Valenciennois

La fragilité de Dominique A au Phénix.

Sa silhouette ne passe pas inaperçue, il faut le voir, ce colosse, crâne glabre et mâchoire carrée, entonner d’un timbre doux et solaire, des morceaux dont la violence contenue ne peut laisser insensible. La voix singulière de la chanson française sera sur scène au Phénix vendredi 14 décembre à 20h, avec en première partie Kùzylarsen et Alice Vande Voorde.

Le gâteau et la cerise. Ça tombe bien, puisqu’en 2018, Dominique A a fêté son demi siècle et publié à la clef deux albums, l’un électrique Toute latitude, l’autre acoustique, cet automne, La Fragilité. Allez hop !

Au milieu des années 1990, un tube Le Twenty-Two Bar l’a placé en chef de file d’une nouvelle chanson française, aux côtés de Miossec ou Katerine. En 2012, le Nantais revenait en pleine lumière avec Vers les lueurs. Puis Éléor poursuivait dans cette veine lumineuse, mélancolique et aérienne. Des années de succès et des collaborations avec de nombreux artistes, Jane Birkin, Yann Tiersen, Vincent Delerm, Calogero ou encore Alain Bashung…pour qui, il avait écrit et composé Immortels, pour Bleu Pétrole.

Non retenue sur cet album, Dominique A la fera figurer sur le sien, La Musique, sorti en 2009, quelques jours après la mort de Bashung. Mais Immortels figure sur l’album posthume de Bashung, En Amont, sorti en novembre dernier. Entre les deux mon coeur balance, fortes toutes les deux d’ une fragilité toute particulière, une perle en version Dominique A, une pépite en version Bashung… On ne résiste pas à vous livrer quelques paroles « je ne t’ai jamais dit mais nous sommes immortels. Pourquoi es-tu parti avant que je te l’apprenne ? Le savais-tu déjà? Avais-tu deviné ? Que des dieux se cachaient sous des faces avinées», alors que « et toi qui n’es plus là, c’est comme si tu étais plus immortel que moi mais je te suis de près » résonne sensiblement presque 10 ans après sa mort. Peut-être que vendredi soir, le chanteur et écrivain, l’aura placée dans la setlist du concert…tout comme la sublime première chanson de l’album La fragilité, La poésie, écrite en hommage à Léonard Cohen, « la poésie s’en est allée…»

À découvrir ou à revoir, en première partie, Kùzylarsen.

Encore des vraies paroles, on est gâté! Kùzylarsen a sorti son premier album en octobre dernier Le long de ta douceur. Vous allez me dire on ne choisit pas un CD à son titre, ni une bouteille de vin à son nom! Mais quand même… Des textes qui évoquent tour à tour amour, sensualité, mais aussi les conditions humaines qui paraissent insupportables. Sur scène, Kùzylarsen s’accompagne d’un oud, bel instrument à corde des pays du sud et de l’est, sa voix est colorée par celle d’Alice Vande Voorde. Un univers onirique, où la recherche du beau permet de dépasser la réalité parfois sombre! Une preuve? La chanson, L’amour et la guerre, texte du poète iranien du VIIIe siècle Abu Nawas: «nous, nous n’avons d’autres arcs que nos mains. Des lys candides sont nos flèches.»

On laisse les mots, les paroles de la fin à Dominique A « Ce que tu as, de plus précieux, ce qui te fait garder les yeux, ouverts, ta fragilité » C.Q.F.D.

Céline Druart Beaufort

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