Et pourquoi pas une bataille des consciences à Douchy-les-Mines !
Fin juin 2018, la commune du Denaisis va accueillir les « Rencontres des Douchy-les-Mines ». Deux jours pour exposer, échanger, expliquer, convaincre, un exercice politique au sens noble du terme. Histoire de rappeler que le mot politique n’est pas une injure, pas une activité malsaine, mais la confrontation des citoyens et des idées.
Deux jours d’une humilité déterminée… !
Certains pourraient penser qu’une manifestation politique sur deux jours, en mode agora, est un peu surannée à l’heure où l’augmentation du nombre de caractères sur un message tweeter est une « Top » information ! Et pourtant, le défi proposé par ce collectif n’est pas sans sel démocratique.
En effet, les 29 et 30 juin 2018, 2 journées d’université populaire, culturelle et politique sont programmées au sein du superbe écrin de l’Imaginaire à Douchy-les-Mines. « Les rencontres de Douchy-les-Mines » sont un appel public pour une écoute voire une réflexion partagée, un point d’étape sur un état des lieux sociétal.
Augustin Petit : « Autour de cette idée, nous sentons que les choses bougent »
Un oeil dans un lointain passé n’est pas sans intérêt. « Dans la Grèce antique, les élus, les mandataires du peuple étaient tirés au sort, car chacun devait être en capacité de… » , expose Augustin Petit, ancien fondateur de deux librairies, actuellement enseignant dans un lycée professionnel. Certes, tout le monde a un avis sur la gouvernance, mais de là à exercer un mandat du peuple, il y a un pas. Cette référence donne le ton de ces deux journées voulant élever, sans prétention, la réflexion politique. « Nous sommes très humbles, mais également très ambitieux pour cette manifestation. Nous voulons l’installer dans la durée. D’ailleurs, autour de cette idée, nous sentons que les choses bougent », précise l’ancien libraire.
Très impliqué dans cette organisation, Michel Lefebvre, Conseiller départemental du nord, et ancien maire de la commune, pose le débat : « Les choses ne peuvent rester en l’Etat. Nous pouvons agir de mille et une façons, résister à l’obscurantisme, aux paroles de haine, à la terreur de l’ignorance. Pour cela, nous devons favoriser l’ouverture vers autrui, encourager la résistance poétique. La culture demeure un rempart contre le fatalisme. »
Appel public « Mettez-vous en congé du libéralisme »
Le titre est sans ambiguïté, ces deux journées seront consacrées à une autre vision de la société. Deux projections sont proposées comme « Mélancolie ouvrière » avec Virginie Ledoyen, et Philippe Torreton, mais aussi « En Guerre » où Vincent Lindon interprète dans un film non manichéen, un syndicaliste très crédible. En interview, l’acteur emblématique soulignait que « tout est politique » prouvant si besoin était que la culture est une chose politique. L’esprit du TNP (Théâtre National Populaire) symbolise cette pensée ouverte.
Face à la montée de l’insignifiant, de l’info instantanée, du vide sidéral qui l’accompagne parfois, il faut sillonner un chemin escarpé, cette ligne de crête idéologique où le vide est à gauche, à droite. Pour tendre vers cet objectif, Augustin Petit mise « sur la culture. C’est un rempart contre le fatalisme. Nous devons mettre en exergue notre épaisseur historique, un vécu à travers une éducation populaire (accessible pour tous) et la culture. Nous voulons rendre tout simplement visible une intention ». Le défi est ultime, car combattre une idée par une autre idée demande du fond, mais a priori le bagage est assez conséquent en la matière compte tenu de la 1ère salve de soutiens/signataires.
Des sympathisants de cette manifestation se sont déjà engagés officiellement. Quelques noms manquent les esprits comme Jean Ziegler, auteur de livres très engagés politiquement, un incendiaire reconnu du capitalisme, et vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Michel Dufour, ancien secrétaire d’Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle, Corinne Masiero, actrice phare (entre autres) de la série à succès Capitaine Marleau, mais également Cathy Apourceau, présidente de la MissionBassin Minier, et Jean-Jacques Poteaux, président du Printemps culturel du Valenciennois.
Deux jours pour éviter l’écume de l’actualité pour s’intéresser au fond, celui qui a un contenu. A la différence d’un Antoine Griezmann où on supposait qu’au bout de 30 minutes de vidéo, il annoncerait la découverte d’un vaccin contre le cancer, le lancement d’une fondation contre la précarité, une rencontre avec Donald Trump de retour dans la COP 21, mais non, c’était beaucoup mieux…!
Dire la chose ou ne pas la dire, l’actualité brûlante en Méditerranée nous apprend également que le gouffre est insondable entre les deux. Le silence est la porte ouverte à l’indifférence, alors pourquoi ne pas monter le son à Douchy-les-Mines les 29 et 30 juin, histoire de nous rappeler « comment être utile ! »… pacifiquement !
Plus d’informations sur l’organisation de l’événement sur : www.lesrencontresdedouchylesmines.fr
Daniel Carlier