Territoire

La justice de proximité à son cercueil au Barreau de Valenciennes

La réforme de la carte judiciaire du Garde des Sceaux n’en finit plus de faire des vagues. Partout en France, des manifestations des différents barreaux se sont déroulées. Le Barreau de Valenciennes n’a pas manqué à l’appel. Il a manifesté massivement avec à sa tête la bâtonnière Martine Trussant.

Le faire-part était éloquent, en noir et blanc, avec ce message limpide «… ont la douleur de vous annoncer le décès de LA JUSTICE survenu par la réforme Belloubet ». La fusion des tribunaux d’instance et de grande instance ne passent décidément pas du tout, la justice du quotidien est menacée selon les professionnels du Droit.

Le rendez-vous était fixé devant l’annexe du tribunal de grande instance rue du Quesnoy à Valenciennes. Des dizaines d’avocats étaient présents, cette vague noire et blanche a défilé dans le centre de Valenciennes, en compagnie de Fabien Roussel, député de la 20 ème circonscription, de la sénatrice Michelle Greaume, et du directeur de cabinet de Béatrice Descamps, député de la 21ème. Chansons et slogans affutés étaient au rendez-vous, jugez plutôt :

  • Vous divorcez : « Vous ne méritez plus d’être reçu par un juge »
  •  Vous voulez déposer plainte ? Vous rempilez un formulaire disponible sur internet : « Vous ne méritez plus d’être écoutés »
  • La CAF fixera le pension alimentaire. Vous avez des crédits ? Dommage, le barème n’en tient pas compte… « Vous aurez un ordinateur à la place du juge ! »
  • Vous êtes victime ? De violences ? De vol ? Le délai d’étude de vos plaintes sera rallongé. « Vous attendrez encore plus »
  • Vous êtes victime d’un viol ? Vous ne serez plus entendu par la Cour d’Assises.  « Vous serez soit une victime, soit une « sous-victime » !
  • Votre litige est inférieur à 4 000 € ? Vous ne verrez plus de magistrat, tout se fera par mail. « Quatre mois de salaire ne méritent pas de parler à un juge »
  • Vous n’avez pas d’ordinateur ? Pas de quoi scanner les documents à envoyer par mail au tribunal ? « Vous ne pourrez plus saisir la justice »
  • Vous ne pouvez pas vous déplacer à l’audience du Tribunal spécialisé, situé à plusieurs centaines de kilomètres ? «  Vous ne serez pas entendu ! »
  • Vous regrettez la désertification médicale ? Vous regrettez la fermeture de nombreux hôpitaux et de maternités ? « Votre désertification judiciaire est annoncée ! »

Tout cela, c’est la justice du quotidien… et pas un poisson d’avril !

Daniel Carlier

 

 

 

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