A la recherche de la laïcité… perdue !

(Visuel de Romain Wiart au tableau et des élèves de la 4ème Parks)

Romain Wiart, enseignant d’histoire-géo : « J’ai eu l’idée de proposer un escape game »

Face à ce défi quotidien de la scolarité et d’un rapport complexe entre l’élève et l’enseignant, certaines valeurs s’avèrent de plus en plus incontournables en 2020. « Nous ne sommes plus dans un Ministère de l’instruction, mais dans un Ministère de l’Education depuis bien longtemps », commente Philippe Taverne, le principal du Collège Paul Eluard, présent depuis le mois de septembre 2020 dans cet établissement.

« Dès mon arrivée, j’ai voulu lancer des initiatives sur les valeurs de la République. Nous avions commencé fin septembre à travailler avec les équipes pédagogiques. Malheureusement, l’actualité dramatique nous a rattrapé avec l’assassinat de Samuel Paty. J’ai donc accéléré les choses avec la mise en place d’un groupe de travail de six enseignants qui ont formé les 43 autres sur la laïcité ».

« demi-journée banalisée sur la laïcité », Philippe Taverne

Dans cette optique, le Principal du collège a mis en place une demi-journée, ce mardi 08 décembre, en lien direct avec cette date anniversaire du 09 décembre, une « demi-journée banalisée sur la laïcité. Cela veut dire que tout programme pédagogique prévu est remplacé par ce sujet durant cette demi-journée. Il est essentiel de dire à nous collégiens que la laïcité ne prive de rien. Il faut renouer avec la notion de vivre-ensemble », précise-t-il.

Ensuite, Romain Wiart, enseignant d’histoire-géographie, nous explique la suite de cette réflexion.

De la 6ème à la 4ème, dans les 25 classes, avec les enseignants et certain(es) assistant(e)s, les professeur(e)s avaient carte blanche pour distiller une pédagogie, un échange sur la laïcité. Dans ce cadre clair « j’ai eu l’idée de proposer un escape game où l’objectif est de résoudre une enquête afin de retrouver une partie du programme (pédagogique) disparu. En début de séance, les élèves constatent que des fichiers informatiques du programme sont absents, et notamment des enseignements sur les religions. Ils mènent donc une enquête pour les retrouver, mais surtout pourquoi ils ont disparu d’un enseignement d’une école de la République », explique Romain Wiart accompagné durant cette demi-journée spéciale par Nolween Saget, assistante d’éducation.

Evidemment, le message subliminal est une main tendue vers la capacité à critiquer, à penser, à « réfléchir ensemble sur une vision du monde », poursuit-il.

« On a attaqué la liberté d’expression », Romain Wiart

Cette idée a pris plus de force avec l’hommage à Samuel Paty au retour des vacances de Toussaint. « Durant ce temps d’hommage, nous avons revu les faits, et j’ai laissé s’exprimer les élèves. Bien sûr, vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais là on a attaqué la liberté d’expression. Enfin, nous avons lu la définition du mot « Fanatisme » dont l’absence de raison est une caractéristique », conclut l’enseignant.

« rappel de la laïcité », Philippe Taverne

Cette demi-journée est une première sur ce collège. Pour autant, elle sera suivie « chaque année d’une initiative sur le rappel de la laïcité. Ensuite, nous avons également des actions sur d’autres thématiques très importantes. Prochainement, nous avons une sensibilisation sur le sexisme avec des classes de 3ème, mais également une information sur les Fake News avec des classes de 4ème. Toutes ces initiatives ont un seul but, celui de former des esprits critiques », explique Philippe Taverne.

Voilà une démarche d’une demi-journée où l’esprit de la laïcité n’est pas autre chose que l’antidote contre la pensée unique, celle où notre esprit serait corseté dans une prison sans barreaux, une geôle pour les âmes libres et les coeurs sans préjugés. Une demi-journée seulement me direz-vous ! Non, 365 jours ici et là au gré des cris de l’intolérance.

Daniel Carlier