La Chambre de Commerce de Valenciennes a eu son timbre… !
Au début de la guerre 1914-1918, le timbre utilisé par la Chambre de Commerce de Valenciennes fut le seul officiel émis pendant l’occupation des départements du Nord de la France par les armées allemandes, ce qui lui a conféré une faveur particulière dans le monde des philatélistes.
(Visuel des presses qui ont servi à imprimer ce timbre)
A cette époque, Valenciennes, fut donc la seule ville des territoires occupés à disposer, pendant un court moment, d’un service postal particulier.
Le contexte de la 1ère guerre mondiale
Au lendemain de la bataille de Charleroi, les troupes allemandes atteignirent la frontière le 24 août 1914, et pénétrèrent sur le territoire français entre Crespin et Quiévrechain. Ce même jour, dans la panique générale, les services de la Poste de Valenciennes étaient évacués, facteurs et employés dans tous les services.
Le 25 août 1914, les Allemands défilaient dans les rues de Valenciennes, et notamment par les rues de Mons et du Quesnoy. L’autorité allemande pris possession de l’hôtel de ville à cette date, et le courrier, pour la première fois, n’allait pas être distribué. Voilà le début d’une longue occupation de quatre années par l’autorité allemande.
M. Turbot, président de la Chambre de Commerce de Valenciennes, a rapidement eu l’idée de suppléer à l’absence d’un service postal. Fort des expériences sur Amiens et Paris, suite aux grèves des postes en 1909, le président de la Chambre de Commerce fit une démarche en ce sens auprès des autorités allemandes. Le lieutenant-colonel Kintzel, commandant de la ville occupée, accorda cette autorisation à M. Turbot le 05 septembre 1914. Ainsi, la Chambre de Commerce de Valenciennes était autorisée à transporter et faire distribuer des lettres, dans les limites de l’arrondissement, sous la double condition qu’elle resteraient ouvertes et qu’il n’y serait fait aucune mention sur l’armée occupante. Deux semaines après l’occupation allemande, un service postal provisoire pouvait être mise en marche en lieu et place de l’acteur régalien.
L’impression de ce timbre fut confiée à l’imprimerie Dehon, rue de Hesques, Sa vente fut assurée dans les débits de tabacs de la Place d’Armes, mais également au sein même de la Chambre de Commerce, Avenue du Sénateur Girard, à travers un Bureau de poste provisoire.
Des ennuis dès le 25 septembre 1914
Toutefois, ce service fut très éphémère. En effet, nous avons plus haut que le 05 septembre, l’autorisation fut accordée par le lieutenant-colonel Kintzel. Son successeur, le major Von Merhing, confirma cette latitude avec une modification de taille, il exigea l’apposition du visa allemand sur chaque lettre à compter du 25 septembre 1914.
La tentative de correspondance vers la commune de Lille, investie également, précipita la fin de ce service imaginé par le président de la Chambre consulaire. 48 heures après la visite de M. Turbot à Lille, le 28 octobre 1914, tout échange de correspondance fut suspendue vers cette ville. Dès le lendemain, le service postal provisoire fut suspendu dans l’arrondissement de Valenciennes, les affiches et tableaux indiquant cette autorisation furent détruits jusqu’au dernier. Ainsi, ce service postal de substitution n’a existé concrètement qu’entre le 07 septembre et le 30 octobre 1914 !
Un timbre prisée
Cette démarche singulière a valu moult ennuis à son initiateur. Toutefois, elle a également mis sur le marché des philatélistes un timbre d’une grande rareté, d’une valeur nominale de 10 centimes. Beaucoup de ces timbres furent achetés, mais jamais utilisés. La logique de la collection a rapidement mis en valeur le timbre oblitéré en opposition au neuf, mais rare tout de même ; il est donc extrêmement compliqué de rentrer en possession d’une lettre oblitérée de l’époque.
En raison de son faible tirage, du temps très court de son utilisation, des circonstances étonnantes de son émission, ce timbre de la Chambre de Commerce de Valenciennes est très prisé par les collectionneurs. D’ailleurs, il a fait l’objet de contrefaçon. Pour tout achat, vérifiez auprès d’un expert l’authenticité de ce timbre de Valenciennes.
Les noms des employés qui ont participé à l’impression du timbre de la Chambre de Commerce sont les suivants : Félix Boelen, Auguste Schultz, Joseph Lippens, Alphonse Delsarte, et Alphonse Magy.
(Sujet en hommage à Jean-Marc Ramboux, élu consulaire éminent disparu durant ce mois de juillet 2017)