Le PNR est un territoire exceptionnel !
Le Parc Naturel Scarpe Escaut a le privilège d’accueillir un séminaire national cette semaine. Hôte de Grégory Lelong, le président du PNR Scarpe Escaut, Michael Weber, le président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France, a profité de cette occasion pour visiter et échanger avec les acteurs au quotidien du plus ancien parc français (crédit photos Olivier Delvaux).
(Visuel Grégory Lelong, Michael Weber)
Michael Weber, président de la Fédération des PNR : « Le plus ancien avec le plus jeune président des 51 PNR existants ».
Dans de nombreux pays, il existe des Parcs Nationaux terrestres voire maritimes comme sur Mayotte et la mer d’iroise (large de Brest). Par contre, pour allier la préservation des espaces naturels plus largement et la présence de l’homme, le Général de Gaulle a permis l’émergence d’une structure adaptée en 1967, les Parcs Naturels Régionaux. L’habitat permanent est possible, contrairement aux Parcs Nationaux, et de facto ces espaces naturels couvrent des zones rurales voire urbaines.
En 1968, le premier PNR a vu le jour et ce fut celui du Scarpe Escaut. Presque surprenant puisque les 51 PNR français occupent plutôt des zones rurales. « Mis à part l’île de France, seul le PNR Scarpe Escaut est traversé par un tramway. Pas de parc sous cloche, et en même temps un accès respectueux à tous les espaces naturels », explique le président national.
Sa particularité est cocasse…« le PNR Scarpe Escaut est à la fois le plus ancien de France, mais avec le plus jeune président (Grégory Lelong). Nous en sommes très fiers », ajoute Michael Weber.
« La Suisse, la Belgique, le Luxembourg voire récemment la Norvège, ont copié notre texte », précise Michael Weber
Forte densité urbaine avec la nécessité d’un lien social, influence majeure de l’eau sur les choix environnementaux, ce PNR Scarpe Escaut est singulier. A ce titre, il détonne un peu du profil type d’un PNR à la française. Néanmoins, ce modèle de gestion des espaces naturels est très observé à l’étranger. « La Suisse, la Belgique, le Luxembourg voire récemment la Norvège ont copié notre texte du PNR à la française. Nous sommes également contactés par des pays d’Amérique latine, voire d’Europe de l’Est… », précise Michael Weber. Preuve que cette vision française d’un territoire partagé entre l’homme et des espaces naturels précieux est pertinente.
Il faut rappeler que la Fédération des PNR est une association financée de façon tripartite, 1/3 le ministère de tutelle, 1/3 par les 51 PNR et 1/3 par les grands partenariats avec La Poste, la Caisse des Dépôts et Consignations, les énergéticiens etc. Cette transversalité dans les échanges avec les acteurs publics, voire privés, confèrent aux PNR un rôle moteur dans la mobilisation active des collectivités locales, car ces dernières font partie de cette équation fragile.
Un 5ème PNR dans les Hauts-de-France
La création d’un Parc Naturel Régional est encore possible même si la procédure prend une dizaine d’années. « Chaque PNR est un territoire exceptionnel », insiste Michael Weber. C’est pourquoi, le process n’est pas bouclé avec un simple formulaire CERFA. La démarche est très longue.
« D’ici 2018, 5 nouveaux PNR sont prévus en création dont celui de la Baie de Somme/Picardie Maritime. Il faut bien sûr que le Conseil régional des Hauts-de-France valide ce nouveau PNR », précise Pierre Weicq, le directeur de la Fédération des PNR de France. Ce serait de fait le 5ème PNR dans la région des Hauts-de-France.
Séminaire national
Sur le site d’Amaury, le Centre d’Education à l’Environnement, un séminaire national se déroule ce 31 août et 01 septembre sur la thématique sensible de « la mobilisation des habitants ». A travers une meilleure appropriation de la population, des nouvelles perspectives viennent s’inscrire pour le développement d’un PNR : l’agriculture, le tourisme, les énergies vertes et la rénovation des bâtiments existants. « Près de 70 personnes sont inscrites, la moitié des PNR sont représentés pour ce séminaire national », précise Pierre Weicq.
Plus que d’actualité dans un temps où la sensibilisation à l’environnement de masse est au pic de l’intérêt mondial. ; de l’autre coté, l’environnement de proximité a toute sa place dans cette démarche d’une transition écologique assumée partout et en tout lieu.
Dans cette optique, la mobilisation des populations au sein d’un Parc Naturel Régional constitue un enjeu de taille. Le lien social ne doit jamais être un discours entendu mais sans écoute, une feuille de route unilatérale, mais sans chemin. Non, le dialogue de terrain doit conduire les habitants d’un PNR, comme celui de Scarpe Escaut, à prendre en compte leur environnement privilégié, à le préserver, à sensibiliser les visiteurs occasionnels etc. Le PNR est intrinsèquement l’affaire de tous, une propriété partagée comme les espaces naturels qui les entourent.
La nature recèle des trésors insoupçonnés, elle peut survivre à de terribles épreuves, sauf celle du comportement irresponsable d’une population. L’homme et l’espace naturel, c’est un contrat irréfragable, l’un comme l’autre sont liés pour la vie sans aucune chance de survie l’un sans l’autre.
Daniel Carlier