(La Sentinelle) Bernadette Sopo peu convaincue par l’alliance Blondiaux-Rossano
La réélection de Bernadette Sopo au second tour est mise en danger par l’alliance Blondiaux-Rossano. A eux deux, les opposants ont représenté 59,66% des suffrages au premier tour. Mais la maire sortante met le doigt sur une fusion qui lui semble incongrue.
La maire sortante de La Sentinelle est catégorique : « Au risque de me répéter, je trouve que cette alliance est contre nature. Eric Blondiaux et Sébastien Rossano ne s’entendaient pendant les réunions de conseil : je ne vois pas comment ils pourront tenir dans la durée ».
Pour rappel, ces deux candidats, encore rivaux au premier tour, ont annoncé le week-end dernier la fusion de leurs listes, dans le but d’éjecter Bernadette Sopo de son siège. Leurs arguments étaient alors clairs : à elles deux, les listes « La Sentinelle, la ville des possibles » et « La Sentinelle plus juste » obtenaient 59,66% des voix au premier tour.
Plus que stratégique, ce rapprochement leur semblait évident : les deux opposants reconnaissent finalement avoir les mêmes objectifs pour la ville.
A la tête de la liste « La Sentinelle, continuons ensemble », la maire sortante n’en est pas convaincue. « Leurs idées ont toujours divergé. Sébastien Rossano s’est déjà insurgé de prises de décisions trop éloignées des idées de gauche, et voilà qu’il se rapproche d’un candidat de l’UDI. Après tout, il a été du côté du PC, puis PS avant de se rapprocher des idées de Jean-Luc Mélenchon. Il entretient même des affinités avec le dissident Daniel Brulant », résume-t-elle.
Pas de regret sur le bilan présenté
L’opposition au NPNRU (encore communément appelé plan ANRU), voté par le conseil municipal en 2014, est devenu le fer de lance de la campagne du duo Blondiaux-Rossano. « Nous refusons de détruire le logement de 128 foyers dans quartier Zola », martelait-il. « Mais le NPNRU est très encadré. Nous ne mettrons jamais 128 familles à la rue, se défend la maire sortante. Elles seront relogées dans des locations dont le loyer ne dépassera pas le montant actuel (…) Honnêtement, qui peut refuser d’être logé dans de plus belles maisons par la suite ? Beaucoup des personnes concernées se plaignent de leur situation, d’autres ont déjà déménagé ! ».
Outre la reconstruction complète d’habitations dans le quartier Chasse-Royale, le NPNRU prévoit la rénovation d’une salle de sport, ou encore la création d’un restaurant scolaire. Des projets qui, quant à eux, apparaissaient dans le programme des opposants. « Mais tout cela a un coût ! Le NPNRU permettra d’obtenir des subventions pour financer ces travaux. Le programme d’Eric Blondiaux était de toute façon assez vague. Mais celui de Sébastien Rossano n’était pas calculé, c’était une lettre à la Prévert », affirme la maire sortante.
Une vision « honnête » sur la trésorerie
Bien qu’on lui reproche certains aspects du bilan de ses deux derniers mandats, Bernadette Sopo ne revient donc pas sur les décisions qu’elle a dû prendre. Tels que la suppression de l’entrée de l’A23, au risque de diminuer la fréquentation de zone d’activité de Leroy Merlin, ou la mise en place d’une « trame noire » (une portion de la ville plongée dans l’obscurité de minuit à 5h du matin par souci d’écologie), au risque d’inciter à la délinquance. « Les réaménagements ont permis de diminuer la pollution dans la ville, sans parler de la circulation qui est facilitée depuis que les camions n’empruntent plus l’avenue Jean-Jaures pour se diriger vers Lille. Quant à la question des incivilités, je compte renforcer la police municipale. Des LED seront également installées petit à petit pour éclairer les rues. Mais on ne peut pas tout faire d’un coup. Il faut l’argent, et je préfère être honnête plutôt que faire des promesses. (…) Il faut rappeler qu’un maire n’a pas tous les pouvoirs », répond-elle encore, en rappelant qu’elle a réussi à assainir les comptes d’une ville en difficulté dès le début de son premier mandat.
A propos d’honnêteté, la maire continue : « Il faut s’attendre à ce que l’épidémie du Covid-19 ait un impact financier. La ville devra faire des dépenses supplémentaires pour désinfecter ses locaux, il va falloir adapter les cantines, les travaux dans le centre-ville vont prendre du retard … », énumère-t-elle !
Contrairement à ce qui lui a été reproché, Bernadette Sopo estime d’ailleurs avoir fait le nécessaire pour aider la population pendant le confinement. « Le CCAS a été très sollicité. Des couturières bénévoles ont cousu 1 400 masques », précise-t-elle notamment. Quant aux lettres rendues publiques par l’opposition sur les réseaux sociaux, la maire sortante réagit : « J’ai bel et bien répondu à leurs sollicitations, puisque ma réponse a aussi été publiée. Mais leurs propositions sont arrivées trop tard. Beaucoup de Sentinellois avaient déjà appelé en mairie pour se rendre utiles. »
Camille Michalski