(VA) Quatre statues contemplent la Plaine.
Ce samedi, première journée de ce week-end du patrimoine, c’est sous le soleil qu’au quartier de la Plaine, entre Chasse-Royale et le Centre Hospitalier de Valenciennes, ont été inaugurées quatre sculptures, dont le très joli baiser de l’amour (1901) par Alphonse Désiré dit Gustave Crauk. Un peu de tendresse dans ce monde.
L’art s’invite dans les quartiers.
Ce sont quatre copies dont les originaux sont précieusement conservés au Musée des Beaux Arts de Valenciennes qui parsèment de culture ce quartier qui a fait l’objet d’importants travaux de rénovation en 2015. Voiries, ralentisseurs, accessibilité, places de parking et espaces verts entre autres. « C’est la cerise sur le gâteau. », note Daniel Cappelle. Un souhait de Laurent Degallaix, accompagné de Geneviève Mannarino et Matteo Gualano, adjoints, le maire ajoute « ce quartier a été transformé. Je souhaitais que l’art dans la rue ne soit pas qu’en centre ville. Il y a encore d’autres chantiers, nous allons faire en sorte que les Valenciennois profite de la culture, on va trouver des trésors.»
C’est ainsi que Le baiser de l’amour (1901) par Alphonse Désiré dit Gustave Crauk charme la maison de quartier de la Plaine, le Jeune berger debout (1934) par Félix-Alfred Desruelles l’est au clos des Bleuets, L’Asiatique ou le Chinois (1868) est placé rue du Verger et un buste d’Anna Foucart (1860) par Jean-Baptiste Carpeaux également accueille les visiteurs avec le sourire rue de Tinchon. « Nous avons mené une étude avec Vincent Hadot, nous avons pris des œuvres du musée des Beaux-Arts de Valenciennes. Ce sont de très belles copies. Ce sont des résines, ici un vrai marbre, là un bronze, de l’autre côté, une terre cuite…Elles ont été moulées aux ateliers du Louvre, à Paris. »
Carpeaux, Crauk, Desruelles, les trois sculpteurs ont trois points communs.
Nés à Valenciennes, leurs sépultures sont au cimetière St Roch, et tous ont été aidés par la ville pour partir étudier sur Paris. « Jean-Baptiste Carpeaux et Gustave Crauk sont allés à la Villa Médicis, tous deux sont revenus avec le 1er Grand Prix de Rome. », ajoute le passionné Daniel Cappelle qui distille ses anecdotes et ses secrets d’histoire tout au long de la balade. « Quant à Desruelles, il a toujours un peu de mélancolie dans ses sculptures. »
Coup de cœur Le baiser de l’amour (1901) par Gustave Crauk.
Il n’a pas pris une ride ce tendre baiser. Même en copie. Installé devant la maison de quartier de la Plaine. Il faut dire que la tendresse et l’intimité de ce baiser entre cette femme nue assise au sol et cet enfant blotti dans ses bras est émouvante. Les ailes de l’enfant font de lui un petit cupidon. Longtemps ce baiser a été lu comme celui d’Eros et Psyché mais aussi comme une allégorie de l’amour maternel. Si vous approchez, les détails renforcent le charme, la chevelure, les doigts de pied, la finesse de la main, le regard… « Cet enfant a des ailes. C’est la maternité, l’amitié et l’amour. »
Un coup de cœur partagé par Georgette et Brigitte, habitantes du quartier, « elle est superbe, vraiment superbe. C’est une belle initiative. J’aime les autres statues mais celle ci est sublime. »
A son retour à Paris après la Villa Médicis, la carrière de sculpteur officiel et de portraitiste de Gustave Crauk s’intensifie. En 1903, « il y a un musée Carpeaux à Valenciennes, alors sera construit, un musée Crauk, dans l’ancien pavillon chinois au coin de la place verte ». Il abritera les statues de Crauk jusqu’à la Guerre car « les œuvres ont été cachées pendant la Guerre. A l’époque les Valenciennois ont pris soin de les cacher, de les mettre de côté pour éviter leur destruction.»
Un Desruelles et deux Carpeaux, ce n’est pas une cerise sur le gâteau, mais quatre.
Félix-Alfred Desruelles avec Jeune berger debout (1934) est installé au clos des Bleuets, « il a réalisé beaucoup de bustes et travaillé en France, au Chili, en Tunisie…cette pièce fait partie d’un ensemble, une autre sculpture bien plus grande, qui n’a elle jamais abouti. » La statue a des formes de petites boules apparentes sur sa surface, elle n’est pas lisse, « effectivement à partir de 1925 Desruelles travaillait la matière avec des boulettes. » L’asiatique (1868) par Carpeaux a quant à lui le regard fixé rue du Verger. Le Chinois des Quatre parties du monde de Carpeaux, « il avait eu l’idée de faire quatre sculptures comme un tour de la terre, une Africaine, une Chinoise, une Européenne et une Indienne. » Le tour des statues s’achève avec Le buste d’Anna Foucart, souriante, la jeune fille avait 14 ans lorsque Carpeaux l’a crayonna. Trois ans plus tard, l’artiste espéra marier Anna, son père refusa, indigné. Et la jeune femme épousa plus tard, Paul Sautteau, qui fût Maire de Valenciennes.
Daniel Cappelle conclut : « Carpeaux est immense. Il a cassé les codes du 19eme siècle, c’est celui qui a permis à Rodin d’être Rodin… »
Céline Druart