Le curage du Canal Condé-Pommeroeul vu de la Belgique… !
Le fameux curage du canal improprement appelé Condé-Pommeroeul, car nous parlons seulement de travaux à 98 % du coté Français entre Condé et l’écluse Hensies (coté Belge), est parti depuis juin 2018 sous la houlette de VNF (Voies Navigables de France) coté français. Entretien avec Eric Thiébaut, bourgmestre de la commune d’Hensies (visuel du canal Condé-Pommeroeul du pont Saint-Aybert, on voit en fond de photo l’église de Condé-sur-l’Escaut).
(Visuel écluse d’Hensies)
Eric Thiébaut : « Cette situation était absurde avec un canal opérationnel coté belge et non navigable en France depuis 1992 ».
Un oeil dans le rétroviseur permet de comprendre l’urgence des travaux en cours sur ce canal Condé-Hensies-Pommeroeul dont l’issue en 2022 mettra un terme à cette situation ubuesque à plus d’un titre. En effet, en 1982, un axe de navigation fluvial est validé et rapidement opérationnel sur le coté belge où « des milliards de francs belges ont été investis de notre coté », explique Eric Thiébaut, élu Bourgmestre de la commune d’Hensies pour la 4ème fois depuis 2001, mais également député à la Chambre nationale pour la 4ème fois également, un fin connaisseur de ce vieux dossier !
En 1992, compte tenu d’un envasement marqué du coté français, la navigation fluviale est interrompue. « De fait, plus aucun bateau coté français, mais également sur la partie belge pourtant complètement opérationnelle (visuel à l’appui). Pourtant, ce tracé a une véritable pertinence avec un gain d’une demi-journée de navigation (soit une journée pleine pour un navigant)», commente Eric Thiébaut. Incontestablement, ce canal Condé-Pommeroeul établit une ligne directe entre le canal à grand gabarit (l’Escaut) en France et celui en Belgique (vers Charleroi, Bruxelles, Anvers ). Les péniches de 3 000 tonnes pourront ainsi passer par cette voie fluviale directe vers l’Europe du Nord.
En clair, l’opération est porteuse quel que soit sa configuration. « D’ailleurs, le Canal Seine Nord Europe a du sens même sans le Canal Condé-Hensies-Pommeroeul. Toutefois, le Condé-Pommeroeul est très intéressant, notamment pour les bateaux en provenance de Dunkerque ou Calais. Actuellement, ils doivent passer par Tournai », ajoute le Bourgmestre.
« La région belge va payer à l’Etat français pour le curage de la (petite) partie en Belgique », Eric Thiebaut
Donc, depuis juin 2018, VNF (Voies Navigables de France) a lancé des travaux de curage du canal et rénovation des berges où 5 communes sont concernées Fresnes-sur-Escaut, Condé-sur-l’Escaut, Thivencelle, Saint-Aybert, et Hensies en Belgique.
« En Belgique, la compétence fluviale est régionale, wallonne en l’occurrence. C’est de fait la région qui va financer les rénovations (lourdes) des écluses d’Hensies et de Pommeroeul . Par contre, il était plus judicieux de financer le même opérateur qu’en France pour le volet dragage. La région (belge) va donc payer l’Etat français pour le curage (quelques centaines de mètres) de la partie en Belgique, contre presque 6 km en France », commente Eric Thiébaut.
« La potentialité de la voie d’eau est importante sur le plan économique », Eric Thiébaut
Hensies est une commune de 6 900 habitants située à 20 km de Mons et à 20 km… de Valenciennes. Sa localisation transfrontalière idéale se verra conforter avec cette activité qui va renaître. « La potentialité de la voie d’eau est importante sur le plan économique pour notre commune », précise Eric Thiébaut.
Sur le retard cumulé en France sur ce projet, car rappelons que depuis 2007, une convention France/Wallonie porte sur cette voie navigable, qu’en France le plan Etat/Région 2007/2013 prévoyait déjà ce curage coté français, le député belge pense « qu’il y a eu un réel problème pour boucler le financement. Ensuite, la gestion des sédiments a pesé également sur ce dossier », poursuit-il.
« Je collabore avec Béatrice Descamps sur les sujets transfrontaliers », Eric Thiébaut
Le lien indicible entre les communes françaises et belges n’a jamais été démenti. « Les communes du Pays de Condé sont très proches de l’arrondissement Mons/Borinage représentant 13 communes. D’ailleurs, je collabore avec Béatrice Descamps sur les (nombreux) sujets transfrontaliers. J’ai été reçu dernièrement par Mme la député (21ème circonscription) à l’occasion de l’hommage à Jacques Chirac », conclut Eric Thiébaut.
Daniel Carlier