L’urgence courante de retour au CHV
Le Centre Hospitalier de Valenciennes adresse un message à destination des patients afin qu’ils (re)pensent à leur santé. En effet, la crise sanitaire a également traumatisé la population avec une pathologie à soigner, notamment chronique, en cours ou à venir. Il est temps de revoir l’échelle de ses priorités depuis le déconfinement, votre santé ne s’arrête pas au Coronavirus !
(Visuel Rodolphe Bourret, Armand Audegond, et Claude Meurisse)
Qu’avez-vous de mieux à faire que de vous occuper de votre santé ?
Cette pandémie, autant sanitaire que médiatique, ferait presque oublier que de nombreuses maladies sont nettement plus létales que le Covid-19. Pourtant, la peur du milieu hospitalier a éloigné des patients du CHV, et des médecins de ville au même titre, dont l’état de santé nécessite indéniablement un suivi très strict.
Dans cette optique, le CHV organise une campagne de communication baptisée « Reprenez le cours de votre santé » sur multiples supports. Tout est dit en une phrase même s’il y a tant à raconter sur cette période inédite. « L’hôpital est le lieu le plus sécurisé dans lequel vous pouvez évoluer », répète inlassablement depuis des semaines le Directeur du CHV, Rodolphe Bourret.
Le sujet du jour avant un rétro sur cet épisode sanitaire singulier est donc« la relance totale des activités du CHV, progressive et déterminée. Nous allons monter en charge en juin avec environ 60% de notre activité, puis juillet, août, afin d’arriver à 100% en septembre dans tous les services. Il est également nécessaire d’un temps de repos cet été pour les soignants », indique le Directeur général.
« Le CHV a su réagir immédiatement », Armand Audegond
En propos liminaire, le Président du Conseil de Surveillance, Armand Audegond, fraîchement nommé 1er adjoint à la ville de Valenciennes, tient à féliciter toutes les équipes soignantes et le staff dirigeant du CHV. « Dès le mois de janvier, Rodolphe Bourret m’a parlé de cette potentielle pandémie à un moment où on voyait la Chine fermée la ville de Wuhan avec perplexité ! Le CHV a su réagir immédiatement. Il ne fut jamais saturé même si la situation fut tendue. Je pense que sa gestion du Covid-19 sera un coup d’accélérateur pour son passage au stade de Centre Hospitalier Régional. D’ailleurs, sa gestion générale fut mise en lumière par les médias télévisuels (France 2, TF1…)», commente Armand Audegond.
« Nous avons vécu une épidémie, mais pas subi cette épidémie », Rodolphe Bourret
Rodolphe Bourret, fort de son expérience du H1N1 et des premiers cas en France (2010) sur le Centre Hospitalier de Saint-Etienne, avait anticipé cette potentielle catastrophe sanitaire : « Dès le mois de janvier, nous avons organisé les différents scénarios de gestion de cette pandémie. Nous avons pu réagir, car nous étions préparés. Jamais, nous n’avons travaillé dans l’urgence. Nous avons vécu une épidémie, mais pas subi cette épidémie ».
On rappelle encore que cette situation sanitaire est inédite en France. « Nous sommes habitués au Plan Blanc classique suite à une catastrophe naturelle, un accident industriel… Là, ce plan Blanc est inédit, il a été lancé par l’Etat le 15 mars dans tous les établissements de santé public et privé. Notre génération (des professionnels du soin) n’a jamais connu cela. C’est donc l’Etat qui peut seul décider de la levée de ce Plan Blanc », précise Rodolphe Bourret.
Pour le Président de la Commission Médicale d’Etablissement, le Docteur Claude Meurisse : « J’ai été agréablement surpris par notre réorganisation rapide de tout le personnel de l’hôpital. Tous les praticiens ont joué le jeu, tout comme les médecins de ville ».
« Le CHV figurait dans les 5 établissements les plus touchés par le Covid-19 », Docteur Xavier Kyndt
Sur ce territoire de 350 000 habitants, l’hôpital de référence a vécu en temps réel cette épidémie. « Nous devions intégrer les données sur une plateforme de l’ARS Hauts-de-France afin d’alimenter les données à destination du Ministère de la Santé (via Santé Publique France pour le fameux 19h du Professeur Salomon) », explique le Docteur Xavier Kyndt, le chef de pôle de santé publique.
Ensuite, les chiffres attestent de cette tension, certes maîtrisée, mais réelle ! Les 2 premiers séjours Covid sur le Centre Hospitalier du Valenciennois ( CH Valenciennes, Denain, et Saint-Amand) sont intervenus la semaine du 10 mars. Le pic fut atteint entre la semaine du 09 avril et du 14 mai avec une pointe à 151 cas Covid (semaine) sur ces 3 établissements du Valenciennois cette semaine du 14 mai.
Pour les cas les plus graves, les cas Covid-19 nécessitant une intubation en réanimation, la plus haute alerte se situait de fin avril à mi mai, 41 cas la semaine du 22 avril, 44 cas la semaine du 29 avril, et 46 cas durant les semaines du 06 et 14 mai. « Aujourd’hui, nous sommes sur 7 lits Covid avec 5 patients en réanimation. Ensuite, sur l’unité de soins Covid, nous avons 7 patients. Je rappelle qu’en fonctionnement courant, nous avons 23 lits de réanimation, et nous avons transformé ce service Covid-19 avec 42 lits en réanimation », précise Rodolphe Bourret.
Ces chiffres clairs laissent apparaître que le CH du Valenciennois « figure dans les 5 établissements de santé les plus touchés par le Covid-19 dans la région des Hauts-de-France », poursuit le Docteur Xavier Kyndt.
Toutefois, un point reste sans une information officielle du CHV, celui de la mortalité. « Nous avons choisi de ne pas communiquer sur le nombre de décès du Covid-19. Tout d’abord, afin de ne pas affoler la population durant cette crise sanitaire, mais aussi pour ne pas minorer cette épidémie dans l’esprit de certains, donc de relâcher son comportement (gestes barrières etc.) », commente Armand Audegond. En terme de communication sanitaire, il est évident que toute comparaison entre deux maladies, leur taux de mortalité, constitue une aberration médicale… -comparaison n’est pas raison- dit l’adage !
Une nouvelle organisation post-Covid… !
Bien sûr, le volet hygiène était une composante centrale de l’organisation de l’hôpital public de référence. Double filière propre, Covid et non Covid, « l’hygiène était très sollicité, une fonction transversale dans tous les services où nous avons connu trois phases. A chaque fois, il faut repenser complètement l’activité, la filière, avec comme objectif la sécurité absolue des patients et des soignants », explique le Docteur Constance Baillie, médecin hygiéniste.
C’est pourquoi, l’accueil des patients au sein du CHV fut une source d’intense réflexion. « Bien sûr, nous allons conserver certaines nouvelles pratiques, une nouvelle réflexion sur les flux, comme la « Marche en avant » avec une entrée et une sortie différente. Ensuite, la pratique de la téléconsultation va rester, elle a été très utilisée (en visio ou par téléphone) », ajoute le Docteur Xavier Kyndt. D’ailleurs, le Directeur général tient à préciser que « nous n’avons jamais perdu contact avec nos patients ».
Le retour de toutes les pathologies au CHV
L’enjeu de cette fin de crise sanitaire (on l’espère) est le retour au CHV de toutes les pathologies au sein de tous les services sans pour autant dire « qu’un service soit plus ou moins difficile à remettre à 100 % de son activité », précise le Docteur Nicolas Ettahar, chef de pôle du service infectiologie. Pour autant, durant cette période, il n’est pas possible « de dire qu’une pathologie ne fut pas traitée durant cette crise sanitaire. Nous avons traité des AVC, des thromboses, des diabétiques, etc. ! Par contre, nous voyons arriver ces pathologies à un stade plus avancé », poursuit le Docteur Nicolas Ettahar. Déjà à la base, ce retard à l’allumage médical est un trait de caractère très ancré notre histoire, il pourrait nous coûter collectivement très cher.
Dans cette optique, on ne peut écarter une nouvelle donne chiffrée pesante avec de fait des pertes de chance… « Il est probable que ces pathologies aggravées amènent malheureusement une nouvelle surmortalité. C’est pourquoi, nous revenons progressivement à une fréquentation classique ; 220 passages en urgence habituellement, tombés à 70, 80, et 90, nous revenons peu à peu à un flux habituel », commente le Président de la CME.
Le message est limpide. Revenez consulter les professionnels de santé, votre médecin traitant, et bien sûr une consultation si nécessaire au sein du Centre Hospitalier de Valenciennes. Ils sont prêts !
Daniel Carlier