L’ANRU 2 à Denain, c’est parti !
A la veille d’une parenthèse estivale pour de nombreux français(e)s, une signature clé est intervenue ce jeudi 11 juillet à l’hôtel de ville de Denain. En effet, dans le cadre de la poursuite d’une rénovation urbaine majuscule, la convention entre l’ensemble des partenaires de l’ANRU 2 a été signée officiellement (visuel Place Gambetta, 1er site ANRU 2 sur Denain).
Anne-Lise Dufour : « Vous noterez que le Rassemblement National n’a pas voté en faveur de ce programme de rénovation urbaine sur Denain au sein du Conseil régional des Hauts-de-France »
Un aréopage de choix représentant la grande diversité des partenaires du NPRU (Nouveau Programme de Rénovation Urbaine), initié par Manuel Valls, était à Denain ce jeudi 11 juillet. Après une visite des chantiers organisée par l’équipe municipale, les signataires ont validé le document officiel de la déclaration d’engagement de l’Etat et des autres partenaires pour ce nouvel opus de la rénovation urbaine sur Denain.
« C’est un engagement irréversible », Daniel Barnier
Pour bien comprendre l’enjeu de cette signature collégiale, elle marque le coup d’envoi de toutes les opérations comprises dans ce programme de rénovation urbaine, improprement dénommé ANRU 2 ( mais c’est le NPRU) sur le Valenciennois. « C’est un engagement irréversible, une étape importante. Toutes les opérations peuvent démarrer sans attendre », explique Daniel Barnier, préfet délégué pour l’égalité des chances auprès du préfet de la région Hauts-de-France.
Concrètement, cette signature valide un financement ANRU 2 de 125 à 130 millions d’euros sur la ville de Denain, tous les partenaires confondus. Cette manne financière bienvenue se décline avec plus de 33 millions d’euros de l’Etat, 17 millions d’euros la Porte du Hainaut, 10 millions d’euros de la ville de Denain, mais également 6 millions d’euros en provenance du Conseil régional des Hauts-de-France sauf que… ! « La région Hauts-de-France veut poursuivre ce renouvellement urbain sur Denain, elle a voté une participation de 6 millions d’euros le 02 février 2017. Toutefois, je signale que par deux fois, l’opposition (donc le Rassemblement National) n’a pas voté ce financement en faveur de l’ANRU 2 sur Denain », précise Olivier Capron, conseiller régional Hauts de France, un local de l’étape. Cette donnée tangible mérite un éclairage plus poussé en fin de sujet.
Après l’ANRU 1, le NPRU
Grâce à Jean-Louis Borloo, l’ANRU était le bien né de la rénovation urbaine en France. Inutile de redire le lourd passé industriel dans la deuxième commune du Hainaut, sous la conduite de Patrick Roy, la ville de Denain a donc profité de cette première manne financière bienvenue. « Au Faubourg du Château, nous avons bénéficié de 106 millions d’euros pour réhabiliter ce quartier. Pour cette ANRU 2, le programme est parfaitement cadré, la rue Villars, la Place Wilson, le fameux quartier de l’îlot Basly (aujourd’hui rasé), et la Place Gambetta dont les travaux ont déjà démarré, l’ANRU 2 a déjà planté son drapeau. Pour parler chiffre, cette rénovation urbaine de la Place Gambetta coûte 2,7 millions d’euros et la ville n’investit que 400 000 €», détaille Anne-Lise Dufour.
Pascal Jean, l’autre local de cette signature, vice-président au sein de la Porte du Hainaut, met en exergue : « Durant cette visite, nous avons constaté que l’ANRU 2 ne sera même pas suffisant sur Denain, il faudrait un ANRU 3, voire 4. Pour sa part, la Porte du Hainaut injecte 17 millions d’euros dans ce programme urbain sur Denain ».
Le directeur national de l’ANRU, Nicolas Grivel, soulignait l’intérêt d’une visite de terrain. « Nous avons pu découvrir ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Sur Denain, les enjeux sont très forts, il n’est jamais facile de reconstruire la ville sur la ville ». Le responsable de l’ANRU pointe du doigt également la particularité de cette deuxième couche de rénovation urbaine. « C’est un programme atypique avec notamment de l’habitat très dégradé en centre-ville avec de nombreux logements vacants. Au niveau temporel, cette signature permet d’enclencher toutes les opérations même si cette programmation se déclinera sur plusieurs années », ajoute-t-il.
Frédéric Roussel, d’Action logement, gros contributeur de cette NPRU, explique : « L’enjeu est très lourd sur Denain. Par ailleurs, il est impératif de poursuivre cette action de manière continue, logique, et cohérente. Ensuite, malgré le coté massif de l’ANRU 2, nous sommes bienveillants, on fait de l’humain ».
Une « Maison des projets »
La particularité ce ce volet NPRU sur Denain réside dans le nombre d’équipements associés. « Il faut toucher tous les sujets du cadre de vie », souligne Daniel Barnier. En effet, le programme dans le détail comprend une école, des aménagements de places (Wilson, Gambetta), des espaces de verdure, mais également des lots multiples en terme de logements, R+2 maximum, favorisant la plus grande mixité sociale possible au sein de l’îlot Basly,.
Anne-Lise Dufour conforte cette vision globale : « Avec un logement, vous avez des enfants, une école etc. C’est pourquoi, nous allons construire les projets avec la population. Certains aménagement sont déjà validés comme la Place Gambetta. Pour le reste, nous devons co-construire, notamment en centre-ville. Par exemple, nous avons 8 places de crèche pour 20 000 habitants. A ce titre, une Maison des Projets sera ouverte près de la salle Aragon ».
Un vote perdant-perdant pour le Rassemblement National !
En ne votant pas la subvention par deux fois en faveur du plan ANRU 2 dans l’hémicycle régional, le Rassemblement National a tendu la perche politique à la majorité municipale locale. « Vous noterez que le Rassemblement National n’a pas voté en faveur de ce programme de rénovation urbaine sur Denain au sein du Conseil régional des Hauts-de-France », tance Anne-Lise Dufour, la première magistrate.
Pour le coup, il sera complexe pour la liste portée par Sébastien Chenu de justifier ce vote. En effet, le fait politique de voter pour une subvention locale ne cautionne en rien le déroulé des lois initiées par le gouvernement, ni même un blanc-seing au Conseil régional, mais concrètement un soutien financier pour une ville dont la lisibilité urbaine est encore très marquée par son passé industriel traumatisant. Sauf erreur, Anne-Lise Dufour n’est pas cartée LREM, et dire que son parti politique n’est pas en symbiose avec l’exécutif est un euphémisme. Pourtant, la ville est moteur pour bénéficier d’un programme de rénovation urbaine complémentaire au premier volet de l’ANRU.
« Certes, l’Etat peut beaucoup, mais il ne peut pas grand-chose sans une volonté politique locale très marquée », ajoute Daniel Barnier.
Pour porter un regard politique, il est très symptomatique de constater que depuis des décennies, les partis politiques (et pas seulement le RN EX FN) n’ayant jamais accédé au pouvoir s’embarquent dans des votes galères où un effort d’imagination lunaire sera nécessaire pour justifier cette absence. Il serait ô combien plus facile de souligner les carences d’une équipe municipale, toute obédience confondue, et de noter que sur ce point…, vous participez en responsabilité à l’engagement en faveur des habitants, ceux que vous croisez les yeux dans les yeux. C’est si simple, mais visiblement trop compliqué pour les grands partis politiques. Je croyais pourtant qu’en 2017, le couperet électoral était passé par là, mais la pratique politique n’apprend rien de son propre monde de fonctionnement passé, c’est consternant !
Le prochain best-seller de l’année 2019, probablement rédigé par un enfant de six ans, sera sans doute la « Politique pour les nuls », on Rugy de gourmandise dans l’attente de cette lecture !
Daniel Carlier