La fluidité du parcours de soins
Etablissements de santé publique et privée, médecine de ville solitaire, deux mondes trop distants avec au milieu du gué le patient, voilà un panorama que s’efforcent de modifier sur le terrain les professionnels de santé. Dans cette optique, la Maison de Santé Pluridisciplinaires, sur Marly, a signé une convention avec le Centre Hospitalier de Valenciennes, le début d’une nouvelle relation entre l’Hôpital public et la médecine de ville.
(Visuel arrière de cette Maison de Santé Pluridisciplinaires)
Pourquoi les professionnels de santé se regroupent-ils dans des MSP ?
Poser sa plaque de professionnel de santé, exercer sa profession où le seul échange est avec son patient, accepter une astreinte quasi permanente, faire face à des coûts structurels conséquents, si vous additionnez ces réalités du terrain, vous obtenez la réponse à la prolifération latente des MSP (Maison de Santé Pluridisciplinaires).
Cette MSP est située au 61 rue Paul Vaillant Couturier à Marly, les professionnels de santé « ont investi dans le rachat, sans aucune aide, d’une habitation particulière. Les travaux de rénovation de cette maison, mais également de l’extension (superbe), ont duré 5 mois. Nous sommes ouverts depuis le 16 août dernier», explique Olivier Isaert, médecin libéral au sein de cette structure médicale. Cette MSP est composée de 12 professionnels de santé dans des disciplines comme médecins de ville, infirmières libérales, mais aussi de santé publique, une podologue, et deux orthophonistes, deux secrétaires et une pour l’entretien.
« Une MSP est beaucoup plus attractive pour des jeunes professionnels de santé », Patricia Rousseaux, médecin libéral
Clairement, la Maison de Santé Pluridisciplinaires touche du doigt une conception de la médecine de ville, cette nouvelle première ligne de soins indispensable pour la patientèle. « Une MSP est beaucoup plus attractive pour des jeunes professionnels de santé. Nous échangeons, nous partageons, c’est extrêmement enrichissant pour tous dans un nouveau cadre de travail partagé », commente Patricia Rousseaux, médecin libéral. Olivier Isaert, un autre médecin conforte ce propos « je suis rassuré quand je ne suis pas en activité. Mes patients peuvent être accueillis car il y a une équipe (médicale), nous avons envie d’échanger, c’est également un équilibre de vie », ajoute Olivier Isaert.
Toutefois, celle volonté d’échanges et de partages des pratiques de santé n’est pas née d’hier sur Marly. «Cela fait dix ans que j’aborde ce sujet. La médecine de ville et les établissements de santé sont deux systèmes différents, complémentaires, et qu’il ne faut surtout pas opposer. Cette collaboration est pertinente», explique Bertrand Stalnikiewicz, médecin libéral.
Marly, comme d’autres communes dans le Valenciennois, est sous le coup d’une vague de départs en retraite des médecins de ville. « Marly pourrait devenir une zone déficitaire médicale, une commune à risque », précise Bertrand Stalnikiewicz.
« Notre relation avec la médecine de ville vise à fluidifier le parcours de soins du patient », Rodolphe Bourret
Toutefois, cette aridité de l’exercice de santé de proximité rencontre avec bonheur les voeux du ministère de la santé. « L’ouverture de ces MSP est une volonté du gouvernent actuel. L’objectif est la graduation des soins. Le 1er diagnostic médical est indispensable pour une juste orientation du patient. Ensuite, le CHV constitue le 2ème rideau plus spécialisé. Tout ceci favorise la fluidité du parcours de soins pour un patient. D’ailleurs, celle de Marly dépasse même les demandes, elle est plus riche puisqu’elle rassemble des soignants et des paramédicaux », souligne le directeur général du CHV, Rodolphe Bourret.
Une convention a été signée hier soir entre les professionnels de santé de cette MSP et le CHV. Une signature s’inscrivant dans une collaboration plus globale entre les professionnels de santé et l’hôpital de référence du Valenciennois. « Cette convention permet également de faciliter les contacts entre le CHV et cette MSP. Nous opérons un retour d’informations aux praticiens durant le séjour et après la sortie du patient. Enfin, le fait de connaître son interlocuteur dans une structure telle que le CHV est important », ajoute Rodolphe Bourret. «D’ailleurs, il n’est pas évident pour nous de connaître les nouveaux médecins au sein du CHV. Un retour d’informations à ce sujet est très intéressant pour nous », indique Olivier Isaert.
La finalité d’une nouvelle coopération entre l’hôpital public et la médecine de ville est une meilleure offre de soins de proximité. « Nous avons un taux de surmortalité de 30% au dessus de la moyenne nationale sur ce territoire, il faut une meilleure accessibilité aux soins. Cette convention est une première sur le Hainaut », conclut Rodolphe Bourret. Un constat qui s’explique « également par la précarité. Là où elle se trouve, la population se soigne moins », poursuit Bertrand Stalnikiewicz. Cette Maison de Santé Pluridisciplinaires sur Marly initie un mouvement, un développement des MSP comme sur Denain, voire sur Condé-sur-l’Escaut, l’offre de soins de proximité va se muscler de facto sur ce territoire avec le regard bienveillant de l’ARS (Agence Régionale de Santé).
La conclusion est lumineuse de vérité. Une Maison de Santé Pluridisciplinaires a un rôle médico-social, autant que l’hôpital public, leur point commun est la proximité. Le soin médical pour tous passe par une offre accessible, lisible, compréhensible du grand public quel que soit sa condition sociale !
Daniel Carlier