La philatélie, un loisir en désaffection !
Depuis quelques années, la philatélie qui pourtant a connu ses heures de gloire, subit un véritable désintéressement. La situation est-elle irrémédiable ? Quelles en sont les causes ? Un cas concret à Saint-Amand-les-Eaux.
ST – AMAND – LES – EAUX : LES 16 ET 17 SEPTEMBRE, LE CLUB PHILATÉLIQUE FÊTE SES 80 ANS
21 mars 1937 – C’est la date de naissance du club philatélique amandinois qui, dès les premières réunions connaît un vif succès et enregistre de nombreuses inscriptions. Un loisir qui s’est développé partout rapidement après l’apparition du premier timbre-poste au monde, en Grande-Bretagne, le 6 mai 1840. Il faudra toutefois attendre le 1er janvier 1849 pour que soit émise la première « vignette » en France et 15 ans plus tard pour qu’apparaisse dans la langue le mot philatélie inventé par le français Gustave Herpin qui fonde à Paris la première Société philatélique au monde en 1865.
Dès la sortie des premiers timbres-postes, on commence à les collectionner et dans les villes, les amateurs se regroupent (des clubs voient même le jour au sein d’entreprises). Il faut dire qu’au début du 20e siècle, nous sommes en pleine époque des cartes postales qu’on s’envoie entre amis et à la famille lors des voyages… En 1938, le Groupement philatélique du Hainaut français (GPHF) qui, en dehors de Valenciennes, se compose de 4 sections, Aniche, Condé, Denain et St Amand compte 160 membres actifs (Le club amandinois s’est retiré de cette structure pour prendre son indépendance en 1977). Le but est « d’amener à la philatélie tous les collectionneurs désireux de se perfectionner en leur en assurant le moyen par les multiples avantages des divers services créés à leur intention. »
Au plan local, une exposition philatélique « de propagande » est organisée le 29 mai 1938 sous le patronage de la municipalité, de la Fédération des sociétés philatéliques françaises et de l’Académie de philatélie (à l’origine de la création du Musée de la Poste qui sera inauguré à Paris en 1946 pour abriter les collections concernant l’histoire de la poste et de la correspondance).
L’activité ne fait que se développer et compte de plus en plus d’adeptes de toutes origines, de tous âges… Certains voient au travers de ce loisir un moyen de voyager à travers le monde, d’apprendre à le connaître. D’autres découvrent le monde industriel et l’économie. Tous les thèmes sont abordés : l’histoire, la géographie, la science et les découvertes, l’art, les fleurs, les animaux…
LES TEMPS CHANGENT, LA SITUATION SE DÉGRADE
Plus près de nous, en 1970, une centaine de passionnés sont inscrits au Club philatélique amandinois dont une vingtaine de jeunes scolarisés qui participent à des séances d’initiation dispensées dans certains établissements au cours d’activités extrascolaires. Mais l’effectif tombe à 65 – dont 40 actifs – en 1997 puis chute à 45 adhérents en 2003 et n’est plus aujourd’hui que de 12 membres dont le plus jeune a 50 ans ! Cependant, les réunions mensuelles au cours desquelles, dans la convivialité, on discute des dernières émissions, on recherche les variétés, la pièce rare ou celle qui manque ont toujours lieu mais ne semblent pas retrouver leur attractivité.
Pourquoi cette désaffection ?
Nous avons rencontré Jean-Marc Pauwels, président actuel de l’association amandinoise dont il est membre depuis 1959, pour lui poser la question.
Pour lui, plusieurs raisons : « On ne vit plus aujourd’hui dans le même monde. Les modes d’occupation des loisirs ont changé. Les voyages, on ne les vit plus en rêve en examinant les paysages reproduits sur des morceaux de papier, on les réalise. L’éventail des activités pour les jeunes s’est considérablement élargi. Beaucoup préfèrent s’orienter vers le sport ou s‘accrocher à leur tablette pour visualiser telle ou telle aventure extraordinaire…Les mêmes effets se répercutent d’ailleurs sur la lecture.
Les modes de communication aussi ont changé. Avec Internet, le volume des courrier postaux connaît une chute vertigineuse. Les échanges se font de plus en plus par mails.
Mais aussi et surtout, il s’agit d’un facteur financier : trop de timbres sont émis (150 à 200 par an – il existerait actuellement plus de 45 000 timbres français), ce qui rend de plus en plus complexe et coûteuse la constitution d’une collection. La philatélie est désormais devenue un véritable commerce. Résultat, les gens n’y trouvent plus ce côté attractif qu’on a connu. Lors du forum des associations auquel nous avons participé en juillet, la plupart des visiteurs qui sont passés à notre stand ne venaient que pour se renseigner en vue de l’éventuelle revente de la collection dont ils ont hérité ou qu’ils ont retrouvée au fond d’un tiroir… »
Arrivera-t-on à raviver la passion ?
« Nous sommes présents poursuit Jean-Marc Pauwels lors de diverses manifestations locales, Festival de l’Eau, Mai de la calligraphie, forums… mais le public ne s’intéresse plus.
Avec un léger décalage sur la date anniversaire de création de l’association, nous organisons à l’occasion des Journées du Patrimoine une exposition sur le thème « Le patrimoine à travers les timbres et les cartes postales ». Y participeront les clubs de Valenciennes, Lille, Denain et Condé qui présenteront de très belles collections thématiques. Si seulement cette manifestation pouvait relancer un peu la machine…Des jeux, des timbres, des cartes seront offerts aux jeunes et nous éditerons en interne un timbre, « l’Échevinage », figuration de l’ancienne entrée principale de l’abbaye, monument historique dans lequel l’association tient ses réunions depuis pratiquement son origine.
Précisons que l’on fêtera aussi en cette occasion, le 40ème anniversaire de la sortie du timbre « La Tour de Saint-Amand-les –Eaux » créé et gravé par Claude Andréotto, sorti le 17 septembre 1977.
Rendez-vous donc les 16 et 17 septembre pour une visite de cette exposition qui sera ouverte au public de 10h à 12h et de 14h à 18h.au salon Watteau , Grand-Place.
PATRICK WILLAI