La notoriété comme «Le Point» levé du CHV
Au détour d’une édition attendue d’un magazine reconnu pour sa pertinence en la matière, le classement des hôpitaux publics et cliniques français par « Le Point » positionnant 33ème le Centre Hospitalier de Valenciennes est révélateur à plus d’un titre. Une occasion de réfléchir sur ce scoring flatteur, mais également de pointer du doigt les ambitions, et les difficultés médicales prévisibles.
Dr Isabelle Girard Buttaz : » Notre public nous parle de ce classement «
Pour sa 22ème édition, le magazine de presse « Le Point » révèle son enquête et son palmarès 2018 des établissements de santé publics et privés en France. « Les chiffres avancés sont totalement fiables puisqu’ils se basent sur nos déclarations officielles à l’organisme centralisateur de toutes les données d’actes de santé. Ensuite, « Le Point » nous interroge sur des pratiques médicales etc. », commente le docteur Isabelle Girard Buttaz, présidente du CME (Commission Médical d’Etablissement).
Cette sortie presse très respectée « est observée de près par les équipes médicales du CHV (et administratives) depuis 4 à 5 ans. Même si ce classement ne repose pas sur avis médical stricto sensu, il a un impact important. En effet, notre public nous en parle, c’est un coté rassurant pour notre patientèle », ajoute-t-elle.
Le CHV de Valenciennes est apparu dans les 50 premiers l’année dernière. Cette fois, sur 1 400 établissements de santé mis au banc d’essai en 2018, le CHV pointe en 33ème place. Certes, ce n’est pas le commentaire de l’HAS (Haute Autorité de Santé) ce classement, mais il suffit de surfer sur les sites web de tous les « biens » classés pour s’apercevoir que le relais est immédiat, communiqué à la presse, classement par spécialité dans « Le Point » sur leurs supports de communication, on ne lésine pas sur l’affichage même les cadors qui à une époque pas si lointaine s’auto-congratulaient tout en jetant un regard obséquieux sur tout jugement hors de leurs murs. Finie l’époque du fleuron de la Grande Muette, partagée avec le ministère la Défense, avec une incapacité chronique pour l’hôpital public de sortir hors les murs avant les années 2 000. Aujourd’hui, la santé, notre bien commun, passe par un partage des pratiques médicales avec le grand public.
« C’est une reconnaissance sur le Plan national », Rodolphe Bourret.
Le Directeur général du CHV, Rodolphe Bourret, est très satisfait de cette avancée : « Clairement, une fierté pour notre établissement public de santé, c’est une reconnaissance sur le Plan national. 70 items sont évalués dans cette enquête. Sur la région des Hauts-de-France, nous sommes en 3ème position derrière le CHU d’Amiens et celui de Lille ».
Bien sûr, cette évaluation des spécialités médicales s’inscrit dans un cadre global de la gouvernance. « Cela met en valeur toutes les équipes du CHV, c’est un esprit collectif », ajoute-t-il. N’oublions pas que le CHV est le 1er employeur de la ville avec près de 5 000 fiches de salaire par mois.
« Très heureux de ce résultat », Didier Jouveniaux.
Le Vice-Président du Conseil de Surveillance, infirmier de profession, souligne la progression de l’outil public de santé de Valenciennes. « Certes, ce classement n’est pas médical, ni scientifique, mais il démontre la montée en puissance du CHV, la modernisation de ses outils comme le robot Da Vinci Xi, des recrues médicales de haut niveau etc. Néanmoins, les résultats de santé catastrophiques affichés sur le Valenciennois amènent une prise de conscience des élus. Laurent Degallaix (président CAVM) nous mobilise sur le sujet. D’ailleurs, Valenciennes Métropole a participé au financement de ce nouveau robot médical au CHV. Les 35 communes ont également signé un partenariat avec la Ligue contre le Cancer. Il ne faut pas baisser les bras ». ajoute Didier Jouveniaux, maire de Quérenaing par ailleurs.
Ce dernier déplore également l’absence d’une commission santé au sein de Valenciennes Métropole, comme partout ailleurs dans les intercommunalités . Une carence qui pourrait se combler durant un prochain mandat, et rêvons un peu… un adjoint à la santé dans chaque commune, car la communication, l’information, les partenariats médicaux sur les pathologies multiples (cancer, diabète, addiction, etc.), les bonnes pratiques alimentaires, sportives, nécessiteraient un centralisateur d’une action globale, lisible par le grand public près de chez soi, sur la prise en compte de la santé par sa commune. Que l’élu public de proximité se préoccupe de la santé au coin de la rue, cela serait déjà un pas de géant. Non, ce n’est pas un mélange des genres. Cela relève tout simplement du sens de certaines priorités face au bilan de santé pathétique d’un territoire. L’élu de proximité a-t-il le droit de se dire, cela concerne les établissements de santé point final, tout en se lamentant des résultats bien évidemment ! Ça c’était avant !
Concrètement, ce ne sont pas que des mots. « Il y a 4 grades dans l’évaluation d’une pathologie, cancéreuse par exemple, un mois de retard équivaut à un grade de plus, 4 mois, vous êtes au grade 4 », commente la présidente du CME. En clair, le développement des soins palliatifs n’est pas un objectif en soit ! « Fin de cet été, deux patients sont venus me voir. Pour le premier 9 mois plus tôt, l’autre six mois auparavant, je pouvais les sauver s’ils étaient venus me consulter. Là, c’est fini pour eux », poursuit-elle ! Oui, la prévention, l’incitation au dépistage, les bonnes pratiques de vie quotidienne, et la liste est très longue, ne peuvent se résumer à une action au sein d’un établissement public ou privé de santé. Clairement, la puissance publique de proximité doit s’emparer de la santé pour tous ses administrés.
La médecine, ce corps vivant !
Presque naturellement, les pratiques médicales connaissent des changements, des avancées incroyables, voire insoupçonnables quelques années auparavant. « La médecine est très évolutive. Ce classement montre également notre capacité à suivre les évolutions médicales. Comme contre-exemple, nous étions classés 1er pour la Télé-AVC il y a 5 ans avec la réussite d’une égalité territoriale sur le Grand Hainaut, la thrombectomie est arrivée, une nouvelle pratique pour l’AVC qui a fait plonger notre classement à la 20ème place l’année suivante, avec à la clé une nouvelle disparité selon le lieu de résidence », précise Isabelle Girard-Buttaz.
A ce titre, ce type de référmenecemeqt au niveau national recèle une vertu intéressante. « Cela nous permet d’attirer des compétences médicales de haut niveau dans chaque discipline », ajoute la présidente du CME. Sur ce point, le DG ne manque pas de rappeler que « nous avons toutes les compétences médicales au sein du CHV. Seulement, le CHV n’ a pas toutes les autorisations de l’ARS (certaines sont en cours). Certains de nos praticiens vont opérer dans ces spécialités au CHR de Lille faute de latitude sur Valenciennes ». Ce travail au long cours passe par des validations multiples via l’ARS (Agence régionale de Santé) et l’HAS (Haute Autorité de Santé).
Le lent déclin de la ressource humaine médicale française
La désertification médicale, deux mots que nous entendons par les experts, les politiques nationales de santé, mais concrètement, c’est quoi ?
Didier Joveniaux, acteur libéral de santé, énumère les départs pléthoriques en retraite non remplacés de médecins généralistes, et spécialisés, dans le Valenciennois. C’est révélateur sur l’état des compétences à disposition demain et terriblement inquiétant. « Beaucoup de citoyens n’ont (et n’auront) plus de médecins de famille », commente le vice-président du Conseil de Surveillance. « Les jeunes médecins ne s’installent plus, ils font des remplacements, voire choisissent la médecine esthétique etc. Nous avons un réel problème de ressources humaines médicales compte tenu d’une politique d’enseignement depuis des dizaines d’années », indique la présidente du CME.
En toute transparence, le ministère de la santé et de l’enseignement supérieur depuis plusieurs exécutifs ont creusé cette tombe. Aujourd’hui, le besoin est tel, comme dans le sud de ce département, en zone rurale, mais également dans l’espace urbain qu’il faudrait décloisonner la pédagogie, facilité l’intégration etc, et le mode de sélection. D’ailleurs, si vous interrogez des médecins, pharmaciens, proches de la fin de carrière ou retraités, etc. sur le contenu de l’enseignement actuel, Ils disent clairement qu’ils n’auraient jamais obtenus leur diplôme compte tenu du niveau en mathématique… !
Et pourtant, la plupart d’entres eux sont en capacité de réaliser un bon 1er diagnostic médical, de remplir la mission d’une première ligne de soin tant souhaitée. A contrario, aujourd’hui, une certaine appétence des praticiens à envoyer le patient directement chez les spécialistes, des analyses dans tous les domaines, afin de se couvrir, de ne courir aucun risque, représente le dogme ! Voilà le dilemme entre le besoin de dépistage en amont, incontestablement, et la faculté à orienter le patient, détecter les pathologies graves ou plus bénignes sans encombrer l’hôpital public. Dans cette optique, le déploiement des Maisons Pluridisciplinaires de Santé constitue une réelle inflexion des jeunes praticiens, partage des pratiques, des conseils, d’un secrétariat. C’est l’évolution et le seul horizon potentiel afin de construire une première ligne de soins efficace soulageant de facto les urgences de l’hôpital public, un enjeu fondamental !
Reconnu bientôt comme un CHR ?
La ligne d’horizon médicale du CHV est très ambitieuse que ce soit sur son territoire doté de 250 000 personnes environ, voire sur son bassin de vie plus large de 850 000 patients en puissance. Ce classement de qualité s’explique également par la présence de sur-spécialités en traumatologie « celle de la main, prothèse de hanche, etc. », ajoute Isabelle Girard-Buttaz.
Voir plus loin est essentiel en terme de stratégie. En l’occurence, le souhait du CHV de se voir reconnaître comme un CHR (Centre Hospitalier Régional) est prégnant. « Aujourd’hui, hors CHRU (avec enseignement supérieur), seuls les hôpitaux d’Orléans et de Metz sont validés comme des CHR. Nous espérons à terme cette classification », commente Rodolphe Bourret. Cette reconnaissance s’accompagnerait de nouveaux moyens financiers, de nouvelles autorisations médicales, cela serait indéniablement un tremplin pour l’ensemble de la communauté médicale pour le Grand Hainaut.
Le dévoilement par le CHV de son prochain projet d’établissement sera sans doute éclairant sur ses ambitions légitimes au sein d’un vaste périmètre de santé.
Daniel Carlier