(Onnaing) L’alignement des planètes pour l’insertion des décrocheurs
L’insertion des jeunes sortis de toute scolarité, les fameux décrocheurs, constitue un enjeu de premier ordre pour une collectivité locale. C’est pourquoi, la commune d’Onnaing a signé une convention avec l’EPIDE, un acteur d’Etat peu connu sur le Valenciennois, mais ô combien efficace dans le domaine de l’employabilité des jeunes.
(Trois jeunes de l’EPIDE à l’honneur, Nicolas, Mathilde et Thomas)
Philippe Cartignies, directeur du centre EPIDE de Cambrai : « Nous avons 50 % de sortie positive pour un jeune passant par l’EPIDE »
En présence de Michelle Greaume, sénatrice et ancienne première magistrate de la commune, de Béatrice Descamps, député de la 21ème circonscription, Xavier Jouanin, le maire d’Onnaing, a présenté cette convention inédite dans le département du Nord : « La volonté municipale est de réduire le circuit entre l’entreprise et sa mise en relation avec le jeune. Ce partenariat avec l’EPIDE se traduit par la mise en immersion d’un jeune au sein d’une entreprise sans aucune charge. L’EPIDE est le garant administratif et du suivi du jeune dans l’entreprise ».
Philippe Cartignies, le directeur de l’EPIDE de Cambrai, était ravi : « Notre relation avec la mairie d’Onnaing est ancienne, elle avait pour but d’offrir aux jeunes en déshérence une solution d’insertion, c’était la 1ère étage de la fusée. Aujourd’hui, cette convention est le 2ème étage de la fusée avec des partenaires/entreprises signataires ».
Les NEETS (jeunes sans emploi, ne suivant ni études, ni formation) sont la cible numéro un pour de multiples organismes d’insertion. Dans cette optique, chaque commune doit faire face à cette réalité de terrain, prendre le pouls de la Mission Locale, puis réfléchir aux moyens d’actions. Sur Onnaing « l’idée de conventionner avec le Centre EPIDE de Cambrai est née il y a 18 mois environ », souligne Xavier Jouanin.
L’EPIDE, qui-est-ce ?
L’EPIDE est un service de l’Etat sous l’égide du Ministère de la Cohésion des Territoires, et du Ministère de l’Emploi. « Il y a 19 centres EPIDE en France et nous sommes le seul pour le département du Nord », explique Philippe Cartignies, le directeur de cette structure publique.
Sur le site de Cambrai, les jeunes décrocheurs, de 18 à 25 ans, sont accueillis du lundi au vendredi. « Lever 6h00, coucher 22H30, ils portent un uniforme, nous imposons des règles à respecter. On travaille beaucoup le comportemental. Ensuite, on élabore une remise à niveau individualisée suivant les acquis de chaque jeune. Pas de notes, juste de la pédagogie adaptée à chacun suivant leur projet professionnel. Par contre, il est indispensable que le jeune (sans casier judiciaire) bénéficie d’une solution d’hébergement pour le week-end, voire nous l’aidons à la trouver », ajoute le directeur, ex militaire durant 30 ans dans l’armée de l’air. En effet, cette structure à l’origine fut initiée par le Ministère de la Défense, avec Mme Alliot Marie comme ministre, d’où ce coté militaire rigoureux et nécessaire en l’espèce.
L’EPIDE de Cambrai doit impérativement comprendre un effectif de 150 jeunes volontaires. « Il y a un turnover de 30 personnes régulier tous les deux mois. Le durée moyenne d’un jeune au sein de l’EPIDE est de 8 mois. Maintenant, cela peut être 4 voire 12 mois suivant les aptitudes », précise le directeur. Une équipe de 50 personnes encadre ces 150 jeunes dont une infirmière et une assistante sociale. « Nous essayons de résoudre toutes les problématiques autour du jeune décrocheur, santé, sociale…. C’est la première fois que nous signons une convention avec une collectivité locale. Par ailleurs, notre principal prescripteur est la Mission Locale, mais également avec des structures comme la CPAM », précise Philippe Cartignies.
Visiblement, le travail sur le savoir-être porte ses fruits puisque… « nous avons 50 % de sortie positive pour un jeune passant par l’EPIDE ». Un chiffre qui peut faire rêver n’importe quel agent de chez Pôle Emploi. Un résultat qui devrait faire l’unanimité, et pourtant « nous connaissons encore trop d’opposition entre le système scolaire et nous », conclut le directeur (plus d’infos sur www.epide.fr)
Un partenariat avec les entreprises
Bien sûr, ce dispositif a une pertinence si et seulement si des partenariats étroits sont noués avec le monde de l’entreprise. Comme le souligne Xavier Jouanin, maire d’Onnaing, la lutte contre le décrochage scolaire et par suite l’insertion des jeunes passe « par un alignement des planètes en phase avec les discours. Tous les signataires ont un objectif commun ».
Dans ce cadre, cette convention signée par la ville d’Onnaing et l’EPIDE de Cambrai voit la participation de plusieurs acteurs du monde économique : Club d’Entreprises REUSSIR agence de Valenciennes, l’entreprise ATF à Onnaing, l’entreprise OCAD à Onnaing, l’entreprise GSF PLUTON à Onnaing, et POP SCHOOL à Valenciennes.
Les commentaires des chefs d’entreprises sont très éclairants sur les besoins en 2018. « L’EPIDE a mis le doigt sur un point clé. Avant je regardais le CV et les diplômes, je ne prenais pas en dessous de 25 ans. Depuis 2 ans, j’ai choisi des jeunes où seul le comportemental m’intéresse. La formation, on s’en occupe. J’ai pris 6 jeunes de moins de 20 ans, 6 embauches en CDI », explique le patron de chez OCAD.
Pour sa part, Fabien Delzenne, représentant le Club Réussir, évoque « la méfiance du chef d’entreprise à l’égard des jeunes. Pourtant, il est important de remettre les jeunes dans le circuit ».
Enfin, Pop School est un employeur dans la formation numérique. « Nous recherchons des talents, pas des diplômes. Nous avons un taux de sortie positive de 69% « , souligne un responsable.
Voilà une signature pragmatique au service des jeunes décrocheurs sur la commune d’Onnaing. Nul doute que l’EPIDE à travers ce partenariat va se faire repérer plus encore par les acteurs publics du Valenciennois.
Daniel Carlier