Territoire

(SIMOUV) Bientôt en service, le jeu des 7 erreurs sur la ligne vers le Pays de Condé

Le budget primitif du SIMOUV 2018 a une fois de plus fait l’objet d’un débat très riche, mais différent à la fois de celui de l’orientation budgétaire du 28 mars dernier, et ceci malgré une faible assistance des élus communautaires pris dans leurs collectivités locales.

46 euros par habitant dans le Valenciennois pour le transport public, et alors ???

En propos liminaire suite au dernier ROB https://www.va-infos.fr/2018/03/30/simouv-4-millions-deuros-de-recettes-en-moins-mais-la-validation-dun-tramway-vers-le-chv/  Eric Renaud, vice-président en charge des finances, indique : « Suite à la mauvaise nouvelle de cette erreur de l’URSSAF au détriment de la MEL, nous sommes en négociation avec la communauté urbaine afin d’étaler en deux ou trois fois ce remboursement de 2 millions d’euros ».

Ensuite, Anne-Lise Dufour revient (comme pendant le ROB) durant ce comité syndical sur la somme demandée aux communauté d’agglomérations : « Malgré cette mauvaise surprise de l’URSSAF, nous avons baissé notre demande à 4,5 millions d’euros au lieu de 5,5 millions d’euros. Toutefois, je précise que  l’investissement pour le transport public par habitant est de 46 euros contre 100 € en moyenne dans les autres territoires. Il faut se donner les moyens pour notre transport public dans le Valenciennois ».

Certes, l’ambition d’un transport public performant, accessible, à travers un maillage du territoire le plus pertinent possible est légitime. Néanmoins, la présentation de ce chiffre de façon manichéenne occulte un point clé. En effet, cette référence englobe-t-elle chaque spécificité des populations ? Les territoires comparés ont-ils des paramètres de chômage (15,5% au 3ème trimestre 2017 dans le Valenciennois), de santé, de précarité etc. comparables ? A l’heure de la contraction des budgets des collectivités locales par l’Etat, et par suite du rôle d’amortisseur des communautés d’agglomération vis à vis des communes membres, cette somme manque à l’appel de la solidarité communautaire. Le montant alloué aux transports publics doit-il seulement se calculer sur un chiffre sec, aride, sans prise en compte d’un environnement contrasté si différent d’un point de l’hexagone à un autre ?

Bilan foncier

L’époque où le SITURV achetait à tour de bras les terrains afin de garantir un tracé futur pour une ligne de tramway est révolue. Aujourd’hui, elle veut revendre voire échanger les terrains dont l’intérêt est totalement superflu. Plusieurs cessions ont été présentées aux élus communautaires sur Condé et la Sentinelle, et un échange sur St-Amand-les-Eaux. « Néanmoins, nous sommes toujours propriétaires de 642 000 M2. Nous avons besoin de nettoyer notre bilan foncier », précise Raymond Zingraf.

Ligne vers le CHV

Après un long débat sur ce sujet durant le ROB, la présidente a précisé les contours de cette opération. « Nous validons aujourd’hui une étude (coût 70 000 €) afin de nous informer sur le tracé le mieux adapté, la meilleure solution pour relier le Centre Hospitalier de Valenciennes. Le coût indiqué durant le ROB est tout à fait estimatif. Il faut affiner le chiffre à travers cette étude. Pour autant, la volonté du SIMOUV et de ses élus est de desservir le CHV ».

Aymeric Robin : « Dans les transports en commun, il y a des hommes et des femmes qui y travaillent, des hommes et des femmes qui l’empruntent »

Aymeric Robin , le maire de Raismes, est intervenu longuement sur l’examen de la DSP (Délégation de Service Public) de la RATP DEV, le rendu du service aux usagers, le devenir des P+R, les conditions de travail des salariés de la RATP DEV, et le service de médiation.

En réponse, la présidente a précise la réalité contractuelle de cette DSP. « Tout est inclus dans le contrat. Il y a un engagement à 14 millions de recettes, si ce seuil est dépassé, nous partageons même nous ne sommes pas encore dans cette situation ».

Pour les fameux P+R (Parking + Relais), le maire de Raismes demande « plus de sécurité, plus de visibilité, un travail de signalétique, notamment celui de Clémencau qui ne sert qu’aux supporters du VAFC (peu nombreux dans le stade) ».

A ce titre, Eric Renaud rappelle que la mise en route de ces P+R étaient très encadrés à la base : « Site d’accueil, un agent sur place etc, malgré cela, la fréquentation ne fut pas au rendez-vous ! ». Toutefois, une nouvelle fenêtre de tir est soulevée par Anne-Lise Dufour. « Le stationnement sur la ville de Valenciennes est devenu très cher. C’est l’occasion de récupérer un transfert modal vers le tramway« , précise Anne-Lise Dufour.

Autre sujet, le service médiation pourrait connaître une nouvelle évolution. « La nouvelle loi sur le transport, votée il y a un an, permet aux AOM (Autorité Organisatrice de Mobilité) de mettre en place un service de sécurité. La médiation, on a essayé. Les derniers événements de délinquance dans le tramway démontrent qu’il faut faire autre chose. Nous devons nous engager sur un nouveau service de sécurité dans le réseau de transport public du Valenciennois », indique la présidente.

Sur le volet social « certains événements me déplaisent fortement. En tout état de cause, nous verrons le rendu à la fin de la DSP reconduite si le résultat ne s’écarte pas trop de la feuille de route initiale », conclut-elle.

Retour de l’arrêt « Hôtel de Ville » sur Valenciennes ?

Cet échange sur la sécurité a débouché sur le dossier ô combien sensible pour les usagers du tramway. « Nous envisageons de nouveau l’arrêt du tramway à la station Hôtel de Ville à Valenciennes. Par contre, il se fera sous des conditions de sécurité. Très prochainement, j’ai une réunion avec le nouveau Sous-Préfet, le nouveau Procureur, la commissaire divisionnaire afin que chacun prenne ses responsabilités sur la sécurité de cette station. Pourquoi la Police Nationale ne pourrait pas monter dans le tramway et les bus. Sur le tracé du tramway, les polices municipales des villes traversées peuvent également être sollicitées, en plus d’un nouveau service de sécurité du SIMOUV », déclare Anne-Lise Dufour.

Sur ce point, Jean-Claude Dulieu, élu à la ville de Valenciennes, a une voix discordante. « Ouvrir de nouveau à cet endroit la station de l’Hotel de Ville est une aberration totale. A l’époque, la SEGECE, réalisatrice du Centre Place d’Armes, a imposé cette station. Aujourd’hui, on paye les pots cassés. Il serait beaucoup plus pertinent de réaliser une nouvelle station en face du Monoprix, espace urbain déjà accessible ».

Encore un bug sur la ligne vers le Pays de Condé !

Le chapitre investissement est copieux pour 2018. Tout d’abord, le renouvellement du parc de bus, par 30 bus propres au gaz, à travers un financement à hauteur de 1.830 000 €.

Ensuite, le 18 juin 2006 était lancé la ligne 1 de Valenciennes à l’UVHC. Douze ans après, il est temps de passer à une nouvelle mise en conformité de cette ligne T1. De même, les stations de tramway de la T1 doivent subir un lifting. De même en 2018, l’intégration du WI-FI devient une obligation tant l’attente des usagers est forte en la matière.

Dans la foulée sur la T2, la ligne vers le Pays de Condé connaît un problème avec son système de sécurité. « Le système en place fonctionne mal, il est trop sophistiqué, et mal adapté à cette ligne vers le Pays de Condé. Nous attendons l’aval de l’autorité de tutelle pour le remplacer par le même système que sur la T1 », explique la présidente.

Ce paramètre réduit le cadencement de cette ligne T2 gravement. Un rythme de transport du public toutes les 25 minutes minimum etc. ne répond pas au service attendu par le citoyen, c’est le moins que l’on puisse dire. C’est un nouveau bug sur cette ligne lancée en février 2014. Un fait de plus sur cette ligne T2 faisant dire à Jean-Claude Dulieu : « Cette ligne nous a coûté une fortune (Ah Bon ?!), et rien ne fonctionne (Mince alors !). Comment autant d’argent a été dépensé pour tant de dysfonctionnements ? »… Le Valenciennois aurait donc été trompé sur l’opportunité de la ligne vers le Pays de Condé initiée par le précédent syndicat, sous la présidence de Francs Decourrière, rude nouvelle !  Trop souvent, les nouveaux élus dans une collectivité parlent d’héritage etc. avec parfois une argutie malvenue. En l’occurrence, c’est l’exception qui confirme la règle, ce n’est plus une transmission, mais un boulet cette T2 vers le Pays de Condé digne d’une réplique de Michel Audiard !

Sur la suite des investissements, une enquête ménage est prévue en 2018 pour un coût de 400 000 € « dont nous aurons les résultats en fin d’année 2018 ». Le résultat sera intéressant en espérant un fractionnement des questionnements, sur la ligne 1, la ligne 2… !

Ensuite, un sujet peu abordé, depuis le début de ce nouveau comité syndical, en l’occurence la mise en oeuvre du SCOT du Valenciennois voté en juillet 2014. En effet, le SIMOUV est la résultante de la fusion entre le SITURV et le SIPES, organisation en charge de l’élaboration du SCOT. «  Il serait temps qu’un débat s’installe à ce comité syndical sur l’aménagement du territoire », souligne Eric Renaud. On peut rattacher ce volet aménagement du territoire et l’engagement du SIMOUV « d’investir un million d’euros sur le contournement Nord en faveur du désenclavement de la ville de Valenciennes », précise Anne-Lise Dufour sur 125 millions engagés par le département du Nord.

Enfin, pour conclure le chapitre investissement, la nouvelle billetterie sera opérationnelle dès juillet 2018 ce qui constitue une information importante pour les recettes du transport public.

En bref :

Dans le budget, sur 172 millions d’euros, une ligne est prévue à hauteur de 2 millions d’euros pour des dépenses imprévues. «  Nous sommes dans l’attente de la décision du Conseil régional des Hauts-de-France relative au financement du déplacement des lycéens (1,2 M€) ou pas », souligne Anne-Lise Dufour.

Nouvelle appellation du syndicat régional des transports publics, l’ex SMIRT devenant Hauts-de-France mobilité, cette information soulève quelques questions pour Eric Renaud : « A sa création, on parlait d’un équivalent du STIFF sur Paris (tout puissant), on n’est pas du tout au rendez-vous ! »… Sur cet organisme Anne-Lise Dufour lâche « c’est quasi une coquille vide », ça c’est dit !

Daniel Carlier

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