Le goût Mokha de la « Maison Container » made in ADELI
Après un essai concluant d’un container transformé en habitat au printemps 2019, permettant de passer quelques étapes règlementaires indispensables, le Groupe ADELI a porté sur les fonts baptismaux une entreprise d’insertion, la SAS ADELI Ei Habitat, enseigne commerciale Mokha (intérieur d’un container aménagé en show-room pour un professionnel).
Patrick Roussiès : « C’est un outil d’insertion, pas un objectif final, pour un public en grande difficulté »
Au printemps dernier, nous avions quitté le Groupe ADELI sur l’aménagement intérieur et extérieur d’un container. Tout d’abord, afin de concrétiser un espace de vie assez bluffant d’un container, voire de deux associés en maison plain-pied, mais surtout « ce passage était indispensable en terme d’études, et notamment pour obtenir la garantie décennale sur un seul niveau, mais également R+1 depuis décembre 2019 », explique Bertrand Ledoux, en charge de cette expérimentation sur le site d’AGEVAL, et directeur d’exploitation de cette EI (Entreprise d’Insertion).
Suite à cette phase réussie, le Groupe ADELI a lancé une EI grâce à une levée de fonds d’1,8 millions d’euros dont l’apport en autofinancement par les 4 associations participantes est comme suit : AGEVAL pour 250 000 euros, Prim’toit pour 250 000 euros, Cap-il pour 100 000 euros, et ADACI pour 20 000 euros. « Je souhaite préciser que Valenciennes Métropole est un soutien continu sur nos projets », insiste Patrick Roussiès devant le maire de Valenciennes, présent mais ne pouvant s’exprimer compte tenu du droit de réserve.
En circuit-court… !
Un point important à signaler est la provenance des containers, il n’arrivent pas de l’Afrique du Sud sur un géant des mers avec une empreinte carbone à pleurer. Non, les containers arrivent du très lointain port de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut, c’est du circuit-court. « Ils ont entre 10 et 15 ans avec un certificat de navigabilité encore valide. Par contre, les professionnels de la logistique changent leur contenants régulièrement. Leur solidité est remarquable, même la rouille protège l’acier », précise Bertrand Ledoux.
Aujourd’hui, cette initiative prend une nouvelle dimension. Cette entreprise d’insertion s’est installée dans des locaux loués par le Groupe Hiolle sur Quarouble, 1 500 M2 de surface de stockage extérieur, mais également 1 000 M2 en intérieur pour l’aménagement des dits containers plus des bureaux administratifs. « Nous sommes dans ces locaux depuis novembre 2019. Après l’aménagement de ce site, nous commençons la production depuis ce mois de janvier. Nous commençons avec deux salariés, puis bientôt 5 salariés. Ensuite, notre plan de charge prévoit 5 nouvelles insertion en avril, puis 5 en fin d’année 2020 », ajoute Yves Ghesquière, le DAF d’ADELI.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même. « Nous commençons avec deux salariés en provenance de l’AGEVAL, un soudeur et un plaquiste. Ensuite, les autres salariés en insertion pourront venir de l’extérieur également. Dans quelques années, c’est une EI pouvant monter à 50 salariés en insertion. C’est un outil d’insertion, pas un objectif final, pour un public en grande difficulté », précise Patrick Roussiès, le président d’ADELI. Nous ne sommes plus dans l’expérimentation sympathique ne débouchant que sur de l’occupationnel, mais face à un marché captif, c’est très sérieux.
« Une commande de 19 logements par l’APEI de Cambrésis », Patrick Roussiès
Le début de l’activité se déroule avec des commandes pour des particuliers, des entreprises, des touches pour des bailleurs sociaux, mais également une commande ferme de taille. « Nous avons 1 000 M2 d’habitats containers en commandes, soit par simple container de 27,50 m2, voire des containers assemblés. Le coût de de production revient à 1 150 euros HT le M2 », précise Bertrand Ledoux.
Plus précisément, il y a une commande de « 19 maisons container pour l’APEI du Cambrésis », poursuit le président Patrick Roussiès.
Et du coté client, quel est le retour car même dans l’insertion la satisfaction du client est fondamentale. « C’est dans le cadre d’un béguinage avec 19 maisons/containers de 38 M2 », précise Mickaël Leclercq, directeur de l’ESAT pour l’APEI du Cambrésis. « Nous avons acquis un foncier où ces habitats containers seront installés, comme un lotissement, avec une Maison commune, des espaces pour des ateliers occupationnels, etc. », poursuit un responsable de cette association du Cambrésis.
Peu de concurrence de qualité en France
Le marché est d’autant plus ouvert que les autres fabricants en la matière ne se situe pas dans la région Hauts de France. « Il existe trois autres structures au même niveau (qualitatif) que nous, à Marseille (la Varappe), à Brives (Green Habitat), et à Rennes (B3 Eco Design). Toutefois, on s’inquiète un peu avec l’apparition de constructeur individuel sur ce marché, mais avec une qualité moindre dans la réalisation », souligne Christophe FerraÏ, le directeur général d’ADELI.
Fort heureusement, en France depuis des décennies, les professionnels ont prix en charge le système d’agrément avec « un cahier des charges très lourd. C’est pourquoi, on doit faire des études, puis demander une garantie décennale auprès des organismes de tutelle », indique Bertrand Ledoux. Sans aucun doute, on peut se féliciter pour une fois de la faconde normative à la Française dans le domaine. Cette caractéristique est appréciable et exclut les « bricoleurs ». Coup de chance, la Belgique est passée depuis le 1er juillet 2018, la loi Peeters, à l’obligation de souscrire une assurance décennale pour tous les acteurs intervenant sur la construction de logements résidentiels. Ceci pourrait éliminer les constructeurs Outre-Quiévrain sans de solides garanties de fabrication. Ouf, car ils sont de rudes commerciaux en conteneurs nos amis belges !
Daniel Carlier