La personne handicapée a toute sa place à l’UPHF
Au milieu de cette semaine Handi’Week, la signature d’une convention entre l’Université Polytechnique Hauts-de-France et le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), mais également entre deux communes et cet organisme public, constitue le temps fort pour l’avenir des personnes en situation de handicap sur le Valenciennois (Marc Desjardins, directeur général du FIPHFP).
Marc Desjardins : « J’ai fait part de la nécessité d’une réforme du financement du FIPHFP »
Très méconnu, le FIPHFP fut porté sur les fonts baptismaux par la loi du 11 février 2005, sous Jacques Chirac, et mis en place fin 2006. Le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique, finance les actions de recrutement, de maintien dans l’emploi, de formation et d’accessibilité des personnes en situation de handicap dans les trois fonctions publiques (ministères, villes, conseils départementaux et régionaux, hôpitaux…).
Son action est facilement quantifiable. En effet, depuis sa création le taux d’emploi des personnes en situation de handicap, dans la fonction publique, est passé de 3,74 % en 2006 à 5,61 % en 2018. « Concrètement, cela s’est traduit par 160 000 personnes en situation de handicap dans la fonction publique en 2005 à 250 000 en 2018 », précise Marc Desjardins.
Sur leValenciennois, ce fonds public est un soutien indispensable du Cap Emploi Grand Hainaut (www.capemploigrandhainaut.fr), d’une convention récente avec le Centre Hospitalier de Valenciennes (www.ch-valenciennes.fr), 1er employeur de la commune, et aujourd’hui signataire avec le monde universitaire, mais également avec des collectivité locales exemplaires.
Certes, ces signatures ne sont pas le moment le plus spectaculaire de cette semaine Handi’Week, entamée par une conférence magistrale d’Axel Kahn, mais cet événement collégial imprime bien plus que de l’encre sur du papier. En effet, cet engagement avec le FIPHFP doit conforter un engagement ambitieux. « Le taux moyen d’emplois des personnes handicapées dans les universités françaises est de 3,5% en moyenne. Vous étiez déjà à 4,8% et cette convention entre l’UPHF et le FIPHFP devrait vous permettre d’atteindre les 5,6% », explique Marc Desjardins, directeur général du FIPHFP.
Cette subvention entre l’Université et ce fonds public est dotée de 440 000 € sur 3 ans, abondé à 60 % par le FIPHFP et 40% par l’UPHF.
En prenant un peu de hauteur par rapport à cette manifestation locale. Marc Desjardins met les pieds dans le plat du financement de ce fonds public. « Nous nous sommes tirés une balle dans le pied avec cette hausse du taux d’emploi des personnes en situation de handicap », dit-il avec une pointe d’humour… ! De fait, les ressources se tarissent mécaniquement « nous sommes au bout de nos réserves. Notre budget est passé de 200 millions d’euros à 110 millions d’euros. J’ai fait part (au gouvernement) de la nécessité d’une réforme du financement du FIPHFP », conclut Marc Desjardins.
« L’Université est un modèle réduit de société », Abdelhakim Artiba
Cette volonté d’intégration des personnes en situation de handicap au sein du monde universitaire vient de loin. « Sur l’Université de Valenciennes/Cambrai/Maubeuge, nous étions à 0,8% en 2013 sur la part d’emplois obligatoires. Aujourd’hui, nous sommes à 4,88% en 2017 », déclare Abdelhakim Artiba, le président de l’UPHF. Ce long chemin fut parsemé d’initiatives envers les enseignants, les agents, mais également les étudiants comme le Guide de l’Etudiant en situation de Handicap le démontre (www.uphf.fr/ISTV/guide-de-letudiant-en-situation-de-handicap).
Bien évidemment, une université, à Valenciennes comme ailleurs, « est un modèle réduit de société. Cette convention sur 3 ans, du 01 janvier 2019 au 31 décembre 2021, nous permettra d’atteindre l’exemplarité (donc les 6%) », poursuit le président.
« Mieux vivre ensemble, mais tous ensemble », Pierre-Michel Bernard
Le premier magistrat de la ville d’Anzin était également le signataire privilégié d’une convention avec le FIPHFP. Précisons que pour arriver à ce stade de collaboration directe, il est indispensable d’agir en la matière au point que les soutiens traditionnels récurrents ne suffisent plus. « Nous visons le mieux vivre ensemble, mais tous ensemble. Dans cette optique, nous avons atteint 30 salariés en situation de handicap, soit 10% de notre effectif. A ce titre, nous avons utilisé le contrat d’apprentissage aménagé avec un objectif de pérennisation de tous ces emplois », précise Pierre-Michel Bernard.
« Le 1er argument est la compétence », Grégory Lelong
Autre ville signataire d’une convention avec le FIPHFP, la ville de Condé-sur-l’Escaut est également très en pointe sur la thématique du handicap. « Nous avons 23 agents en situation de handicap, soit 9% de notre effectif. Toutefois, je précise que le 1er argument pour l’embauche d’une personne en situation de handicap est la compétence. D’ailleurs, nous avons des salariés en situation de handicap dans le service informatique, espace vert, restauration etc. », précise l’édile du chef lieu du Pays de Condé.
Pour rappel, la ville de Condé-sur-l’Escaut fut la première signataire dans le Valenciennes, en juin 2016, pour une formation S3A. Cette dernière vise à former les agents publics à l’accueil des personnes en situation de handicap mental. La ville d’Anzin n’est pas en reste avec une adhésion à cette démarche S3A en novembre 2018.
Bien évidemment, ces deux communes du Valenciennois ne sont pas les seules à agir dans l’arrondissement sur cette thématique du handicap, mais au final, elles ne sont pas assez nombreuses à s’engager vigoureusement dans cette démarche sociétale… pour tous ! Et si la DGF (Dotation Générale de Fonctionnement) des collectivités locales devenait, sous peine d’une règle proportionnelle, concomitante du respect du seuil des 6% d’emplois de personnes en situation de handicap dans l’effectif de la commune… Bizarrement, le curatif est plus efficace que le préventif, ça c’est un scoop !
Daniel Carlier