Le mal de maire, un vieux sujet tout neuf
Alors que le 7ème art nous révèle le film britannique « Yesterday », une toile savoureuse avec les chansons des Beatles en fil rouge où le défaut de mémoire est la clé ; elle nous fait penser au débat sur le rôle et la fonction du maire de la commune suite à l’inacceptable décès du maire de Signes. Plusieurs édiles du Valenciennois ont d’ailleurs exprimé leur émotion légitime.
Le maire, recherche désespérément un avenir serein…. !
A la présentation du projet de loi « Engagement et Proximité » en juillet dernier, le gouvernement entend donner une nouvelle impulsion, une nouvelle envie aux futurs élus d’un Conseil municipal. Rappelons qu’un sondage du journal Le Monde en novembre 2018 indiquait que 50% des maires en exercice n’avait pas l’intention de se représenter aux élections municipales, même si plus l’échéance se rapproche, plus les motivations s’exacerbent !
L’événement dramatique survenu dans le village de Signes va éclairer plus encore le débat parlementaire associé, la pression de l’AMF (Association des Maires de France) sera maximale, et il est probable que l’exécutif soit très à l’écoute du premier front républicain. Oui, nous pouvons utiliser ce mot (front) tant le fossé s’est creusé entre l’édile d’une commune et ses administrés. Evidemment, la différence entre une commune rurale et une ville est fondamentale, et pourtant les responsabilités pour les maires sont identiques aux yeux de la loi.
Maire un jour, républicain toujours… !
Si toutes ces doléances des maires relatives à la violence, physique (+9% en 2018) ou verbale, sont parfaitement justifiées, elles n’occultent pas le rôle central du maire dans la cohésion sociale.
L’arrivée des réseaux sociaux a donné une autre dimension à la relation entre le citoyen et les élus. La contestation est immédiate, parfois argumentée, parfois totalement basée sur de fausses informations, le tout déclenche une polémique virale où l’information de base est parfois très éloignée du débat sur les réseaux sociaux.
Néanmoins, cette transparence espérée par les citoyens est source de grands changements depuis des décennies. Non, ce n’était pas mieux avant où les partis politiques étaient subventionnés par les grandes entreprises privées avec une grille de rémunération en pourcentage d’un marché public, aujourd’hui le financement d’un parti politique est public ; de même l’égalité entre les sexes voire le sexisme outrancier durant des décennies dans les conseils municipaux n’a plus (ou moins) cours grâce à cette interpellation parfois houleuses du peuple, ou encore les marchés publics attribués avec un conflit d’intérêt avec ou sans enrichissement personnel diminuent drastiquement depuis les réformes successives du code des marchés publics etc. Même si certaines thématiques sont encore d’actualité, pour arriver à ces évolutions structurelles, il a fallu une presse nationale et locale, des lanceurs d’alerte pour dénoncer ces méthodes de gouvernance inappropriées. Tout est loin de se passer sans clientélisme dans nos villages et villes de France. N’oublions rien du tout comme dans le film évoqué dans l’introduction !
Pour autant, le projet de loi du gouvernement aborde des points essentiels, des carences évidentes dans l’exercice de cette fonction, car en 2019 le mandat de maire revêt une grande technicité. Le maire du XXIème siècle a besoin d’une meilleure formation, d’une protection plus importante dans l’exercice de son mandat etc.
D’ailleurs, voici les traits saillants de ce projet de loi sur la table dès la rentrée 2019.
« Le projet de loi Engagement et Proximité vise à répondre à ces attentes et à garantir aux maires, qui s’engagent pour leurs concitoyens, de meilleures conditions pour exercer leur mandat.
– Donner plus de libertés locales aux élus, en confortant chaque maire dans son intercommunalité, en renforçant les pouvoirs de police du maire et en simplifiant leur quotidien ;
– Renforcer et reconnaître aux élus de véritables droits (droit à la formation, à la protection juridique, accompagnement professionnel et familial…). »
Les 15 et 22 mars 2020, les élections municipales 2020 vont rebattre les cartes politiques locales. Gageons que les convictions des partis politiques l’emporteront, ne sombreront pas sur l’autel du pragmatisme local, que les élections vont porter aux responsabilités les meilleur(e)s candidat(e)s, et pas le moins mauvais par défaut de tous les autres, la cohésion sociale est à ce prix. Ne nous trompons pas, cette aspiration à une nouvelle démocratie participative est une chance pour la République française.
La démocratie se mérite, elle ne peut souffrir d’aucune violence physique ou verbale à l’égard d’un(e) élu(e) en fonction, mais réciproquement vis à vis des administrés, et en même temps, elle ne peut accepter aucune complaisance de peur de réveiller les tensions, le remède serait alors pire que la maladie, soyons très vigilant !
Daniel Carlier