Derrière les murs, une exposition à la Maison des Associations
Du 2 au 13 mars 2020, l’espace a accueilli deux expositions, des conférences et des animations variées allant de la confection de cosmétiques à une balade motos organisée par « Les femmes motardes de l’association Valenciennes en fury », une conférence de Betty Rygieslski, membre du collectif citoyen Nous Toutes Lutte contre les violences sexistes et sexuelles, mais également un cocktail sur le thème des « Femmes du monde ». Ce n’est pas la première initiative de ce genre, et encore une fois, la participation du public a été active. Nous avons rencontré pour l’occasion, la plasticienne Mylène Berthout, qui a mené un travail artistique avec des femmes détenues de la maison d’Arrêt. Une manière de créer un temps de liberté, « derrière les murs ».
« Derrière les murs », ce sont des créations plastiques et poétiques réalisées par les femmes détenues à la maison d’arrêt de Valenciennes.
La maison des associations (MDA), installée rue du Faubourg de Paris, est le centre de convergence des associations valenciennoises.
Elle contribue principalement au développement des échanges inter-associatifs et soutient les associations en place en les aidant à actualiser leurs statuts, renouveler leur conseil d’administration, demander des subventions…
Dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme, le 8 mars, une programmation festive a été organisée par des associations valenciennoises.
Mylène Bertout a commencé son activité d’artiste en 2016. Elle réalise des œuvres dont la matière principale est la laine. Il s’agit de travaux abstraits, souvent colorés et aux accents géométriques.
Cette jeune femme d’à peine 30 ans est à la fois discrète et déterminée. Elle dégage une douceur qui a dû mettre en confiance les femmes, tout en les emmenant avec elle dans son envie de créer pour se libérer.
Elle a mise pourtant de côté sa pratique pour les laisser s’exprimer sur des toiles, avec des matériaux divers. D’ailleurs, certaines femmes ont choisi l’écriture pour laisser les femmes s’exprimer. Des textes très poignants sur le quotidien, la famille, la liberté… sont exposés à côté de toiles.
On retrouve cependant l’élément du fil qui a d’ailleurs été exploitée dans la réalisation d’une tresse très colorée, composée de fils de laines glanés, récupérés, détricotés, re-exploités. Un objet composé de fils mêlés, qu’elle a d’ailleurs eu du mal à installer dans l’espace d’exposition. Comment mettre en valeur une sculpture molle mais qui contient autant d’énergie ?
Pour ce projet, elle a été contactée par la maison d’Arrêt suite à une exposition personnelle qu’elle avait réalisée, afin de lui proposer d’animer un atelier créatif pendant quelques semaines au sein même de la maison d’Arrêt. Avec un soutien financier, elle a pu obtenir des fournitures qu’elle n’avait elle-même pas l’habitude de travailler. Les femmes volontaires, ont immédiatement saisi l’opportunité d’exprimer ce qui leur tenait à cœur et c’était très important. « Je n’ai imposé aucun thème, aucune couleur, pour leur laisser la plus grande liberté possible. Je leur ai aussi montré quelques nœuds que l’on peut faire avec le fil de laine pour leur parler de mon travail artistique ».
Elle peine à trouver les mots pour décrire son impression car elle a personnellement beaucoup de mal à s’imaginer à leur place. « Lors de chacun de mes ateliers, je me posais souvent la question de savoir quelles seraient mes pensées, mes sentiments, si j’étais moi aussi condamnée et enfermée ». C’est en gardant cela en tête à chaque instant que les ateliers se sont déroulés. « J’essayai vraiment de tout faire pour que nous puissions toutes, oublier à cet instant que nous étions enfermées sous clé. Et ça marchait plutôt bien ! On rit, on s’aide, on discute… ».
Elle remercie aujourd’hui ces femmes pour leur confiance, leurs confidences, leur sincérité et leur assiduité car elles étaient toujours présentes lors des rendez-vous d’atelier. A travers cette démarche, elle espère avoir pu leur offrir un cadeau, une ouverture, un peu d’air.
Elle a proposé aux filles d’exposer leur travail, elles ont accepté avec joie. C’est ainsi qu’elle a contacté Madame Zenasni, la responsable de la Maison des associations/Vie associative de Valenciennes afin de lui parler de son projet. Et celui-ci était tout à fait adapté pour la fête des femmes.
Une deuxième session d’ateliers avec un nouveau groupe de femmes aura lieu prochainement. Cela donnera naissance à une autre exposition qui regroupera cette fois-ci les travaux des deux groupes.
L’exposition est visible du 9 au 13 mars, dans le hall de la MDA
Mylène Bertout, forte de ce projet très « contraint » souhaite encore partager sa pratique et est ouverte à toute suggestion, que ce soit en milieu scolaire, maison de retraite…. N’hésitez pas à prendre contact avec elle sur son site. https://www.mylenebertout.com
Jane Huvelle