Territoire

François de Rugy où l’odeur du crustacé insoutenable

La vie politique et la vie publique sont trop étroitement liés pour les citoyens français. Encore une fois, dans les gouvernements précédents comme dans le nouveau monde, le comportement d’un homme ou d’une femme politique, indépendamment de son job de ministre, est fondamental dans la perception du message et des réformes qu’ils portent (visuels DR François de Rugy aux assises de la transition écologique à Dunkerque).

François de Rugy, comme un écho à la dépense publique… plus contrôlée ?

A première vue, on pourrait souligner des similitudes entre l’été 2018 et 2019 tant la soudaineté de l’affaire, comme le contenu, sont surprenants. Pour autant, ces deux dossiers ont énormément de différences, voire fondamentales.

Concernant l’affaire Benalla, elle sanctionne un comportement inapproprié présumé d’un homme de confiance d’Emmanuel Macron, présomption d’innocence vaut pour tout le monde, elle impactait donc fortement la Présidence de la République. En effet, Alexandre Benalla était un homme choisi directement par Emmanuel Macron. Sa mise en examen a terni l’image du candidat et du Président de la République.

Rien à voir en l’occurrence avec François de Rugy où les faits présumés reprochés à l’endroit du Ministre d’Etat ne sont liés, ni de près, ni de loin, à l’exercice direct de la Présidence de la République. Par contre, son maintien à son poste constituait un pavé dans le jardin de chaque maire soutenu directement par LREM, et dans le Valenciennois à Laurent Degallaix.

Donc aucun étonnement quand Benjamin Griveaux, candidat LREM sur Paris, Gabriel Attal ou Marlène Schiappa, membres du gouvernement, commencaient à émettre des critiques ouvertes ! Ces politiques le savent parfaitement, ils ne veulent pas d’une campagne perturbée par l’odeur des crustacés, le soupçon d’un argent public dilapidé etc., trop pesant, impossible à gérer sur le terrain. François de Rugy a pris la seule décision qui s’imposait dans ce contexte intenable.

En 8 jours, malgré toute l’importance du Ministre d’Etat et des dossiers qu’il doit défendre au moment même où l’écologie prend une autre dimension populaire, sa place était en sursis. La question n’était plus, François de Rugy peut-il rester en poste en sachant qu’il sera un symbole des candidats aux municipales opposés aux postulants LREM ou assimilés, mais quel est le jour de sa démission lui laissant le soin par ailleurs de faire la lumière sur les différentes allégations.

Tout chose étant égale par ailleurs, il serait nécessaire qu’à l’instar de la fin des années 80 où les partis politiques ont été financés officiellement par des fonds publics et plus par les généraux donateurs privés, voire grandes entreprises, une clarification nette soit encore plus marquée entre une dépense privée et publique.

Exemple, le 21 juin dernier, la venue de Gérard Larcher, le Président du Sénat, suite au soutien officiel de LREM à Laurent Degallaix pour les municipales fut ponctuée d’un déjeuner entre certains grands élus du Valenciennois. Ce repas était privé ou public ? Chacun a-t-il réglé son addition à titre personnel ? Cette visite ne s’inscrivait dans aucune inauguration publique voire événement public, sauf la remise de la médaille à Cécile Gallez, donc cette simple question se décline pour toutes les dépenses des élus locaux, communautaires ou parlementaires ? Incontestablement, le bon sens souligne que ce repas était de caractère privé, voire dans le cadre d’une dépense d’un parti politique, mais jamais sur les fonds d’une institution publique, quel que soit son rang. Les Valenciennois aimeraient savoir qui a réglé l’addition, voire les additions, de ce repas du 21 juin entre amis ???

Daniel Carlier

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