Le port de St-Saulve-Bruay-sur-l’Escaut, un interlander en pleine croissance !
Force est de constater que l’économie française et ses acteurs clés repensent la mobilité des produits. A ce titre, le transport fluvial revient en force à l’image du discours d’Edouard Philippe au Havre, la semaine dernière, sur un marché de l’économie portuaire française à reconquérir !
(Visuel de l’espace d’extension/sud du port principal de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut, au fond de la photo, le première partie réalisée en 2015)
Le contexte
Le port public de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut continue de grandir à une vitesse presque surprenante. Hier, l’inauguration de l’extension nord dite « Parc à vides », dédiée au stockage de conteneurs vides, a eu lieu mais aussi la présentation de la future extension sud prévue d’ici 18 mois.
Ce développement n’est pas né non plus d’un claquement de doigt. Pour un rappel de l’environnement, les VNF (Voies Navigables de France) sont les propriétaires des sites bord à canal en France. Cet organisme, devenu un EPA (Etablissement Public Administratif) le 01 janvier 2013, a confié historiquement aux CCI l’exploitation économique de ces sites bord à canal.
Sur le Valenciennois, dès 2012, le syndicat mixte Docks Seine Nord s’est constitué avec Valenciennes Métropole et la CCI Grand Hainaut, l’obligation demandée par VNF est que la CCI demeure majoritaire au sein de cette institution. En fin d’année 2017, la Porte du Hainaut rejoint ce syndicat mixte ouvrant les portes d’un développement plus large au sein du territoire.
A ce jour, le port public de Valenciennes est composé de 5 quais publics, 5 plateformes tri modales sur le long de l’Escaut, avec des développements très différents, Bruay-sur-l’Escaut/Saint-Saulve, inauguration du jour, Bouchain, Denain, Prouvy-Rouvignies-Haulchin, et Valenciennes.
Bruno Fontaine, président de la CCI Grand Hainaut : « Ce port de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut répond à un besoin, il a un flux équilibré d’entrées et de sorties »
Après une première phase inaugurée en 2015, avec une capacité maximale de 85 000 EVP (Equivalent Vingt Pieds), ce port de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut poursuit sa progression. Il atteint 76 000 EVP pour sa 2ème année d’exploitation. En clair, il est très proche de la saturation. « Nous avons cherché une solution rapide d’extension. Dans cette optique, nous avons opté pour une extension(rapide) de délestage, un parc à vides, 10 000 M2 consacrés au stockage de conteneurs vides. Je remercie le Sous-Préfet de Valenciennes pour son aide sur le volet administratif. Cela réduit de 30 % le nombre de conteneurs sur le port principal », souligne Gautier Hotte, directeur exécutif des Ports de Valenciennes. Il ajoute une touche pragmatique sur le port principal « le jour même de l’inauguration en 2015, les conteneurs attendaient pour utiliser ce nouveau port public ».
Satisfaction affichée par Bruno Fontaine, le président de la CCI Grand Hainaut : « Ce port de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut répond à un besoin, il a un flux équilibré. C’est l’économie même d’un port la gestion des entrées et des sorties. Pour information, le port d’Anvers représente 6% du PIB belge. Nous sommes le 5ème port intérieur en France. La situation de ce port public est stratégique, au coeur de l’axe Anvers, Rotterdam et Dunkerque », souligne Bruno Fontaine. Pour les initiés, à l’opposé des ports face mer, les ports intérieurs se situe dans les terres, baptisées interland.
Un chantier mené tambour battant par Valenciennes Métropole, pour un montant de 700 000 €. Un dossier qui a valu une participation exceptionnelle de 70% de l’Etat (500 000 €). « Parfois, on inaugure et on ne voit pas vraiment à quoi va servir l’argent public consacré à cet équipement. Au moins, ici, vous travaillez en circuit-court. Ensuite, la qualité de votre projet a fédéré les acteurs. Nous avons rapidement décidé d’être un financeur de référence », souligne le Préfet de Région, Michel Lalande. Il glisse néanmoins une pensée emprunte de réalisme budgétaire « je doute que pour la nouvelle extension/sud, l’Etat soit aussi généreux ! ».
Nouveau départ
La présence d’Alain Bocquet à cette manifestation marque un tournant dans la gestion et la portée de ce syndicat mixte Docks Seine Nord.En effet, l’adhésion de la Porte du Hainaut ouvre la porte « a un développement plus large. Nous avons attendu de pouvoir intégrer ce syndicat dans de bonnes conditions. Il est important que nous ayons une vue globale, économique, écologique et touristique sur l’ensemble de ces ports. Les ports de Bouchain, Denain, la zone des Bruilles sur Escaupont doivent se développer. Il faut dépasser nos frontières », conclut le président de la CAPH.
Pour sa part, Dominique Deburge, est ravi : « Je suis très content de la présence d’Alain Bocquet à cette inauguration. Nous avons beaucoup à faire sur des ports comme Prouvy et Bouchain par exemple. Parfois, on nous reproche le peu d’emplois, plusieurs hectares pour une vingtaine d’emplois. D’un autre coté, les entreprises du territoire attendent ce type de transport. En fait, ce port est un investissement pour l’emploi indirect ». Le vice-président à la CAVM a souligné également la nécessité d’une desserte rapide « car l’URMA (ou CFA) arrive sur ce secteur en septembre 2018 avec près de 1 500 apprentis ! ».
Enfin, le représentant de la région des Hauts-de-France rappelle que le port de Valenciennes » est le 1er port intérieur des Hauts-de-France. Il agit pour l’emploi « .
Extension sud
Ce mercredi 29 novembre, en présence d’Alain Bocquet président de la Porte du Hainaut, Dominique Deburge, vice-président à Valenciennes Métropole, le futur président de la commission transport de la région des Hauts-de-France, la Région des Hauts-de-France, le Sous-Préfet de Valenciennes, Thierry Devimeux, et le préfet de région, Michel Lalande, outre l’inauguration du parc à vides, les élus ont pu visualiser l’extension/sud du port de Saint-Saulve/Bruay-sur-l’Escaut.
Cette extension va doubler la surface de terre-plein du port principal. Il passera à 35 000 M2, contre 20 000 M2 aujourd’hui, portant la capacité de 85 000 EVP à 140 000 EVP par an. Bien sûr, le budget nécessaire est d’un tout autre calibre. Les travaux sont estimés 8,5 millions d’euros avec un financement éclaté entre l’Europe (40%), l’Etat (14%), la région (15%), et le solde par le syndicat Docks Seine Nord. « Les travaux devraient démarrer au 1er trimestre 2018 pour une mise en service 18 mois plus tard en juin 2019 », conclut Gauthier Hotte.
La conclusion au Préfet de Région : « Ce développement doit rendre irréversible cette activité dans le Valenciennois face aux grandes infrastructures, je parle bien sûr du Canal Seine Nord Europe. Plus globalement, la France doit reprendre une place qu’elle n’aurait jamais dû perdre ».
Daniel Carlier