Valenciennois

L’inclusion scolaire au quotidien

A Saint-Saulve, la Journée Portes Ouvertes au sein du SESSAD André Launay constitue une opportunité pour mettre l’accent sur l’inclusion scolaire des enfants connaissant un TED (Trouble Envahissant du Développement).

(L’équipe du SESSAD André Launay à Saint-Saulve de l’APEI du Valenciennois)

Un SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) est un service médico-social en milieu ouvert. Derrière cette prose très institutionnelle se cache un soutien aux enfants atteints d’une déficience cognitive légère, voire pas du tout. « C’est la différence majeure avec un IME (Institut médico-éducatif) où le handicap intellectuel est plus lourd chez les enfants », explique Marjorie Liber, chef de service éducatif.

SESSAD André Launay

Ouvert depuis juin 2016, le nouveau site de l’APEI du Valenciennois permet à 30 enfants, de 3 à 19 ans, de bénéficier d’un accompagnement de l’enfant sur ses lieux de vie, école, loisirs, ou tout autre activité extérieure, voire des ateliers ciblés au sein du SESSAD. « Nous travaillons avec de nombreuses écoles sur le Valenciennois, mais également des partenaires comme la MJC, et la Maison de Quartier de la commune de Saint-Saulve », poursuit Marjorie Libert.

Une équipe de 19 personnes (13 ETP (Equivalent Temps Plein) pluridisciplinaire avec des métiers comme médecin psychiatre, psychologue, psychométricien, orthophoniste, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes-enfants, assistance sociale, voire enseignant spécialisé, est aux manettes de ce SESSAD André Launay.

« Nous accueillons également les touts-petits », Marjorie Libert

Dans le giron de l’APEI du Valenciennois, ce SESSAD est toutefois financé à 100% par l’ARS (Agence Régionale de la Santé). « Nous accueillons également les tout-petits pour réaliser une prise en charge précoce des enfants de 0 à 6 ans », ajoute Marjorie Libert. Un accueil précieux compte tenu qu’un IME ne prend en charge un enfant qu’à compter de 6 ans.

Sur cet équipement, on observe des tranches d’âges très marquées. « Nous avons des pics de prise en charge sur les 5/6 ans avant l’école primaire, 9/10 ans avant le collège, et 13/14 ans avant le lycée », précise la chef de service.

« L’enfant a besoin d’un même fonctionnement à l’école comme en famille« , Dorine Dennel

Tous les enfants présents au SESSAD André Launay sont accompagnés d’un AVS ( Auxiliaire de Vie Scolaire) dans le milieu ordinaire éducatif. C’est la particularité, et une constante ! « Mon intervention à l’école vient en appui de l’enseignant, que ce soit dans l’aménagement de l’espace, l’adaptation des supports pédagogiques, voire une aide à l’enseignement. L’AVS va mettre en pratique nos recommandations. Par ailleurs, l’enfant a besoin d’un même fonctionnement à l’école comme en famille. Il faut éviter toute différence  pour rassurer l’enfant », explique Dorine Dennel, enseignante spécialisée à mi-temps « je partage mon temps de travail entre le SESSAD André Launay, et l’IME de Condé-sur-l’Escaut », précise-t-elle.

Du CLIS à ULIS

A la lumière de ce soutien précieux, il n’est pas inutile de remettre sur la table quelques étapes de la prise en compte du handicap en France. La déficience intellectuelle était particulièrement un tabou, un secret de famille enfermé entre 4 murs pendant des décennies. Comme le répète inlassablement Goerges Maillot, le président de l’APEI du Valenciennois, le handicapé intellectuel « était honteux, il ne fallait pas montrer ces jeunes, voire adultes, handicapés ».

La loi de février 2005 sous Jacques Chirac, dont on ne répètera jamais assez qu’elle a marqué un premier rattrapage sur cette thématique oubliée par la République, a lancé une prise de conscience sociale sur le sujet.

Ensuite, et cela est moins connu du grand public, il y a eu la bascule de la CLIS (Classe d’Intégration Scolaire) vers le dispositif ULIS. La CLIS avait une approche très différente. En effet, les enfants handicapés en milieu ordinaire étaient regroupés dans une classe, puis intégraient telle ou telle activité avec les autres enfants. Puis, en 2015, changement de paradigme avec le dispositif ULIS (Unité localisée pour Inclusion Scolaire) venant changer la réflexion sur le sujet… « Cette fois, l’enfant est directement intégré, dans sa catégorie d’âge,  avec les autres élèves de sa classe. Avec un AVS, voire un enseignant spécialisé, nous nous adaptons à cet environnent de l’enfant », précise Dorine Dennel.

Voilà le panorama d’un SESSAD au XXIème siècle, entre soutien au développement personnel d’un enfant atteint d’une déficience cognitive légère, et la volonté de tracer le meilleur chemin vers l’inclusion, son autonomie. « L’idéal serait que les enfants restent chez nous maximum trois ans. Nous entamons notre première rotation depuis notre ouverture (2016) », conclut Marjorie Libert.

Daniel Carlier

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