Valenciennois

Bernard Coget « la défense, c’est l’affaire de tous les citoyens »

Comme l’année dernière, des élèves du territoire ont planché sur la défense nationale. Cet exercice est d’autant plus intéressant que depuis les attentats en 2015, l’appétence pour une carrière militaire a repris une nouvelle dimension au sein de la jeunesse française. De carrière, dans la garde nationale, ou réserviste, le passage par la case défense de la nation n’est plus perçue comme une corvée, mais un devoir pour nombre d’entre eux (visuel Bernard Coget).

(Visuel, auditeurs du collège et lycée de Bavay)

Autonomie stratégique = Dissuasion nucléaire ?

Au sein de la « Maison des Français », la sous-préfecture de Valenciennes, le président honoraire de l’IHEDN (Institut des hautes études de Défense nationale)-Région Nord, Bernard Coget, a accueilli des élèves du Lycée Watteau à Valenciennes, mais également du collège et lycée de Bavay. Ces jeunes auditeurs ont présenté leur synthèse sur un sujet ô combien épineux. En effet, la dissuasion nucléaire et l’autonomie stratégique de la France étaient au menu des tympans attentifs de l’auditoire, rien que ça !

Enfin, le capitaine de vaisseau retraité Georges Geronde a exposé son analyse sur la thématique annuelle de l’IHEDN : « France, projet stratégique ou simple réactivité »

Les collégiens et lycéens de Bavay et du lycée Watteau se sont attelés à la dissuasion nucléaire, son histoire, son origine… !

Dans le Larousse, le mot dissuasion est clair : « Moyen quelconque utilisé pour dissuader quelqu’un, un groupe ». Pour le volet militaire, c’est encore plus limpide… « L’adversaire potentiel renonce à une agression parce qu’il pense que le gain escomptable est inférieur au risque de destruction qu’il encourt ».

Auditeurs du Lycée Watteau

En effet, toute la montée en puissance de l’armement nucléaire en France découle de cette volonté de faire peser une menace telle qu’elle dissuade tout belligérant. Ne pas agir, mais maintenir la permanence de la menace d’une force de frappe. « En France, la dissuasion nucléaire est maritime et aérienne. A titre d’exemple,  pour la dissuasion en mer, la France possède 4 sous-marins nucléaire avec à leur bord 16. missiles M-51, d’une portée de 8 000 km,  avec 6 ogives nucléaires par fusée. Un sous-marin nucléaire tourne en permanence de par le monde avec cette force de frappe prêt à tirer », souligne Georges Geronde.

Tour à tour, les élèves de Bavay expose l’historique de ce choix militaire initié par le Général de Gaulle dans l’esprit d’une assurance-vie pour la nation française. Cette idée a pris corps suite au conflit dans le Canal de Suez (1956…) où l’Angleterre et la France ont vu que l’absence d’armement nucléaire laisse un pays détenteur vous menacer allègrement.

De « l’après-guerre 1945-1969, le parapluie américain grâce à son arsenal est l’option militaire de la France. Il faut rappeler à cette époque le soutien (conséquent) des U.S.A à la France, 71% des emprunts en France de 1941 à 1945 étaient issus d’une aide américaine. Ensuite, 94% des dons à la France sont venus des Etats-Unis jusque 1957 », souligne un jeune auditeur.

Sur le plan militaire, c’est la création de l’OTAN en 1949 qui régit la politique militaire mondiale dans le bloc de l’Ouest. Pour autant, le Général de Gaulle décide de doter la France de la Bombe A, puis de la bombe H, c’est l’indépendance de la France qui est sur la table. Malgré tout, le budget de la défense baisse pour atteindre en 1971, 2,55 du PIB, avec déjà à l’époque les complaintes des hommes étoilés. Aujourd’hui, Emmanuel Macron a indiqué que le seuil de 2 % du PIB serait atteint en fin de mandat, soit 2022, contre 7% en Russie, et 3,2 % aux USA. En chiffres, l’armée française comptait 750 000 hommes dans les années 60. Depuis la fin du service national, l’effectif de l’armée française est, en 2017, de 188 000 hommes et femmes.

Par contre, la dissuasion nucléaire ne fait plus débat dans le monde politique. François Mitterand disait en 1981 : «  La dissuasion nucléaire est une réalité, un prestige, un atout pour notre rayonnement ». Trouvez un seul politique en 2017 osant utiliser des mots identiques à propos de la force militaire nucléaire ! D’ailleurs, la force de frappe nucléaire est passée de 199 têtes nucléaires en 1976 à 540 en 2012. Le progrès technique est passé par là, la puissance des missiles a fait une avancée fulgurante dans le domaine. Un fait tangible faisant dire au conférencier du jour, Georges Geronde, « un homme n’a jamais créé une arme sans l’utiliser… ».

De nos jours, on parle beaucoup du Soft Power, comme le Panda de Beauval, car la stratégie militaire et économique est multifacettes. La stratégie directe, la frappe, indirecte, la négociation, et globale avec un savant mélange de Hard Power, le militaire, et de Soft Power; la culture, l’économie, le sport etc.

Pour autant, le conférencier met en exergue une réalité cruelle « la bombe atomique n’est pas opérationnelle pour lutter contre les terroristes ! ».

Bernard Coget a conclu ces exposés en soulignant l’importance de cet esprit de défense « difficile de nos jours à cultiver sans service national. La défense, c’est l’affaire de tous les citoyens ».  Une équation que tente de résoudre chaque année l’IHEDN.

Daniel Carlier

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