Le décrochage scolaire n’est pas une fatalité au Lycée Mansart à Marly
Fait de société incontournable, tous les acteurs publics, voire privés, essayent à leur niveau de lutter contre le décrochage scolaire. En l’occurrence, le lycée professionnel Mansart, situé à Marly, s’est inscrit dans une démarche très ciblée sur le sujet avec l’appui indispensable de l’Etat de proximité (Visuel Mme Duvivier, M.Dubiquet, Mme Roiron, et M. Rock).
(Jeunes diplômé(e)s avec les acteurs de cette opération)
Kathy Duvivier, directrice : « Une adhésion de l’équipe pédagogique »
C’est une récurrence inquiétante, mais chaque responsable d’un établissement scolaire constate, que ce soit le cycle professionnel, comme le général, que des jeunes perdent le fil du système éducatif, décrochent peu à peu, et au final sortent de la scolarité. Le plus inquiétant est qu’au fil de l’eau, il devient évident que ce décrochage ne concerne plus des élèves en seconde, ou troisième, mais déjà les jeunes apprenants en sixième, voire CM2. C’est pourquoi, toutes les expériences pour combattre ce fléau, d’un échec patent du devoir éducatif de notre République, est à mettre en exergue avec une étude des résultats à la loupe.
A la manoeuvre l’ancien Sous-Préfet de Valenciennes, Thierry Devimeux, a validé une expérimentation à l’automne 2017 au sein du Lycée Mansart à Marly. « Nous avons tout d’abord réaliser un repérage parmi des jeunes décrocheurs potentiels. L’absence perlée, et récurrente, le manque total de participation aux différents apprentissages, voire les difficultés scolaires, sont les symptômes classiques d’un futur décrochage scolaire », entame Kathy Duvivier.
Fort de ce diagnostic, dix jeunes (9 garçons, 1 fille) furent ciblés avec un objectif limpide… ! « Nous voulions qu’ils ne sortent pas du système scolaire, qu’ils réussissent aux examens », ajoute Kathy Duvivier. A noter un fait de terrain, il existe beaucoup plus de décrochage scolaire chez les garçons en France.
Encadrement à succès
Pour accompagner ces jeunes, l’élève fut entouré par un tuteur au sein de l’équipe pédagogique du Lycée Mansart, et un parrain dans une entreprise partenaire issue de la FFB (Fédération Française de Bâtiment). « Je tiens à souligner une adhésion de l’équipe pédagogique du Lycée Mansart. D’ailleurs, nous parlons de persévérance scolaire, moins de décrochage scolaire », ajoute la directrice.
Ensuite, la bonne surprise est que, déjà à l’automne 2017, cinq entreprises du bâtiment se sont proposées pour ce partenariat. « A ce titre, le Sous-Préfet de Valenciennes avait organisé un cocktail avec les jeunes, les tuteurs, et les entreprises pour un échange. Au cours de cette réception, des liens se sont tissés entre jeunes et chefs d’entreprises permettant ces stages en immersion. Je remercie M. Dubiquet, Président de la FFB du Hainaut pour sa participation à cette initiative », précise Kathy Duvivier. Bien sûr, cette opération était validée par l’Education nationale, et son inspectrice académique, Claude Roiron, Directrice académique adjointe secteur Valenciennes.
Cette expérience chirurgicale tout au long de l’année scolaire 2017/2018 s’est traduite concrètement par des résultats très probants., et c’est bien cela l’essentiel. « Sur dix jeunes participants à cette expérience (5 en CAP Pro, et 5 en 1ère Pro). Trois jeunes ont obtenu leur BEP, 2 l’ont raté avec une poursuite du cycle, 3 ont eu également leur CAP, 1 redoublement, et un jeune parti dans un autre territoire. C’est globalement une réussite totale, car ces jeunes ne sont pas sortis du système éducatif, alors qu’ils étaient ciblés comme futur décrocheurs. L’équipe pédagogique est très satisfaite », ajoute Kathy Duvivier. Pour mettre en valeur ce succès collectif, une cérémonie de remise des diplômes s’est organisée le 21 juin 2018.
Incontestablement, cette démarche ultra ciblée est instructive à plus d’un titre. D’ailleurs, la Voix du Nord a consacré un sujet sur Remi Legroux, un jeune bénéficiaire de ce dispositif passant en Terminal Pro. Ce dernier pousse le trait jusqu’à tutorer un jeune en 1ère Pro, bel engagement citoyen.
Cette initiative devrait être reconduite pour l’année 2018/2019. En effet, le nouveau Sous-Préfet de Valenciennes, Christian Rock, s’est inscrit dans la continuité, car la lutte contre le décrochage scolaire est une problématique nationale de premier plan. Cette opération est quasi chirurgicale, car » nous n’avons pas les moyens humains de généraliser ce suivi avec un tuteur pédagogique, plus un parrain dans l’entreprise, à l’ensemble de nos apprenants « , conclut Kathy Duvivier. Pour autant, sa pertinence souligne qu’aucun enfant de la République n’est prédestiné à devenir un décrocheur… !
Daniel Carlier