Pierre Michel Bernard au bout de ses rêves… pour Anzin !
Anzin, commune limitrophe de Valenciennes la plus importante, constitue un enjeu local majeur sur l’échiquier politique du Valenciennois ; une ville où Pierre Michel Bernard brigue un 3ème mandat dans un contexte électoral radicalement différent de 2014. Entretien avec Pierre-Michel Bernard, édile de la dite commune depuis deux mandats.
(Visuel 1ère maquette du futur site de Pôle Emploi dans le quartier le Bleuse Borne)
Pierre-Michel Bernard : « Ce n’est pas un projet personnel ! »
Après une annonce officielle de candidature peu avant la trêve des confiseurs, Pierre Michel Bernard revient sur ses choix, son désir de poursuivre des projets dans les tuyaux, quelques nouveautés, voire un paysage politique particulier sur cette commune.
Tout d’abord, c’est le volet humain que le maire sortant met en exergue… ! « Anzin, j’y habite, j’y travaille. Nous avons un ancrage familial. J’ai envie de travailler avec la population, mais en équipe. Ce n’est pas un projet personnel ! », souligne Pierre-Michel Bernard.
« Le secteur de la Bleuse Borne est complètement délaissé », Pierre Michel Bernard
Le temps administratif est ainsi fait, un projet structurant n’est que très rarement celui d’un mandat, les édiles des communes voient parfois un nouveau maire bénéficier d’une mise en service d’un projet au long cours avec une certaine frustration !
Cette temporalité s’applique particulièrement sur certains dossiers structurant sur la commune d’Anzin. Le gros dossier de la prochaine mandature sera celui de la Bleuse Borne : « C’est une entrée de ville, le secteur de la Bleuse Borne est complètement délaissé. Il faut le redynamiser avec une activité commerciale, des logements, et un service public avec la nouvelle antenne de Pôle Emploi », précise le maire. A ce titre, il présente la 1ère maquette visuelle du futur site de Pôle Emploi « avec près de 60 emplois ».
Plusieurs autres dossiers d’urbanisme sont dans les tuyaux. Là, nous parlons d’une résidence pour les personnes âgées avec 49 logements avec le bailleur social SIGH dans le secteur Valmont, mais encore 23 logements rue Jean Jaurès avec Maisons et Cités. Enfin, un dossier repris par « Habitat du Nord » avec 38 parcelles en lots libres dans le quartier dit « bas Carpeaux » (Allée des Fresnes/rue du Ruissart).
Le projet « Les Loges du Théâtre » dont certains essais sont restés infructueux semblerait en cours de résolution. « Il était trop encadré pour une cible très précise. Nous passons à un projet 100% privé. Deux cellules commerciales sont prévues », précise le maire.
Enfin, on n’oublie le dossier porté par Valenciennes Métropole sur Anzin sur la mise en pratique d’une autonomie partielle pour des autistes adultes « l’habitat inclusif, c’est possible chez nous ! ». Soulignons aussi quand une collectivité locale est dans une démarche active, car Condé-sur-l’Escaut et Anzin sont deux communes moteurs et volontaires dans le domaine du handicap sous toutes ces formes, pas besoin de montrer leur passeport sur ce sujet !
« Certes, 500 logements ne sont pas opérationnels en 2020, mais nous avons sorti 300 logements, et presque 200 de plus sont des dossiers validés, financés, et intégrés dans le PLUI », conclut le maire sur ces projets en devenir.
« Le 3ème pilier de l’art sera sur Anzin », Pierre Michel Bernard
Annoncé par le président de Valenciennes Métropole, le Théâtre d’Anzin devenu d’intérêt communautaire sera l’hôte privilégié du nouveau Centre des Musiques Actuelles. « Le 3ème pilier de l’art sera sur Anzin », précise le maire. Toutefois, la notion d’agglo reste complètement hermétique pour le citoyen, mais pour autant l’étiquette d’intérêt communautaire donne l’impression d’un déshabillage en règle de l’équipement local. « C’est pourquoi je suis président du Conseil d’exploitation avec d’autres élus de la majorité. La ville a toujours son mot à dire sur le théâtre d’Anzin. D’ailleurs, elle finance en partie cette rénovation lourde via la réduction des dotations de l’agglo », précise le maire.
Transfert de l’EPHAD « Doux séjour » vers la Fondation Duvant à Valenciennes, réalité ou fiction ?
Une délibération du 24 juin 2019 (délibération EHPAD doux séjour) indique que l’EPHAD « Doux Séjour » va rentrer dans le giron du Centre Hospitalier de Valenciennes. Une cession de la dite parcelle à l’euro symbolique contrebalance un investissement de 200 000 euros du CHV dans le cadre de la rénovation « urgente » de cet EPHAD.
Ensuite, cette délibération impose une durée de 36 mois d’observation sur site avant toute décision autre. « J’apprends dans la presse que ce site « Doux séjour » ferait l’objet d’un transfert vers la Fondation Duvant ? Un délai de 36 mois est clairement requis dans la délibération votée en Conseil municipal (avant toute décision d’un transfert sur Valenciennes où 46 places pour les Anzinois seraient réservées) », poursuit le maire.
En effet, un point presse au CHV, avec un communiqué de presse du 18 décembre 2019, indique clairement « un regroupement des hébergements en EHPAD actuellement situés à Anzin est également prévu sur l’emprise de la Fondation Duvant ».
Bien sûr, il n’y avait pas de calendrier à la clé, car cette signature de convention marquait surtout la naissance d’une collaboration entre le bailleur spécialisé AXENTIA et le CHV. Toutefois, un avis négatif, comme précisé dans la délibération du Conseil municipal, est-il déjà validé ou pas pour cet EPHAD « Doux Séjour » ? That is the question !
« Le programme de Nicolas Fehring est financièrement impossible à tenir », Pierre Michel Bernard
Bien sûr, le paysage politique n’est pas anodin sur cette commune. Sur Saint-Saulve, ville de 12 000 habitants, où à ce jour une seule liste pour les municipales serait en lice, et en l’occurence Anzin, 13 400 habitants, avec un duel potentiel à la clé. Pour rappel, 6 listes étaient sur la ligne de départ en 2014 sur Anzin. « Deux listes de gauche ne se représentent pas cette année. Ensuite, le RN n’a peut-être pas non plus la capacité de réunir autant de colistiers sur cette commune. Un duel est possible le 15 mars prochain », explique Pierre-Michel Bernard. Il faudra analyser ce phénomène un peu plus tard.
Sur son positionnement au sein d’une échelle politique, Pierre-Michel Bernard demeure constant « du centre gauche, je ne suis pas carté comme depuis la 1ère campagne en 2008 », précise-t-il. Sur la liste du candidat maire, vous aurez « la présence de citoyennes/citoyens du PS et du PCF, centre gauche. J’ai indiqué un renouvellement d’un tiers à minima sur ma liste avec un rajeunissement ».
Sur l’autre liste de ce paysage politique local… « c’est l’ancienne formation avant 2008 où Nicolas Fehring était déjà présent ». Le candidat plutôt à droite sur l’échiquier politique a déjà dévoilé son programme, c’est tôt par rapport aux oppositions dans les autres communes, il est donc travaillé très en amont de cette élection.
Sur celui-ci, le jugement du maire sortant est sans appel. « Le programme de Nicolas Fehring est financièrement impossible à tenir. On rase gratis. Je prends un exemple, la cantine gratuite. Quand j’ai baissé la cantine à 1,50 euros. La même personne m’a fustigé sur cette initiative irréalisable, selon lui, d’un point de vue financier. Aujourd’hui, il veut proposer la cantine gratuite, c’est à l’opposé de ces propos précédents. Il omet une chose fondamentale. D’abord, le coût d’un repas est de 10 euros, repas + personnel, mais surtout nous avions eu plus 30% de nouveaux bénéficiaires faisant exploser tous les coûts. Plus globalement, sur l’ensemble de son programme, la seule chose dont il ne parle pas sont les impôts locaux. Comment finance-t-il ce programme ? », assène le maire.
Il rappelle quelques éléments budgétaires tangibles « nous sommes à moins de 3 ans de capacité de désendettement ». Ce chiffre « Roi » en comptabilité publique est synonyme d’une sérénité financière, elle se traduit mécaniquement par une capacité d’autofinancement réelle « d’environ 2 millions d’euros », poursuite le maire.
L’autre donnée de cette élection est un mail de Nicolas Fehring du 19 juin 2018 ou suite à une concorde sur une thématique, en l’occurrence sécuritaire, une « opportunité de rapprochement » aurait pu voir le jour. A la sortie du dernier conseil municipal, Nicolas Fehring soulignait sur cette révélation de courriel que « 60% des propositions de son programme en 2014 avaient été reprises par le maire« … !
« La ville doit conserver une identité », Pierre Michel Bernard
Pierre Michel Bernard est actuellement le 1er vice-président de Valenciennes Métropole, impossible de ne pas aborder cette révolution rampante de la loi NOTRe. En effet, le rôle de l’intercommunalité en France est encore peu perceptible pour le citoyen, mais aussi mal vécu par certains maires comme l’a souligné de nombreux témoignages durant le Grand débat national. « La ville doit conserver une identité. Si l’intervention du maire est réduite aux poubelles et crottes de chien… », conclut-il. Vaste sujet où la place de l’intercommunalité vis à vis du citoyen n’est pas trouvée, loin s’en faut. Sans le peuple, point de salut… !
Daniel Carlier