Parcoursup espère redistribuer les cartes de l’orientation dans l’enseignement supérieur
La vedette incontestée de cette Journée Portes Ouvertes de l’Université sur Valenciennes, Cambrai et Maubeuge fut la sensibilisation à la nouvelle plate-forme d’inscription « Parcoursup » en remplacement de celle tant décriée APB. Rencontre avec deux élus de l’UVHC, Dorothée Callens, vice-présidente déléguée à la réussite et vie de l’étudiant et Franck Barbier, vice-président à la formation.
Inutile de relater les tribulations de la plate-forme APB (Admission Post Bac) avec comme point d’orgue le dysfonctionnement de la rentrée universitaire 2017. « Certains candidats avaient toutes les compétences requises et d’autres aucune, mais parfois ces derniers furent tirés au sort. Ce dispositif était d’une grande injustice. Sur l’UVHC, nous n’avons pas eu recours à ce tirage au sort car notre capacité par filière nous a permis de ne pas le faire », entame Dorothée Callens.
Face à cet échec patent, mais surtout trop long avant la réaction d’un exécutif comme si une mauvaise idée pouvait devenir formidable avec le temps. Mieux vaut agir bien demain que parfaitement après demain !
Le gouvernement a de fait mis en place une nouvelle plate-forme d’inscription dans une filière de l’enseignement supérieur. Elle s’appelle Parcoursup. Durant cette JPO de l’Université de Valenciennes aux Tertiales et au Mont-Houy, les futurs étudiants sont venus massivement se renseigner sur les filières de formation, mais également sur la nouvelle clé de voûte post-bac.
Dorothée Callens « Parcoursup est une révolution de l’orientation »
Rappelons que l’ancien dispositif proposait à chaque lycéen d’émettre 20 voeux, le 1er était le plus important, puis en cas d’impossibilité, les 19 autres choix étaient égrenés par ordre sans annulation définitive de la plate-forme APB. « Aujourd’hui, le lycéen(ne) effectue 10 choix analysés avec le même degré d’importance. Dans ces choix, il existe des attendus qui ne visent en aucun cas une sélection », explique Dorothée Callens. Par contre, ils identifient un profil le mieux adapté à une filière. « Ces choix sont également le fruit d’un continuum entre les enseignants des lycées et de l’UVHC. Le rectorat a organisé des rencontres depuis le début de ce projet où nous avons présenté nos offres de formation aux équipes pédagogiques de tous les lycéens dans le Valenciennois, Sambre Avesnois, et Cambrésis », ajoute Dorothée Callens.
De fait, les choix des futurs étudiants sont aiguisés par leur équipe pédagogique en terminale. « D’ailleurs, le chef d’établissement met également un avis sur les choix de chaque candidat à l’enseignement supérieur », ajoute-t-elle. Elle martèle « Parcoursup n’est pas une sélection. C’est une révolution de l’orientation». Franck Barbier conforte ce propos « refuser un étudiant n’est pas du tout l’objectif de Parcoursup. Nous sommes très surpris par la présentation de ce dispositif (par certains syndicats)… Nous voulons intégrer nos étudiants dans les meilleures conditions ».
Et comment es-ce possible ?
Parfois, la plus brillante réforme se heurte à une scorie technique qui fait vaciller toute la mesure. Ici, à l’analyse de ce nouveau mécanisme, le maillon faible d’APB s’avérait l’amoncellement de choix non supprimés…, et mécaniquement remplissaient les filières virtuellement. « Il faut savoir que 35% des étudiants français se regroupent dans 3 filières, le Droit, STAPS, et la 1ère année de Médecine », précise Dorothée Callens.
Donc, la clé de tout est l’utilisation de toutes les capacités des filières de l’enseignement supérieur français en phase avec les aptitudes des futurs étudiants. « C’est transparent, sur notre site internet, devant chaque filière, vous avez le taux de réussite d’un diplôme avec le BAC obtenu », précise Dorothée Callens.
La solution passe par la suppression des voeux multiples dans les meilleurs délais. « Après huit jours dès la sortie (toutes les dates en fin de sujet) de cette plate-forme Parcoursup, vous devez valider un OUI, si vous avez plus d’un OUI, ce qui supprime mécaniquement les 9 autres choix sur Parcoursup, cela libère des places », ajoute Dorothée Callens. C’est la grande différence avec l’ancien APB qui faisait perdurer ces 20 choix dans la machine…, fatale erreur. En clair, un étudiant ne peut plus être inscrit dans plusieurs cycles en même temps, et attendre la dernière minute pour choisir !
Revenons sur le rendu des choix du lycéen. « Pour l’UVHC, un jeune peut avoir un Oui, un Oui si à partir du moment où l’étudiant va suivre certains modules obligatoires, cela s’appelle un parcours de remédiation, ou une réponse En attente liée uniquement à la capacité de notre filière. Pour l’IUT, il peut y avoir un Oui, un Non, ou en attente toujours lié à la capacité de la section choisie », précise Dorothée Callens.
Il serait trop simpliste de résumer cette réforme à un simple bouton « Supprimer » des voeux. En l’occurrence, à l’instar de la continuité entre la classe de CM2 et la 6ème assez réussie, les échanges appuyés entre l’université et le secondaire sont fondamentaux. Le lycéen peut plus encore s’appuyer sur son équipe pédagogique afin de réaliser ses choix les plus pertinents.
« Cela permettra peut-être de réorienter certains lycéens dans d’autres filières plus en phase avec leur profil sachant qu’ 1/3 des étudiants réussissent leur cursus facilement, 1/3 connaissent des difficultés certaines (redoublement etc;), et 1/3 abandonnent en 1ère année », poursuit Franck Barbier.
Les dates clés :
Possibilité de s’inscrire sur Parcoursup https://www.parcoursup.fr/
- jusqu’au 13 mars 2018
- Modifier ses choix jusqu’au 30 mars 2018, si vous êtes déjà inscrit.
- Sortie de la plate-forme Parcoursup le 22 mai 2018
- Validation d’un oui et UN SEUL (si c’est le cas) dans les huit jours après la sortie de Parcoursup le 22 mai.
Toutefois, un étudiant peut avoir 10 réponses en attente « huit jours après, des places vont mécaniquement se libérer et faire basculer une réponse « En attente », liée à la capacité de la filière, vers un Oui.. Le retour à la normalité sera 8 jours après», précise Dorothée Callens.
« Nous avons déjà une expérience avec Choisir son Master », Franck Barbier
L’expérience est toujours un acquis et plus encore face à une réforme de cette ampleur, comme une lame de fond. « Nous avons déjà depuis quelques années une plate-forme « Choisir son master ». Elle fonctionne parfaitement avec la même mécanique que Parcoursup. Certes, c’était sur un nombre d’étudiants plus réduit, mais nous n’étions pas de fait inquiets sur la réussite (potentielle) de Parcoursup », souligne Franck Barbier.
Les nouvelles formations 2017/2018 à l’UVHC
L’UVHC est très proche des 12 000 étudiants pour cette année universitaire 2017/2018. Cette année a marqué l’émergence de plusieurs nouveautés.
Dans le cadre d’un cursus e-commerce et marketing numérique à l’IUT, il y a eu le lancement d’une formation sur Cambrai, une licence PRO (BAC +3) : Parcours E-logistique pour les détenteurs d’un BAC + 2, DUT, BTS, voire licence ; autre nouveauté, le lancement d’une autre licence PRO (BAC +3), Parcours Design du digital (Tertiales Valenciennes).
Ensuite, un nouveau Master est en place (BAC +5), accessible après un BAC + 3, le Parcours de Modélisation, Optimisation, et Sécurité. « C’est en droite ligne avec le cursus E-Commerce. D’ailleurs, elle offre un nouveau débouché pour les mathématiques appliquées. Ce diplôme pourrait permettre un recrutement dans le domaine de la sécurité, via l’alternance avec nos grandes entreprises partenaires », explique Franck Barbier.
Pas de doute, ce printemps universitaire 2018 sera inédit dans l’orientation des futurs bacheliers, un momentum important pour le choix d’une filière où les offres d’emplois seraient en corrélation avec le nombre de postulants… ! C’est toute l’histoire d’une mauvaise orientation à la base vers une filière en inadéquation avec les capacités de l’étudiant, un dénigrement d’autres cursus comme l’apprentissage (allongé de 26 à 30 ans en 2018) dont les vertus vers l’emploi sont immenses, une incapacité à former des jeunes, même en cycle court, vers un débouché professionnel ciblé. Ce Parcoursup sera intéressant à décrypter à la rentrée de septembre 2018, histoire de commercer par la case départ la réduction du chômage de masse en France !
Daniel Carlier