Post-confinement « Femmes En Marche » à Saint-Amand-Les-Eaux
Le samedi 7 mars 2020, les flâneries étaient encore possibles, et c’est au milieu des Femmes en Marche de Chantal Cheuva, que le public a pu s’évader le temps d’une visite de l’exposition et d’une conférence dans la salle d’animation de la médiathèque des encres, sur la technique utilisée par cette artiste de la sculpture expressionniste.
A vivre après la période de confinement… !
Chantal Cheuva sculpte depuis plus de quarante années. Elle travaille à Mouvaux et sa devise est « aller à l’essentiel ». Elle revisite le corps féminin pour nous en offrir à la fois sa puissance et sa faiblesse. Le musée de la Tour abbatiale expose une série de 19 sculptures toutes réunies pour la première fois dans la région, dans un même lieu.
Cette série nous présente des femmes à différentes étapes de la vie : des adolescentes comme des femmes vieillissantes. Elles sont nues, sans artifice, fragiles pour certaines, triomphantes pour d’autres, mais avec en commun, d’avancer. Mais où vont-elles ? Sûrement vers leur destin.
Elles sont tout d’abord façonné dans l’argile, énergiquement, puis des plâtres sont réalisés et envoyés dans une fonderie de bronze de Sara de Groeve à Merelbeke, en Belgique qui offrira une belle patine nuancée aux sculptures.
Le rendu n’est pas réaliste mais expressionniste, elle cherche avant tout à dévoiler le sentiment de ces femmes, dans leurs postures et leurs mouvements.
Les mains et les pieds sont exagérément agrandis, et les visage, détaillés dans leurs émotions, donnent toute leur force à ces femmes.
Son geste est rapide, presque esquissé, le volume est juste, les formes allongées Cette déformation renforce leur aspect expressif et fait rejaillir leurs sentiments intérieurs en éclipsant l’image physique qu’elles peuvent renvoyer.
A travers ses créations qu’elle aime réaliser par série, Chantal Cheuva restitue le ressenti d’histoires de femmes dont elle a recueilli les témoignages, les confidences.
D’ailleurs sa sculpture qu’elle a appelé « Confidences », reste mystérieuse quand à ce que s’échangent les trois femmes. La légèreté de la main qui se pose sur l’autre bras, en connivence. Légèreté dans une sculpture de 140 kilos.
Ce moment privilégié de rencontres et d’échanges sur leur vie faite de larmes, de joies, d’amour, d’épreuves, laisse la part belle au dialogue, à la complicité et au partage. Seules mais toutes ensemble elles s’entraident et tissent des liens.
Ce sont ses secrets d’atelier qu’elle a partagé avec une trentaine de personnes venues pour comprendre sa technique.
Après avoir expliqué son parcours, d’un poste dans la communication dans une entreprise qui a été délocalisée en Allemagne, signe peut être qu’il fallait se lancer dans la passion de la sculpture, l’artiste a fait une synthèse de l’histoire de la sculpture mettant en avant la sculpture expressionniste, avec un certain regard critique sur la sculpture conceptuelle, en a expliqué les différentes périodes et types de sculpture en opposant la sculpture numérique, sans défaut, à la sculpture expressionniste, qui est un moyen pour elle de montrer les femmes telles qu’elles sont, sans complexe. En tout cas sans rien cacher. Ce courant artistique est né après la seconde guerre mondiale dans un souci de communiquer la singularité des émotions. Elle a évoqué le travail de Marc Petit.
Elle a enfin présenté un diaporama très détaillé de sa technique, ce qui a suscité beaucoup de questions
Ces femmes en ce moment ont peut-être arrêté d’avancer, elles sont en suspend avec nous. Il ne nous reste que notre imagination pour les contempler en attendant de pouvoir les découvrir quand la vie aura repris son cours.
L’exposition est visible jusqu’au 16 août (hors confinement !!!) à la Tour abbatiale de Saint-Amand-Les-Eaux.
Jane Huvelle