Territoire

Xavier Bertrand promeut son Plan de Relance

Après un vote solennel d’un plan de relance d’1,3 milliards d’euros par l’exécutif régional, le Président des Hauts-de-France est venu expliquer sur tous les territoires la substance de ce dernier. Xavier Bertrand avait donc fait étape à Valenciennes au sein d’une Salle VIP du Stade du Hainaut pleine à craquer.

Xavier Bertrand : « Ce ne sera pas une vaguelette ! »

Laurent Degallaix

Malgré son positionnement politique à droite de l’échiquier politique, l’assistance comprenait toutes les couleurs (hors RN et FI) avec notamment des élus de nombreuses communes du Valenciennois, régionaux, départementaux, la sénatrice Valérie Létard, et les deux présidents des agglos du Valenciennois, Aymeric Robin et Laurent Degallaix. D’ailleurs, ce dernier était l’hôte de cette manifestation où il déclara sans ambiguïté « que Xavier Bertrand était partout chez lui dans le Nord, mais un peu plus à Valenciennes ».

En prélude de cette présentation, sachant que depuis une visite du locataire de l’Elysée au printemps 2020 dans la région des Hauts-de-France (sans convier le local régional) fut sans diplomatie un message envoyé à ce dernier, Xavier Bertrand ne serait pas le deuxième premier ministre de l’exécutif sous la Présidence d’Emmanuel Macron. Xavier Bertrand est depuis un candidat potentiel de la prochaine présidentielle. Toutefois pour y prétendre, il faut remporter de nouveau l’élection régionale afin de prouver que la méthode « Bertrand » fonctionne. Cette perspective de campagne présidentielle conduira-t-elle Laurent Degallaix à changer de compatibilité politique, à suivre… !

Le mur de l’échéance !

A la lumière du plan de relance nationale de 100 milliards d’euros, un chiffre inédit sous la 5ème République, la région des Hauts-de-France affiche un pragmatisme sans détour « pour soutenir l’emploi durant les 18 mois prochains, c’est mon obsession ! Après l’arrêt total de l’économie, ce ne sera pas une vaguelette », souligne Xavier Bertrand.

Son message est transparent « si certaines activités comme le ferroviaire ont un carnet de commandes rempli, je suis convaincu également que le bâtiment va repartir, néanmoins d’autres secteurs vont particulièrement souffrir. La situation va se compliquer dès le mois d’octobre/novembre, et plus encore en 2021 lorsque l’échéancier des charges va se cumuler avec le remboursement du PGE (Prêt Garanti par l’Etat) », poursuit-il. Effectivement, sur le terrain, les chefs d’entreprises redoutent au plus point les simulations de leur comptable sur cette percussion amenant « une échéance insoutenable », disait un chef d’entreprise avant cette réunion. Parfois, le diable est dans le détail. Certes, le sytème du chômage partiel fut d’une rare simplicité, et efficacité  à mettre en oeuvre pour les chefs d’entreprise sauf que… « le mois de mai, 3 jours fériés + les 2,5 de congés payés non pris en compte par l’Etat par la soixantaine de salariés de mon entreprise avec zéro recette en face, c’est un chiffre… ! », expliquait avant cette conférence un autre entrepreneur.

« Payer plus vite les entreprises », Xavier Bertrand

« Ce fonds d’1,3 milliards ne vas empêcher le chômage de progresser, mais sans doute d’exploser. Nous voulons que cet argent soit à la hauteur des projets et des problèmes », lance le Président.

En clair, Xavier Bertrand a exhorté les responsables des collectivités locales et des EPCI a lancé des projets « nous allons consacré 470 millions d’euros à l’investissement public hors ferroviaire, commande publique dans le domaine, hors rénovation urbaine, et crédit routier. Pour tout dossier complet déposé à la Région, nous nous engageons à répondre dans le délai d’un mois. Ensuite, nous faisons également notre révolution intérieure, nous avions le bonnet d’âne des mauvais payeurs. Nous avons réduit à 19 jours notre délai. Il faut payer plus vite les entreprises travaillant sur les marchés publics », assène-t-il.

Ensuite, 60 millions seront consacrés aux centre-villes et centre-bourgs, les communes du Valenciennois vont-elles s’emparer de cette manne supplémentaire ? D’autant plus que compte tenu de l’échéance électorale de mars 2021, il propose  » que tout projet dont les travaux seront lancés avant le 31 mars 2021 bénéficiera de 10% de plus que la maquette financière initiale, ce sera pour votre budget local ». Xavier Bertrand invente la prime publique de mise en oeuvre rapide d’un marché public…, malin, mais symptomatique !

Toujours sur ce fonds, 100 millions d’euros sont fléchés vers les transports, et notamment celui de l’hydrogène. Comme au niveau national, l’ambition d’un transport public à l’hydrogène captive toutes les puissances publiques. « Bien sûr, nous ferons notre part avec des travaux dans les lycées, les CFA, les ports, et tous les bâtiments régionaux afin de faire travailler les entreprises régionales voire locales », indique Xavier Bertrand.

« Nous ne trouvons pas de jeunes », Laurent Rigaud

Laurent Rigaud

Après cette intervention, le Président de région a laissé la parole aux acteurs du territoire, les « Faiseux » dirions-nous. Evidemment, le Président de la CCI régionale commente  » cette violence inouïe de cette crise. L’économie, c’est d’abord de la confiance surtout dans une période d’incertitude sanitaire. Néanmoins, cette période a permis l’explosion de la digitalisation dans les entreprises. D’ailleurs, sur le Valenciennois, la plate-forme « https://www.mescommercantsdugrandhainaut.com/», a permis aux commerçants adhérents de traverser beaucoup mieux cette crise ».

Pour sa part, Laurent Rigaud, le Président de la Chambre des Métiers du Nord, et le 28 septembre prochain sans doute des Hauts-de-France compte tenu de la fonction de Ministre délégué d’Alain Griset, mettait en exergue ce paradoxe. Les jeunes appentis hurlent à corps et à cri qu’ils ne trouvent pas de stage, d’entreprises etc., et une autre réalité « sur la CMA littoral, il y a cent places non pourvues avec un contrat d’apprentissage, une formation, et une entreprise signataire… !  Nous ne trouvons pas de jeunes », commente Laurent Rigaud.

Dans la foulée, une chef d’entreprise dans le bâtiment conforte ce propos… « nous refusons des marchés publics, car nous ne pouvons répondre en terme d’effectif à ces derniers. Nous ne trouvons pas de jeunes ! ». Oui, cette « déperdition de la commande publique chez les petites entreprises est un problème », dixit Christian Poiret, candidat à la succession de Jean-René Lecerf au Département du Nord,

« Nous sommes prêts à nous impliquer dans une structure », Xavier Bertrand

Au fil des présentations de ce budget d’exception, Xavier Bertrand a constaté cette croisée des chemins entre des collectivités locales non structurées pour faire monter un dossier de marché public, mais surtout des petites entreprises du terroir incapables de remplir ce dossier faute de temps, voire de répondre faute d’effectif. « Nous ne pouvons pas être juge et parti. Par contre, nous sommes prêts à nous impliquer dans une structure dont la mission serait de faciliter l’accès des marchés publics aux petites entreprises régionales, voire locales », précise-t-il.

Le constat est sans fard, certaines entreprises vont fermer leur volet prochainement, d’autres fleurissent, et c’est tant mieux. « Ils restent 60 % des entreprises composées de gens passionnés qui n’ont de pas de DRH, de DGS, mais que nous devons accompagner. L’Etat doit nous écouter », souligne Xavier Bertrand.

« Aucune entreprise ne peut ignorer l’enjeu écologique », Valérie Létard

Valérie Létard

En fin de conférence, la sénatrice a mis en exergue un axiome fondamental. « Aucune entreprise ne peut ignorer (aujourd’hui) l’enjeu écologique. L’industriel est obligé de revoir son logiciel même le plus réfractaire ».

Ensuite, comme souvent les institutions publiques proposent des allègements fiscaux en prenant dans la poche d’une autre institution, comme une baisse de la TVA perçue par l’Etat, une baisse de l’impôt de production perçue partiellement par la Région, etc. Tant que ces villages d’Astérix de la fiscalité française perdureront, on n’avancera pas beaucoup sur ce sujet central au demeurant… !

« Un guichet unique », Xavier Bertrand

Pour arriver à bonne fin dans l’utilisation de ce fonds de relance « un guichet unique est en place avec un numéro unique gratuit 0800 026 080, un site internet dédié www.relance.hautsdefrance.fr, voire un rendez-vous physique dans les meilleurs délais », conclut Xavier Bertrand

Daniel Carlier

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