Denaisis

(Denain) Le PCF parle d’une seule voix pour les municipales 2020

La campagne des municipales avance à un rythme soutenu sur Denain. La section du Parti communiste local a choisi de communiquer, via la presse, sur leur volonté d’une unité politique retrouvée et affichée tant sur un choix d’alliance, ou pas, pour les municipales avant le 1er tour que sur un programme pour les Denaisiens propre au PCF.

(Visuel de gauche à droite Yannick Andrzejczak, David Audin, Patrick Deruelle, et Jean-Marc Cotton)

Un enjeu national à Denain

Face au Rassemblement National dont le socle électoral sur la deuxième ville du Valenciennois est conséquent, la gauche dans toute sa diversité essaye de s’organiser en vue de cette joute épidermique. « Nous avons conscience de nos responsabilités et de l’enjeu national de cette élection à Denain », entame David Audin.

Sur cette division temporaire, Patrick Deruelle (majorité municipale) revient sur un passé récent, mais douloureux : « On ne nous a pas compris en 2014, nous pensions à l’intérêt général pour la ville de Denain. Cette période fut difficile pour nous au PCF ».

Pour sa part, David Audin et Yannick Andrzejczak reviennent sur leurs choix. « Nous avions initialement rejoint le groupe Hebbar. Avec surprise, elle (Sabine Hebbar) nous a indiqué que ce groupe d’opposition ne participerait à aucune commission, alors que c’est là où l’on peut exposer ses idées, faire avancer un dossier. Ensuite, nous avons donc décidé de quitter ce groupe d’opposition. Fort de propositions acceptées pour le dernier budget par la majorité, nous l’avons voté pour la 1ère fois. Aujourd’hui, nous voulons communiquer ensemble, les élus PCF de la majorité municipale (Patrick Deruelle, Isabelle Dherbecourt et Jean-Marc Cotton) et les élus de l’opposition constructive (David Audin et Yannick Andrzejczak). Nos convergences sont supérieures à nos divergences ».

Il est nécessaire de restituer le contexte politique d’hier. Cette division s’inscrivait dans une période (2012/2014) où une hégémonie sans partage du Parti Socialiste régnait sur le paysage politique français « avec une OPA sur le territoire sur plusieurs villes du Denaisis », ajoute Patrick Deruelle. Soyons clair, à l’heure où le P.S cherche un second souffle, un rebond, les autres partis n’ont pas oublié leur capacité à écraser l’adversaire politique, sans ménagement, un point commun entre l’ancien et le nouveau monde, pas de main tendue en politique ! Tout cela est à ranger dans les colonnes du passé.

A la veille de 2020

Depuis cette période, le Rassemblement National est arrivé en force sur le Denaisis. Certes, une élection locale revêt encore un caractère atypique, personnel, un atout politique pour Anne-Lise Dufour à travers sa personnalité engagée, quel que soit son point de vue politique, tranchante si nécessaire, mais cela suffira-t-il pour fédérer ?

De son coté, le PCF/Denain s’organise « autour d’un projet commun. Nous allons élaboré un cahier des charges de gauche et nous verrons (collectivement) si celui-ci est bien reçu ! Ce sera un projet pour les Denaisiens. Nous sommes tous favorables à une union de la gauche afin de battre le Rassemblement National. C’est un principe de réalité », précise David Audin.

« Nous ne voulons pas d’un autre Hénin-Beaumont », poursuit Jean-Marc Cotton s’inscrivant dans une union, mais pas une fusion, de gauche.

La position de LREM

Bien sûr, l’attitude du parti présidentiel va peser énormément sur l’issue d’une liste commune. La rumeur du moment supposerait qu’Anne-Lise Dufour négocie une absence de candidature d’une liste LREM afin de barrer la route à la liste portée par le Rassemblement National. C’est du déjà vu sur le territoire, le duo Borloo/Degallaix avait parfaitement mystifié Delphine Alexandre (LREM) en 2017 en négociant une non candidature aux législatives du parti LREM sur la 21ème. Sur ce point, les élus du PCF sont visiblement dans l’embarras pour répondre. En effet, comment rassembler à gauche sur Denain avec un Emmanuel Macron, comme son programme le mentionnait, déroulant sans surprise une politique globalement de droite économiquement, de gauche au niveau sociétal, voire de droite et de gauche sur la thématique de l’Education nationale.

Dans cette optique, le secrétaire de section local, Fabrice Dellobe, précise « qu’un chef de file sera désigné le 06 septembre prochain à Denain. Toutefois, il doit être validé par le comité national le 12 septembre 2019 d’autant plus pour les villes aussi importantes (politiquement) que Denain». Aucun doute sur l’étude au microscope de cette candidature commune, ou pas, compte tenu que le Secrétaire général du PCF n’est autre que Fabien Roussel, député de la 20ème circonscription. Comment le PCF pourrait adouber une union PCF/PS si LREM soutenait implicitement Anne-Lise Dufour dès le 1er tour, un véritable cas d’école !

« La candidature d’Yvon Riancho est une revanche de 2014 », Patrick Deruelle

Deux candidatures retiennent l’attention du PCF local, Yvon Riancho, l’ancien élu denaisien. « La candidature d’Yvon Riancho est une revanche de 2014. Il n’a que des propos négatifs », tance Patrick Deruelle. « Quel est le sens de cette candidature ? », s’interroge David Audin.

Les élus communistes s’attendent à des alliances d’Yvon Riancho avec d’autres élu(e)s, affaire à suivre…

Le Rassemblement National

Face à une liste poussée par Sébastien Chenu, et un(e) tête de liste officielle qui ne saurait tarder, le « projet (de gauche) est fondamental pour fédérer », conclut David Audin. En une phrase, David Audin résume cette équation complexe.

En effet, si nous additionnons tous les paramètres politiques tangibles : un effet dégagisme inhérent à la présidentielle 2017, renforcé par les mouvements sociaux des 8 derniers mois, une municipalité cataloguée comme une des cibles prioritaires par le Rassemblement National, une gauche émiettée au cours des derniers scrutins électoraux sur le Denaisis, la question qui se pose est la recherche de la meilleure tête de liste pour fédérer toute la gauche, des électeurs de la France insoumise aux électeurs socialistes, un fossé abyssal ? Si les choses ne sont pas claires pour les électeurs denaisiens sous le couvert d’une stratégie politicienne, les difficultés pour conserver le fauteuil majoral seront immenses. De fait, il va falloir convaincre un électorat historiquement de gauche sur Denain, un bastion du PCF pendant des décennies, avec un programme… de gauche !

En digression, mais si peu, à la question « le rachat potentiel de l’église du Sacré-Coeur, est-ce une politique de gauche, et étiez-vous au courant du projet d’achat de l’église du Sacré-Coeur cet été ? », Patrick Deruelle répond « non » ! « D’autres élus étaient-ils au courant ? », l’élu de la majorité ne sait pas quoi répondre…, mais conclut avec justesse « cette proposition n’est pas encore passée au Conseil municipal »… c’est le moins que l’on puisse dire compte tenu de l’enthousiasme débordant des élus du PCF/Denain sur le sujet… ! Avaler une couleuvre, oui, mais au moins avec un petit goût de gauche… !

En une ligne, la politique locale menée par Anne-Lise Dufour est-elle de gauche, aujourd’hui et demain, ou est-ce une course de position pour contrer le Rassemblement National ?

Daniel Carlier

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