baisse est injuste et injustifiée. Personne ne doute de la rationalité en bas de la colonne des chiffres, mais la calculette fait ses choix, et elle ne répond pas aux besoins humains. Nos hôpitaux publics peuvent se targuer de n’avoir pas choisi le malade à soigner du Covid-19 selon son âge, son sexe, voire son portefeuille, mais au niveau du soutien de la puissance publique de proximité à Valenciennes, c’est fait. Tout est pour l’investissement. Certes, la ville affiche un PPI ambitieux « présenté dans le cadre du Plan de Relance, une dès premières communes en France », disait Laurent Degallaix avec fierté au Conseil de Valenciennes Métropole. Ça c’était avant de savoir les tenants et aboutissants du budget 2021 communal… !
Cette baisse d’une subvention au CCAS est un déni social, une faute politique, et tout cela sur l’autel de l’investissement au demeurant nécessaire, mais pas à n’importe quel prix !
« Vos prédécesseurs, Jean-Louis Borloo et Dominique Riquet n’auraient jamais agi ainsi. Ils savent que la culture et la solidarité contribuent au redressement (économique et moral) », conclut-elle. Bref, l’urgence sociale a différents niveaux de lecture à Valenciennes !
Depuis ce 08 décembre 2020, le moral social est un peu plus dans les chaussettes à Valenciennes. Joyeux Noël !
Daniel Carlier