Le compostage concrètement dans l’au-delà !
Les cimetières, un lieu important pour une collectivité locale où les habitants viennent peu, mais régulièrement, avec à chaque fois un déchet vert potentiel dans les mains. Que devient-il après quelques semaines ? C’est tout l’enjeu de cette initiative conjointe du SIAVED et de Valenciennes Métropole !
La valorisation des déchets dans les cimetières, une évidence !
Les deux acteurs de la collecte des déchets, le SIAVED pour les 46 communes de la Porte du Hainaut, et Valenciennes Métropole, ont lancé une opération de compostage dans les cimetières. Une initiative de prime abord surprenante, mais qui revêt un caractère écologique indéniable. «On retrouve dans les bennes installées par les communes dans les cimetières, des déchets verts, des ordures ménagères de proximité, un peu tout et importe quoi. C’est le constat d’un président voyageur dans les cimetières», explique Charles Lemoine, le président du SIAVED. Concrètement, 94 communes sont volontaires au sein du SIAVED, comprenant 3 EPCI dont la Porte du Hainaut avec 39 communes volontaires sur 46, pour l’installation de composteurs au sein de leurs cimetières. « Cela représente 400 composteurs », ajoute Charles Lemoine.
L’action écologique ne connaît pas les frontières administratives, c’est pourquoi l’agglo de Valenciennes Métropole « s’est associée immédiatement à cette initiative. Contrairement à la CAPH, Valenciennes Métropole a la compétence collecte. Cette action s’inscrit dans notre gestion des biodéchets, la PLPDMA (programmes locaux de prévention des déchets ménagers et assimilés). Sur 35 communes, 14 ont répondu favorablement à notre appel pour 17 cimetières, ce qui correspond à 75 composteurs », indique David Bustin, vice-président en charge du développement durable à Valenciennes Métropole.
Au sein du Parc Naturel Régional de Scarpe Escaut, cette information collégiale à la presse démontre les intérêts croisés de cette démarche environnementale. « Cette opération au sein des cimetières s’intègre parfaitement dans notre Charte du PNR. Nous sensibilisons les élus sur ce sujet », explique Grégory Lelong, le président du PNR Scarpe Escaut.
Dans ce cadre, le SIAVED a initié des formations à destination des agents communaux sur le compostage : installation, gestion, sensibilisation du public etc., le succès de ces dernières est d’ores et déjà garanti ! D’autres EPCI concernés suivront le SIAVED dans cet effort pédagogique.
Le vaste territoire du PNR comprend six villes dans le Pévèle Carembault, Bernard Chocraux, vice-président de la communauté de communes explique : « La commune de Nomain a souhaité participer à cette installation de composteurs dans son cimetière. Je ne doute pas que les autres vont suivre cet exemple », indique l’élu. Pour sa part, le SYMEVAD couvre en partie le Douaisis, trois communes sont également volontaires pour cette opération atypique.
Pour autant, ce n’est pas une première en France. Plusieurs communes sont déjà très actives sur le sujet comme celles de Niort, Epernay, voire la région Bretagne très en avance sur la thématique écologique.
Un cimetière, espace de vie du quotidien
Pour étendre la réflexion écologique, les élus voient plus loin. « Nos cimetières sont très minéraux», commente Charles Lemoine. Outre l’aspect pratique pour un entretien minimaliste d’un espace public, la tradition française veut que le cimetière soit uniquement un lieu de recueillement, austère à souhait.
Pour autant, d’autres pays ont un regard tout autre sur le lieu du dernier repos. En effet, les pays angio-saxons ont une culture tout autre. Les cimetières sont des lieux de promenade comme n’importe quel parc, des espaces de vie, les fameux « Graveyards » ! Cette réflexion paysagère fait son chemin dans le Valenciennois. « Sur la ville de Condé-sur-l’Escaut, j’ai commencé à verdir le cimetière même si nous devons faire preuve de pédagogie vis à vis de la population. En effet, des allées avec de l’herbe surprennent les habitants. Ils pensent à un défaut d’entretien », commente Grégory Lelong, le maire de cette commune.
Cette démarche fait partie intégrante d’une nouvelle attitude vis à vis de la gestion des espaces verts, notamment la gestion différenciée. Une initiative pas toujours comprise par le public, mais son impact est réel sur la biodiversité en milieu urbain comme rural. Sur un plan plus général, cette gestion différenciée se traduit même par le rachat de terres agricoles afin qu’elles redeviennent des prairies naturelles… !
Alors, pourquoi un cimetière serait-il pour l’éternité un lieu sombre, aride, sans vie ? Le cimetière pourrait de fait devenir un espace paysager convivial comme un parc verdoyant avec quelques cendres ici et là. La nature reprendrait ses droits face à notre poussière polluante et imparfaite… !
Daniel Carlier