(Marly) Un budget primitif 2020 à quatre mains… !
Premier Conseil municipal, hors installation, sur la commune de Marly avec (déjà) un débat démocratique piquant qui s’installe entre la nouvelle et l’ancienne majorité. Pour autant, ce temps de respiration locale est clairement atypique, inédit sur le fond et la forme où la loi d’urgence sanitaire a permis aux exécutifs de passer en un seul Conseil municipal, le Compte Administratif 2019, le ROB, et le budget primitif 2020 comme si le mandat 2014 ne s’était pas encore achevé dans les chiffres, tout en l’étant clairement politiquement à Marly (visuel Jean-Noël Verfaillie).
Jean-Noël Verfaillie : « Rattraper le merdier dans lequel vous nous laissez »
Consultez sur ce fichier les délégations des 9 adjoints et des 16 délégations des conseillers délégués (Delégations).
En propos liminaire, il est important de replanter l’environnement de ce Conseil municipal. En effet, dans une période dite « classique » d’une élection municipale, il est déjà complexe de changer de majorité. La commune de Marly a illustré cet état de fait avec un passage électrique en 2008 entre la liste emmenée de Fabien Thiémé et celle du maire sortant Philippe Duée. Communication, médiatisation, rapport de l’audit financier en salle des fêtes, l’ancienne majorité ne s’était pas gênée pour mettre en avant un héritage difficile « avec une capacité de désendettement de 60 ans », souligne Jérome Leman.
Ça, c’était en temps normal…, là vous avez une pandémie inconnue depuis plus d’un siècle en France, deux tours de scrutins espacés de plus de 100 jours, un confinement de 55 jours à gérer par l’équipe élue depuis 2014. Pas franchement un temps poétique qui se concrétise matériellement dans le budget primitif 2020 avec près de 114 000 € de produits pharmaceutiques (gels, masques, gants, etc.). C’est pourquoi, cet exercice du vote d’un budget primitif, « déjà exécuté sur les 8/12ème », commente Jean-Noël Verfaillie, ne peut être mécaniquement le reflet réel d’un changement de majorité d’une commune de plus de 12 000 habitants.
En propos liminaire, le maire de Marly tient à remercier les « agents de la ville, dans un contexte d’une reprise d’exécutif, pour leur professionnalisme, leur aide et leur soutien pour nous », mentionne-t-il. Un propos tempéré plus tard durant le Conseil municipal « car la démission du DGS, dès le 1er jour, fut un handicap pour la nouvelle majorité concernant le travail sur le budget primitif », précisait-il. Toutefois, comment pouvait-il en être autrement pour un maire d’Hordain, et DGS d’une ville avec une nouvelle majorité politique, en tête de liste pour le moins. C’était logique, mais un véritable souci technique pour les impétrants.
La distribution sanitaire va se poursuivre « avec les masques-Résilience- de la région Hauts-de-France. Nous procéderons à une distribution efficace directement chez l’habitant afin de ne pas perdre des courriers », précise le maire.
Enfin, le premier magistrat de la commune souligne des actions en justice prochaines contre les auteurs de dépôts sauvages de déchets, en sus des amendes… : » Notre Police Municipale sera prochainement équipée d’une caméra mobile » afin de chasser mieux encore ces délits écologiques.
Exit les commissions
Première originalité du nouvel exécutif, il décide de supprimer les commissions thématiques, une pratique historique dans toutes les communes françaises. « Nous les remplaçons par des comités consultatifs avec des élu(e)s (entre 4 et 10), des habitants ou des responsables d’entreprises sur Marly (donc contribuables). Nous voulons déconnecter les commissions d’un Conseil municipal, seul temps démocratique où nous sommes entre élu(e)s », explique le maire.
« J’y vois un danger pour l’opposition, le sentiment d’être mis de coté. Pourtant, vous avez déjà un Conseil citoyen, des comités de quartiers… ! », mentionne Jérome Leman pour l’opposition. « Vous verrez à l’usage que l’opposition aura toute sa place dans ces comités, vous avez l’expérience de cette commune », répond le maire.
Sur le compte Administratif 2019
Au sein de la nouvelle majorité municipale, l’adjoint aux finances est Yves Floquet, issu de la liste d’Isabelle Jalain, ex membre de l’ancienne majorité. Pour ajouter au caractère atypique de ce conseil municipal, l’adjoint en charge des finances n’a pas voté le budget 2019 et de fait quitter la majorité élue en 2014…, pour rejoindre Jean-Noël Verfaillie au second tour en 2020, presque un scénario d’une série télévisée politique !
Concernant cette photographie de la comptabilité publique 2019, le premier magistrat de l’époque, Fabien Thiémé, ne pouvait en répondre. Jérome Leman s’est collé au sujet « le commentaire de la CRC (Chambre Régionale des Comptes)- la situation se dégradait à Marly- fut sorti de son contexte. Je rappelle que de 2008 à 2014, nous sommes passés de 60 ans à 8,4 ans, et de 8,4 ans à 9,8 ans de 2014 à 2018. Notre endettement n’est pas aussi dramatique que vous l’avez présenté durant la campagne. Ensuite, je ne vois pas intégrer dans votre budget le NPNRU représentant 5 millions d’euros (soit 5,5% du budget global). Compte tenu de la capacité de financement, je ne vois pas comment vous allez y arriver. Nous avions fait un choix politique sur ce sujet », explique Jérome Leman.
Pour sa part, le maire répond tout de go « vous savez parfaitement que ce budget 2020 est contraint. Notre programme commencera à se vérifier sur nos premières décisions modificatives, mais plus encore sur le budget 2021. Ce budget 2020 n’est pas celui de faire ou ne pas faire en 3 semaines. Ensuite, le rapport de la CRC est factuel, ce n’est pas un commentaire. En l’occurrence, nous avons une faible marge de manoeuvre, nous prenons la suite d’une héritage lourd, mais nous l’assumons ».
Le ROB 2020
Durant ce ROB, Yves Floquet annonce la mise en place en 2021« d’un coefficient de correction afin de compenser la fin de la taxe d’habitation (pour tous) en 2023 (repoussée d’une année suite au Covid-19). Concernant la contractualisation avec l’Etat pour le respect d’une hausse maximale d’1,2 des dépenses de fonctionnement, elle ne s’applique pas au budget 2020 ».
Concernant la prospective « nous baisserons les impôts locaux dès 2021 », précise Yves Floquet.
Un sujet sensible fut abordé avec la masse salariale « à hauteur de 64 % le budget de fonctionnement », précise le maire. En l’état actuel, nous avons 284 salariés, 193 titulaires, et 89 non titulaires avec près de 50 agents en arrêt maladie. En effet, Marly fait partie du podium peu envié du taux record d’absentéisme sur le Valenciennois. « Comment ferez-vous pour résoudre ce problème. Allez-vous licencier, comment allez-vous résoudre ce problème ? », indique Christian Chatelain pour l’opposition PS.
« Je ne vais pas supprimer ces postes. Nous agirons dans la concertation. Il est inutile de vouloir effrayer les agents de la commune », explique Jean-Noël Verfaillie.
« Vous n’êtes visiblement pas prêt », Jérome Leman
Pour sa part, l’ancien maire en 2020, estime « notre situation budgétaire n’est pas si mauvaise. Vous nous annoncez que (techniquement) vous n’avez pas eu le temps de préparer un budget. Pourtant, la campagne fut très longue, vous pouviez vous préparer, mais vous n’êtes visiblement pas prêt. Par contre, sur votre volonté de baisser les impôts locaux, je pense que ce choix est irréalisable ! ».
Ensuite, Jérome Leman note « une annonce dans la presse pour la démolition des barres dans le quartier des Floralies. Il faudrait concerter la population avant…. ! ».
Le nouvel occupant du fauteuil majoral rétorque concrètement « cette demande dans le quartier des Floralies vient des habitants. A ce titre, j’ai rencontré déjà 4 fois le bailleur social SIGH, et je peux vous dire la réalité de cette annonce. Je ne voulais pas m’exprimer durant la campagne électorale sans avoir des certitudes sur le sujet », précise-t-il.
« Effectivement, ce n’est pas l’endettement le plus inquiétant, mais notre très faible épargne brute, et par suite notre capacité à emprunter très réduite, donc celle d’investir ! », ajoute sur le volet budgétaire le maire.
Seul point de concorde entre majorité et opposition, la collectivité locale devra accompagner, à travers des chantiers publics, une action sociale adaptée, un soutien aux commerces de proximité, etc., la crise sociale et économique « durant voire pendant cette période de Covid-19 », précise le maire.
Les subventions aux associations 2020…!
Concernant le monde associatif très éprouvé durant cette crise sanitaire, une délibération était présentée où un vif débat s’est installé entre les forces politiques. La loi d’urgence sanitaire a permis aux maires d’attribuer une subvention totale ou partielle plus importante que l’habituelle avance en début d’année. Pour autant, l’ancien maire pointe du doigt certaines associations sur des modes de fonctionnement, voire leur légitimité, mais « je constate que sur plus d’une centaine d’associations, vous ne contestiez que les associations où des membres de la majorité sont présents », indique le maire.
Querelle sur les indemnités des élu(e)s… !
La ligne budgétaire concernant les indemnités des élu(e)s est assez rarement commentée…, sauf à Marly ! Dans cette optique, Marie-Thérèse Hourez fustige l’augmentation de la ligne budgétaire de la nouvelle majorité : « C’est votre ligne budgétaire ! C’est pourquoi, nous n’avons pas voté ce budget. Vous passez de 175 000 euros budgets à 250 000 euros d’indemnités pour les élu(e)s, soit sur un mandat de 6 ans, plus de 500 000 euros à l’heure où nous sommes dans une situation difficile ».
Cette diatribe a pour effet d’exaspéré Jean-Noël Verfaillie « je comprends pourquoi Jérome Leman n’a pas pu faire cette déclaration puisque cette ligne est issue de votre préparation de budget. C’est d’une parfaite mauvaise foi. Bien sûr, nous n’utiliserons pas la totalité de cette somme », précise-t-il.
Pour autant, compte tenu d’une ligne d’indemnités similaire pour les adjoints, l’enveloppe va grossir suite à la désignation de 16 conseillers délégués (10 de plus que sous le précédent mandat), la vérité sera dans le compte administratif 2020 « Il n’y a pas de jetons de présence à Marly. Je ne rémunère pas des élus pour être présent le week-end à une manifestation, mais pour travailler avec les services de la commune. Il nous faut rattraper le merdier dans lequel vous nous laissez », conclut-il sans réponse autorisée de l’opposition, ambiance, ambiance !
Daniel Carlier