(FNSEA) Christiane Lambert « une agriculture innovante, intelligente, et productive »
L’Assemblée générale du syndicat agricole FDSEA Nord se tenait mardi dernier sur le site minier de Wallers Arenberg. A cette occasion, la présence exceptionnelle de Christiane Lambert, la présidente nationale de la FNSEA, venue faire passer ses messages aux agriculteurs (visuel Christiane Lambert, présidente de la FNSEA).
(Visuel Laurent Verhaeghe, président de la FDSEA Nord))
L’agriculteur veut semer son avenir
La FNSEA est le principal, mais pas unique, syndicat agricole en France. Son impact fait autorité dans toutes les négociations descendantes même si l’aspect collaboratif est vivement souhaité en amont. Actuellement, la FNSEA pèse 220 000 exploitations en France ce qui fait de cet acteur syndical, grâce à ces antennes régionales, son réseau local, un interlocuteur incontournable ! A ce titre, les Etats généraux de l’alimentation ont fait avancé des réclamations des professionnels de l’agriculture. Nous n’oublions pas évidemment le sujet sensible du glyphosate « laissez-nous du temps », clame Christiane Lambert faisant allusion à une avancée spectaculaire sur la vigne, présentée à Nicolas Hulot, « après 17 ans de recherche », ajoute-t-elle.
Au sein d’un amphithéâtre copieusement rempli, l’Assemblée générale de la FDSEA 59 se déroulait sur le Hainaut, en l’occurrence sur le site d’Arenberg Créative Mine. « Tenir notre AG au sein de ce site minier fait sens. Mineur et agriculteur partagent la même valeur travail. Je remercie Isabelle Pique, référente FDSEA 59 sur le Valenciennois, pour l’organisation de cette journée », commente Laurent Verhaeghe, président FDSEA Nord.
En présence de Fabien Roussel, député de la 20ème circonscription, Alain Bocquet, présent pour l’entame de cette AG, soulignait « 4 000 mineurs sur 3 puits étaient en activité à 700 mètres de profondeur ici même. Comme président de la Porte du Hainaut, je veille aux intérêts des agriculteurs dans la mise en place du PLUI (Plan Local Urbain Intercommunal). Vous êtes le sang de la France ».
Récemment, la grande messe nationale de la FNSEA avait comme dogme « Le Monde bouge, bougeons ! ». La conclusion est évidente, le temps de l’agriculteur solitaire est révolu. Aujourd’hui, la collégialité, le partage des difficultés, les solutions collectives sont le nouveau solfège de l’agriculture moderne.« Il faut que les agriculteurs apprennent à chasser en meute. Des agriculteurs décrochent, certains s’accrochent, d’autres foncent en avant », indique la présidente de la FNSEA.
« Quelle agriculture avec quel agriculteur ? », Alain Dupont, président de l’Union agricole du Valenciennois.
Le Valenciennois est un concentré des problématiques actuelles de l’agriculteur, la perte d’emprise foncière, les normes tous azimuts, la complexité des dossiers de méthanisation, l’élevage laitier, l’impact météo, le juste prix des produits, les zones humides… ! Un agglomérat de contraintes posant une question claire : « Quelle agriculture avec quel agriculteur ? »
En terme d’agriculture, le « Valenciennois peut se diviser en deux secteurs- Nord/Nord-Ouest et Sud/Sud-Ouest. Sur le 1er secteur, elle est occupée par de la petite agriculture sur des terres difficiles, de l’élevage de volaille, et de la méthanisation avec les problématiques liées aux zones humides, à la Charte du PNR Scarpe Escaut etc. Sur le second secteur, nous avons plus de la plaine avec de la pomme de terre, des maraichers, et de l’élevage », détaille Alain Dupont.
La particularité de cette FDSEA 59 est qu’elle détient des parts sociales de l’abattoir de Valenciennes « avec toutes les problématiques à la clé », assène Alain Dupont.
L’enjeu de la méthanisation
Le président de la FDSEA 59 met en exergue une thématique très présente pour un revenu complémentaire pour le monde agricole. « Le biogaz national est produit à 26% au sein des exploitations agricoles. De plus, 90% du gisement potentiel se concentre sur nos surfaces agricoles. Les annonces sur le « Plan de libération des énergies renouvelables » par le Secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu vont dans le bon sens« , acquièsce Christiane Lambert.
« Assumons positivement notre métier d’agriculteur », Christiane Lambert
Le premier message de la présidente nationale pose le sujet de la perception du métier d’agriculteur. « Assumons positivement notre métier d’agriculteur. Il faut que l’Agribashing cesse, mais également arrêtons de cultiver l’entre-soi. Pour cela, nous devons communiquer sur les nouveaux supports comme les réseaux sociaux. L’agriculteur communicant est tourné vers l’avenir». Des mots d’une cruelle réalité, agriculteur est un beau métier qu’il faut valoriser dans l’inconscient collectif de tout un chacun. Communiquer pour le faire savoir est de facto une mission de 1er plan, car elle favorisera voire confortera le choix du consommateur vers le circuit court, vers son professionnel de proximité qui se fournit exclusivement chez des producteurs locaux.
L’autre trait est plus économique » n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas »… » En France, nous avons un problème de prix, une problématique de charge « , ajoute la présidente. Les pays visés notamment par cette sécurité sanitaire très aléatoire sont : L’Amérique latine, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, et en même temps, le déblocage du marché chinois pour la viande française en 2018 en faveur des agriculteurs, blacklisté depuis 2001 (vache folle), constitue dans l’autre sens la réouverture d’une opportunité économique gigantesque. Le marché mondial n’est pas une porte de saloon que l’on ouvre au gré de ses intérêts. Sur ce volet, la position de la FNSEA est à peaufiner sérieusement même si la sécurité alimentaire, sa traçabilité, son exigence de qualité sont une marque de fabrique réelle, et très prisés par les consommateurs. Sur le plan du consumérisme, c’est l’atout maître de l’agriculture française. Croire que seul l’agriculteur français est en capacité de produire des produits sains et de qualité sur cette planète est l’erreur à ne pas commettre !
Ensuite, la sacro-sainte simplification des normes. D’ailleurs, l’agriculture n’est pas la seule activité sous le poids des directives, mais incontestablement elle pâtit de cette situation. Si vous discutez ici et là avec les professionnels des relations avec la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), vous avez un aperçu clair du quotidien chronophage du métier. Certes, l’effectif de cet organisme n’est pas la panacée, mais en même temps, il est parfois difficile de comprendre son fonctionnement. Un exemple simple au coin de la table… « J’ai une pâture en jachère, je souhaite faire bénéficier, sans aucune contre partie économique, celle-ci à une association voisine dont l’objet est de recueillir les chevaux mal-traités. Impossible administrativement parlant », explique un professionnel situé dans les Flandres françaises. Cocasse, quand le bon sens se heurte à un mur de normes, la migraine n’est pas très loin, et nous citons un exemple sympathique… !
L’action syndicale
La dernière en date fut spectaculaire avec un blocage durant 3 jours des raffineries de pétrole. « Après 3 jours de conflits, sur 4 revendications, nous avons obtenu 2 concessions, et 2 autres en ouverture de discussion. Nous considérons alors que notre mouvement est réussi, et nous stoppons immédiatement notre action. Nous n’agissions pas comme d’autres (CGT et SUD) qui continuent leurs actions sans rien (ou si peu) obtenir », tance Simon Ammeux, le responsable du syndicat des jeunes agriculteurs Nord Pas-de-Calais.
L’agriculteur et son revenu
C’est un secret de polichinelle, la retraite de l’agriculteur via la MSA (Sécurité sociale agricole) est indigente, certainement pas à la hauteur du travail réalisé tout au long d’une carrière. Mais ce n’est pas tout, le produit de son exploitation peut être victime d’une intempérie, un événement météo… ! « La volatilité du produit de nos exploitations est criante. Sachant que deux années avec une récolte sinistrée peuvent tuer les exploitations les plus solides, il faut réfléchir à une épargne de précaution », commente la présidente de la FNSEA.
La terre promise
Très logiquement, l’outil de travail numéro un de l’agriculteur est son foncier agricole. PLUI, SCOT, Charte du PNR, étalement urbain, tout concours à compliquer l’exploitation d’une terre agricole qui se doit tout autant à une pratique écologique et respectueuse de son métier. Il est par conséquent impérieux que » notre agriculture soit innovante, intelligente, et productive » , conclut Christiane Lambert.
Daniel Carlier