Territoire

Le Handicap, la thématique en sourdine de la République française

A l’occasion de la visite de la MDPH à Valenciennes (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) par Valérie Létard, vice-présidente au Sénat, par Béatrice Descamps, député de la 21ème circonscription, par Geneviève Mannarino et Yves Dusart, Conseillers départementaux du Nord, et par Christian Rock, sous-Préfet de Valenciennes ), il est opportun d’évoquer la politique du handicap de proximité, celui vous concernant ou quelqu’un au bout de la rue !

L’éloquence inégalée de notre silence sur la considération du handicap dans notre société civile demeure un fardeau en France. Et pourtant, on peut évaluer à 10% la population française concernée par le handicap, toutes déficiences confondues, accompagnants, proche famille… entre 6 et 7 millions de Français !

Cette frange de nos concitoyens navigue entre l’ allocation d’Etat, la prestation départementale, le traitement administratif d’un dossier, la prise en charge de la personne en situation de handicap, les préoccupations du quotidien d’une personne handicapée sont donc multiples.

Au coeur d’une réponse de proximité, la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) situé au 160 Boulevard Harpignies à Valenciennes, fait partie d’un dispositif du Conseil départemental du Nord ventilé sur trois sites physiques, Dunkerque, Villeneuve d’Ascq, et Valenciennes pour 5 pôles territoriaux.

La mesure chiffrée donne le ton. « La MDPH59 est la 1ère en France par le nombre de demandes de dossier à traiter. Un agent de la MDPH59 traite 350 à 500 dossiers par jour…», explique la DGA de la MDPH59. A noter que le site de Valenciennes abrite deux pôles « Valenciennes-Avesnes » et « Douai-Cambrai », 37 869 demandes sur Valenciennes, Avesnes 20 980, Cambrai 13 746, et Douai 13 746. Soulignons que le Cambrésis et le Douaisis n’ont pas de site physique où la personne en situation de handicap peut demander un rendez-vous etc.. Etonnant sur des territoires dotés chacun d’une Sous-Préfecture, cela participe pleinement à une fracture administrative. 52 personnes sont présentes sur le site de Valenciennes avec une direction bicéphale, Sylvie Lenglet pour « Valenciennes-Avesnes » et Vanessa Dubreucq pour « Douai-Cambrai ».

Actuellement, l’enregistrement des dossiers initiaux s’effectue sur un lieu unique, celui de Villeneuve d’Ascq. Les dossiers locaux sont donc scannés et envoyés par la voie numérique pour enregistrement sur la métropole avant un suivi plus localisé au sein de chacun des 3 établissements . « A savoir, que 30 % des dossiers déposés ne nous concernent pas », ajoute la DGA.

Voilà en préambule la pesée du sujet !

« 50 Relais d’Autonomie seront labellisés d’ici le printemps 2019 dans le département du Nord », Geneviève Mannarino

La philosophie de la nouvelle majorité au Conseil départemental du Nord est d’ajouter du liant, un lien de proximité, et de la fluidité dans le traitement plus humanisé d’un dossier MDPH à travers «  Une Maison de l’Autonomie » regroupant les Personnes âgées et les Personnes en situation de handicap.

Concrètement, cela va se traduire par des nouveaux sites physiques. « Nous labellisons 50 sites Relais Autonomie dans le Nord d’ici le printemps 2019. Nous allons nous appuyer sur le réseau des CLIC afin d’effectuer un 1er accueil administratif de proximité d’une personne âgée ou en situation de handicap », explique Geneviève Mannarino, vice-présidente en charge du handicap au Conseil départemental du Nord. Cette première orientation sera essentielle pour désengorger la MDPH « car 30 % des dossiers déposés ne nous concernent pas », ajoute la DGA.

Et en même temps, l’instance départementale veut mettre en place un portail interactif en perte d’autonomie. « Actuellement, les dossiers des personnes âgées sont encore traités sur une base papier (hallucinant) », commente la vice-présidente. Cette base commune interactive permettra un traitement commun quel que soit le lieu de consultation comme sur les 50 Relais Autonomie.  » Certes, nous voulons moderniser le traitement informatique de cette population en perte d’autonomie, mais sans fracture numérique avec la cible concernée d’où les Relais Autonomie », ajoute-t-elle. La sénatrice abonde en faveur de cet état d’esprit : « En effet, il ne faut pas aggraver une situation avec un manque d’accès numérique. Il est important sur un territoire (paupérisé) comme le Valenciennois de conserver un lien physique ».

Bien sûr, un sujet amène un autre, et les ramifications de la prise en charge du handicap sont pléthoriques. Le volet financier est l’un d’entre eux !

«  Je suis pour une décentralisation totale », Valérie Létard

Certaines allocations sont gérées directement par l’Etat, et identiques pour tous comme l’AAH (Allocation Adulte Handicapée). Cette dernière a connu et va bénéficier de deux hausses successives significatives.

Ensuite, vous avez la prestation d’accompagnement, prestation décentralisée au département, la fameuse PCH (Prestation de Compensation du Handicap). « Elle représente 114 millions d’euros versés chaque année par le Conseil départemental du Nord », précise Geneviève Mannarino. En fait, Valérie Létard s’insurge « tout le monde fait tout. Je suis pour une décentralisation totale des compétences. L’Etat dans son rôle régalien, et les compétences sociales complètement gérées par le département ».

Sauf que les moyens nécessaires dans un département comme le Nord sont faramineux. « Une péréquation sur le handicap est indispensable compte tenu des ressources différentes d’un territoire à l’autre. Le besoin en PCH n’est pas du même niveau sur certains territoires », ajoute Valérie Létard. Un traitement inégalitaire serait donc une solution afin de répondre globalement au financement des personnes en perte d’autonomie.

Yves Dusart, Conseiller départemental, conforte cette idée de traitement différencié. « Pour le versement du RSA, le critère de revenus n’est pas pris en compte sur l’ensemble du département ! ». Là également, une approche totalement inégalitaire serait potentiellement pertinente, voilà une réflexion de fond plus passionnante qu’une litanie de commentaires sur les « Gaulois réfractaires »

Périmètre de la MDPH

Béatrice Descamps, député de la 21ème, est intervenue à juste titre au sein de l’Assemblée nationale au printemps dernier. Son adresse était d’une évidence confondante concernant « l’allongement des notifications ». En effet, est-il besoin de réclamer régulièrement la preuve d’un handicap très lourd ? A son corps défendant, la DGA de la MDPH59 rétorque « il y a des financements à la clé. Nous devons contrôler régulièrement. De plus, nous jouons la carte de l’innovation grâce à la domotique et à la technologie», précise-t-elle. 

Dans cette optique, Geneviève Mannarino, explique les initiatives en la matière. « Nous expérimentons, durant ce mois de septembre, une prothèse pour un bras articulé (Jaco) permettant au bénéficiaire plus d’autonomie, donc moins d’aide humaine ! ».

Ensuite, le champ des handicaps pris en compte est plus vaste notamment pour l’autisme, voire l’épilepsie totale ou partielle. Plus particulièrement, les enfants arrivent en force dans ce dispositif.

L’enfant et le handicap

La visite des services fut instructive sur cette thématique.  » Il y a de plus en plus de diagnostics comme la dyslexie, la dysphasie, etc. référencés comme handicap ’ », explique un agent de la MDPH Valenciennes. « Certes, les dossiers enfants ne pèsent que 20% de la totalité, mais représentent 80% de notre temps », ajoute Sylvie Lenglet. Dans ce fonctionnement, des vacataires participent également au traitement des dossiers, psychologue, ergothérapeute, enseignant etc.

Ancienne enseignante, Béatrice Descamps met en exergue le besoin de collaboration avec l’Education nationale. « L’enfant pourrait être pris en charge sans passer par la MDPH par le système éducatif ».

Voilà un bref éventail des sujets liés au handicap. Pour autant, arrêtons de nous contenter de concessions picrocholines sur cet item. Le handicap est l’affaire de tous, et le grand voyage passe par une révolution de sa gestion globale.

Prochaine édition du MAG, le 15 octobre 2018 https://mag.va-infos.fr/

Daniel Carlier

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