Un débat musclé pour le Rapport d’Orientation Budgétaire à Marly
Pour le dernier budget plein dans toutes les communes avant les municipales 2020, le débat sur l’orientation budgétaire, tout comme le vote du budget primitif, sont et seront des marqueurs pour les prochaines échéances municipales. Aucune surprise, à Marly, la température est montée dès le premier son (visuel Moulin Souverain, travaux pour la gestion des crues en vue).
(Visuel site de construction de la restauration du Groupe scolaire Marie Curie)
A la sortie de cette bataille politique, à brûle-pourpoint, on pouvait dire que lors des derniers conseils municipaux, l’opposition diverse et variée avait pris l’avantage incontestablement. Sur ce dernier conseil, la majorité a repris du poil de la bête, et marquer le point sur certains faits tangibles. Les camps s’équilibrent et la situation sera nettement plus clarifiée lors du prochain vote du budget.
Médiatisation
Le premier magistrat évoque d’abord les cahiers de doléances dont le succès médiatique est indéniable, un bon coup de com : « Nous avons ainsi recueilli près de 500 témoignages, que nous sommes allés déposer en Sous-Préfecture de Valenciennes. L’union doit désormais être le maître mot du mouvement, pour plus de justice sociale, des avancés sur le pouvoir d’achat, et une reconnaissance de la parole des Français. Le Président de la République et le gouvernement ont proposé d’écouter leurs concitoyens, encore faut-il les entendre ! ».
S’il fallait retenir une idée unitaire à ce mouvement des Gilets Jaunes, malgré l’éparpillement des revendications parfois totalement contradictoires, tous s’accordent à dire que cette situation vient d’un oubli des gouvernants sur l’état de précarité de la population française depuis 30 ans minimum. Pour autant, ils balayent tous du revers de la main cet arriéré social, ils regardent la fin du mois, les mesures immédiates, une bouée de sauvetage, et n’attendent pas une explication, même pertinente, à leur inextricable quotidien. Chaque maire en campagne politique devrait s’inspirer de cette gourmandise de la population sur les solutions pour demain, et pas les non choix d’outre-tombe… !
Le ROB 2019
D’entrée de jeu, Rita Cannas de la majorité municipale, s’exprime au nom du groupe des « élus socialistes, démocrates, et républicains », composé de six membres, pour poser quelques questions sur le Rapport d’Orientation Budgétaire. Elle a posé des questions chirurgicales sur les recettes de fonctionnement, le ratio de désendettement, les produits exceptionnels, les effectifs service par service etc. voire la capacité d’autofinancement nette, peu de réponses sauf sur les recettes exceptionnelles, pas d’autres réponses en public.
Concernant ce ROB, Jean-Noël Verfaillie commente « mais où est passé le ROB 2018, il a disparu ? Notre endentement est en hausse, notre capacité d’autofinancement diminue. De toute façon, le vote du budget de Marly se passe à Valenciennes Métropole dorénavant ». Ensuite, il reprend à travers une énumération du ROB 2018, la similarité des rendus « le ROB 2019 est un copié/collé de 2018, le DGS n’a pas eu besoin de beaucoup travailler ».
La capacité d’autofinancement est le baromètre d’une commune avec un potentiel d’investissement tangible. A défaut, la commune doit se tourner vers l’intercommunalité pour réaliser les chantiers qu’elle n’est pas en capacité de faire en propre, même largement subventionnée, un classique dans de nombreuses communes du Valenciennois.
Pour sa part, Christian Chatelain, pour le Parti.Socialiste, se félicite que la fiscalité locale n’est pas augmentée depuis 2009, une vie associative avec près de 110 structures soutenues financièrement, encore en 2019, pour un montant de 500 000 €, les travaux (nécessaires) sur les écoles, les salles de sports etc. tout en comblant un déficit issu de l’ancienne majorité.
De son coté, Jérome Leman, répond avec virulence : « Effectivement, les choses qui fonctionnent se répètent année après année dans une collectivité. J’en ai assez des attaques personnelles sur les agents de la commune. Oui, il y a des agents et des politiques qui bossent à Marly ».
Ensuite, Didier Cayet, adjoint aux finances, attaque fort : « Vous n’étiez pas là en 2008, 2009. Connaissez-vous la situation financière, notre niveau d’endettement en 2008 à Marly ? »… « Depuis 2008, nous avons réalisé un seul emprunt de 500 000 euros. Bien sûr, l’emprunt pour les carrières n’était pas indispensable, mais je fais attention à ne pas l’entamer. D’ailleurs, la commune a payé sur ses fonds propres près de 200 000 € des travaux en lien avec le comblement de ses carrières »… en filigrane le message est le suivant, la commune n’est pas dans un état aussi désespéré en terme financier.
« Vous auriez du lire le rapport de KPMG. On n’avait pas le choix, c’était une augmentation de 30% de la fiscalité locale en 2009 ou une mise sous tutelle », tance le maire.
Marie-Thérèse Ledrole ne manque pas à l’appel. « Je suis ravie que vous approuviez l’ascenseur pour PMR dans l’école Hurez, tout comme l’aménagement de la RAM. Pour autant, nous n’avons reçu aucune subvention du Conseil départemental du Nord ». L’ancien conseiller général, aujourd’hui locataire du fauteuil majoral de la commune, appuie sur cet item. « Sur mon dernier mandat de Conseiller général, j’ai rapporté à la commune de Marly 19 millions de subventions. De votre coté, depuis 2015, c’est 20 000 €, et encore c’est une étude que j’ai demandé personnellement à Jean-René Lecerf ! ».
Pour être totalement objectif sur ce détail, on peut ramener dans la besace de tous les Conseillers départementaux du Valenciennois de cette mandature, de gauche ou de droite, la réalisation du Contournement nord que l’ancienne majorité P.S n’a jamais été en capacité de mettre en oeuvre. C’est un travail collectif dont Marly bénéficie comme toutes les communes du Valenciennois.
Enfin, en introduction, Fabien Thiémé entame son propos : « Aux chiffres, on fait dire ce que l’on veut, j’ai quelques heures de vol ».Ensuite, il a indiqué une stabilité des recettes de fonctionnement par rapport à l’année 2018, une dette s’élevant à 9 605 690 euros au 31 décembre 2018, plus d’emprunts à risque (déjà annoncé en 2018), une très légère diminution de la DGF (15 000 €), une hausse de la DSU (Dotation de la Solidarité Urbaine) de 47 154 euros, et une très légère augmentation de la péréquation nationale de 1 823 €. « La masse salariale reste maîtrisée avec la recherche permanente d’économies, le non-remplacement systématique des départs à la retraite… », poursuit-il. Enfin, il amène une explication circonstanciée des éléments pesant sur le budget. En clair, la marge de manoeuvre de la commune de Marly est très réduite, ce qui n’empêche pas des projets de sortir.
Le coup politique
Une pique n’a d’intérêt que si le moment choisi est le bon. A la suite de reproches à l’endroit de Jean-Noël Verfaillie sur son absence de soutien financier comme Conseiller départemental au bénéfice de Marly, il place une flèche bien préparée. « Ecoutez la dernière, lundi dernier au Conseil départemental, une motion portée par Jean-Claude Dulieu en faveur du maintien de la desserte TGV sur Valenciennes a été votée par tous les élus, même le président Jean-Renée Lecerf (avec une intervention à la clé), sauf une abstention, celle de Jean-Noel Verfaillie ! »
Cette motion ci-jointe (bas du paragraphe) « La desserte TGV dans le Nord Pas de Calais en sursis » visait à défendre le maintien des arrêts TGV sur Valenciennes, Douai, et Dunkerque. Ce choix (non définitif) de la SNCF s’inscrit dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. « J’avais déjà diffusé une lettre ouverte sur le sujet le 10 décembre dernier à l’attention de la directrice régionale de la SNCF. Tout le monde rigolait à l’époque… Aujourd’hui, le maire de Valenciennes m’a soutenu lors du denier Conseil municipal. Jean-Noël Verfaillie fut la seule abstention dans l’hémicycle», souligne Jean-Claude Dulieu contacté sur ce vote (Motion:JC.Dulieu)
Le leader de l’opposition municipale n’a pas répondu directement en séance publique, tout en soulignant que « les Marlysiens veulent un maire, pas un conseiller départemental, régional ou parlementaire ». Interrogé après sur cette abstention, Jean-Noel Verfaillie précise « je ne suis pas contre la desserte du TGV à Valenciennes, mais je n’étais pas d’accord sur l’argumentaire relatif à l’ouverture à la concurrence ». Un geste politique pour l’opposition qui sera difficile à expliquer à plus long terme !
Héritage de…
Le danger d’une référence permanente à l’héritage est que nous sommes tous l’ héritier de quelque chose, ou de quelqu’un ! Prenons un exemple factuel sur Marly, la majorité s’est félicitée de la réalisation d’un ascenseur pour PMR au sein de l’école Hurez, dossier ayant fait l’unanimité. Si nous remontons le temps, il émanait d’une proposition de Francis Poiriez, ancien élu de l’opposition parti en Corrèze, en commission municipale. Et si nous remontons encore plus loin, cette proposition est venue sur la table, car la loi de février 2005 de Jacques Chirac sur les différents handicaps arrivait à échéance en 2015. Et encore, malgré son immense mérite, elle fut trop clémente car le timing a permis aux sites en capacité d’accueil du public d’attendre les 10 ans… avant de bouger le petit doigt. En effet, l’immense majorité pour ne pas dire la quasi globalité des collectivités locales avait toujours plus urgent que de réaliser un équipement pour les PMR. Donc, le coup de l’héritage, on repassera, car ni la majorité, ni l’opposition n’auraient bouger un cil pour les PMR… !
Une petite phrase bien mal placée… !
Dans l’enthousiasme de cet uppercut politique relatif à cette motion TGV, Fabien Thiémé trop confiant, tel Hugo Loris en finale de la Coupe du Monde, lâche une phrase à l’encontre du Conseil départemental du Nord sur le manque de moyens alloué à la Protection de l’Enfance dans le cadre des enfants placés suite à une décision de justice, le ton du premier magistrat était indigné. Oui, à des chiffres, on fait dire ce que l’on veut… !
En effet, sur le volant d’enfants placés chaque année, une minorité le sont pour des raisons de violence, danger imminent etc. Bien sûr, en l’espèce, il n’y a aucune discussion sur l’impératif de protection des enfants. Par contre, une majorité d’entres eux sont placés suite à une défaillance parentale, absence répétée à l’école, carence alimentaire, manque d’hygiène la plus élémentaire… Cela peut se concrétiser suite à un signalement de l’école (obligatoire jusque 16 ans), de l’assistante sociale dont le pouvoir hégémonique pose question… ! Ainsi, cette démarche officielle conduit la famille devant le juge et généralement un placement minimum de 6 mois des enfants dans les foyers ou les familles d’accueil. Et à chaque fois, cela constitue (sauf cas de danger imminent) un traumatisme à vie pour les enfants quel que soit la défaillance parentale totalement avérée, aucune excuse sur le sujet.
En résumé, la réflexion du Conseil départemental du Nord depuis 2015 fut de mettre tous les acteurs autour de la table afin de mettre en oeuvre le maximum de solutions possibles en terme d’accompagnement, de suivi au plus près, de surveillance etc., tout pour éviter le cataclysme d’un éclatement temporaire d’une fratrie, dévastateur pour la cellule familiale. Donc, pour faire un parallèle, cette phrase balancée à la volée reviendrait à critiquer la santé publique sur son appétence à maintenir un patient à son domicile avec les soins adaptés, voire une offre ambulatoire, afin d’éviter l’hospitalisation à 2 000 € la nuit. Alors, où est l’intérêt de l’enfant (sans danger imminent)… trouver une solution d’accompagnement (moins chère) afin de ne pas exploser la famille façon puzzle ou de placer mécaniquement l’enfant dans une structure tierce. La politique mérite-t-elle que l’on jette en pâture les mineurs…sans expliquer les tenants et les aboutissants d’une thématique ô combien sensible ?
Daniel Carlier