Le CHV et Teissier collaborent à un essai clinique sur l’hydroxychloroquine
Au lendemain de la visite du Président de la République à l’IHU de Marseille afin de rencontrer le fameux Professeur Didier Raoult, le Centre Hospitalier de Valenciennes signale sa participation à un essai clinique sur l’hydroxychloroquine initié au CHU d’Angers.
(Visuel DR/GHT Grand Hainaut)
La course au vaccin (médicament)… prend du temps !
De multiples essais sur un potentiel médicament contre le Coronavirus sont en cours de par le monde. Vous avez notamment le fameux programme européen « Odyssée » porté en France au Centre du Kremlin-Bicêtre visité, également hier, par Emmanuel Macron. Parmi ces initiatives médicales dans cette course effrénée, un essai clinique retient particulièrement l’attention. En effet, le CHU d’Angers a lancé un essai clinique baptisé « ICOVID » depuis le 01 avril 2020. Cette étude, promu par le CHU d’Angers et coordonnée par le Pr Dubée, infectiologue, a obtenu l’avis favorable du Comité de Protection des Personnes (CPP) et l’autorisation de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Concrètement, ce dernier doit tester l’efficacité de l’hydroxychloroquine chez des patients atteints du Covid-19.
« basée sur le principe du double aveugle », Alina Tone
Clairement, cette étude crante la recherche sur l’efficacité d’un médicament sur la base de l’hydroxychloroquine. Attention, elle n’est pas stricto sensu sur le même registre que l’essai du Professeur Raoult associant un autre produit avec l’hydroxychloroquine. « C’est une étude avec des résultats nécessairement en urgence. Il s’agit d’une comparaison d’un traitement pour un patient atteint du Covid-19 pour lequel nous lui administrons de l’hydroxychloroquine plus un soin standard en comparaison à un traitement avec un placebo plus un soin standard. Là, personne ne sait, ni le patient, ni le médecin, quel traitement subit le patient. Cette méthodologie est donc basée le principe du double aveugle », souligne Alina Tone, investigatrice (pour cette étude) pour le Centre Hospitalier de Valenciennes.
Ensuite, l’ampleur de cette initiative est à une autre échelle. En Chine, les médecins locaux avaient lancé une initiative à l’arrache sur 30 patients, une autre est en cours sur une soixantaine de malades. « Là, il est fondamental que les deux groupes (traitement hydroxychloroquine et placebo) soient conséquents. C’est le principe d’une méthodologie robuste. Attention, les patients retenus ne sont pas en détresse respiratoire (pas sous respirateurs) où autres déficiences d’organes », ajoute Alina Tone.
« des premières analyses au bout de 28 jours », Alina Tone
Dans cette optique, 38 CHR et CH en France participent à cette étude sur 1 300 patients. Le protocole classique d’un essai clinique est « quatre mois d’inclusion et un mois de suivi. Toutefois, compte tenu de l’urgence, nous aurons des premières analyses au bout de 28 jours. Au sein du CHV, le protocole est en place depuis 73 heures, nous attendons les premiers patients répondant strictement aux critères de cette étude », conclut la référence pour le CHV.
Cette étude devrait inclure 30 patients du CHV et la Clinique Teissier attenante au Centre Hospitalier de Valenciennes depuis septembre 2009, soit environ « 20 à 25 sur le CHV et 5 à 10 sur la Clinique Teissier », précise Alina Tone. Au niveau des équipes, cette étude mobilise 4 infectiologues du CHV, 2 gériatres du CHV et le pneumologue Thomas Gey de la Clinique Teissier.
« On ne peut pas faire plus rigoureux en terme de méthodologie », Thomas Gey
L’autre investigateur pour cette étude sur le Valenciennes est Thomas Gey, pneumologue au sein de la Clinique Teissier du Groupe ANHAC. Ce dernier souligne la vitesse de la mise en place de cette étude : « Certes, nous aurions voulu la mettre en place depuis 15 jours, mais d’habitude ce genre d’essai clinique est autorisé au bout de plusieurs mois voire d’une année. Là, c’est en quelques semaines, c’est une performance ! ».
Oui, nos repères habituels volent en éclats face à cette pandémie. Par contre, le souci d’une rigueur infaillible dans les résultats, pour un recours à un vaccin « miracle », demeure la boussole de ces professionnels. « On ne peut pas faire plus rigoureux en terme de méthodologie. En effet, compte tenu que cette étude se déroule sur 38 établissements publics de santé, les résultats déboucheront sur des données très fiables. Ensuite, le principe du double aveugle permettra de mettre en exergue un effet bénéfique, neutre, voire négatif, car des effets secondaires sont possibles. En fait, dans un mois au rythme de l’intégration des patients dans cette étude, nous pourrons faire une balance objective sur cet essai clinique », explique-t-il.
« à cette hystérie collective », Thomas Gey
Toutefois, il est important de souligner qu’en cas d’événement médical pendant ce traitement « nous pouvons lever cette étude à l’aveugle dans l’intérêt du patient ». Evidemment, la santé de la personne infectée par le Covid-19 passe avant une participation statistique à une étude de masse.
Enfin, cette initiative dans la recherche médicale vise également à répondre clairement et de la manière la plus crédible possible « à cette hystérie collective sur l’hydroxychloroquine », conclut-il.
Même si cette étude n’est pas stricto sensu basée sur le même traitement que sur l’IHU de Marseille, il est urgent de connaître l’efficacité, réelle ou pas, de l’hydroxychloroquine. En effet, le traitement proposé par le Professeur Didier Raoult, en terme méthodologie, comporte des trous dans la raquette (scientifique), mais le temps presse… !
Le temps de la recherche est à respecter, c’est indubitablement une donnée intangible dans l’innovation médicale, le médicament miracle est à ce prix !
Daniel Carlier