Etat d’urgence à la Ruche d’entreprises de Denain
Ce mardi 11 juillet 2017, les 30 entreprises occupantes de la Ruche d’entreprises de Denain ont exprimé leur désarroi face à la presse. De multiples questions sur l’avenir des activités se dressent devant eux, certaines à très très courte échéance, le 01 septembre, voire à moyen et long terme.
Anne-Lise Dufour : « La Ruche d’entreprises restera à Denain avec tous ses services au 1er septembre 2017 »
La loi NoTRE n’en finit plus de modifier la répartition des compétences ici et là au sein des collectivités territoriales et locales. On l’a peu souligné, mais avec le redécoupage en 13 ragions de la carte administrative française, l’application à la lettre de la loi NoTRE est une révolution à tout point de vue.
Cette fois, elle a frappé la Ruche de Denain, présente depuis 1998 sur la ville, à travers la suppression de la compétence générale du Conseil départemental. « Concrètement, le département ne peut plus verser une subvention à la SPL (Société Publique Locale), gestionnaire des 12 ruches dans le Nord ; toutefois nous avons obtenu l’exécution des services jusqu’à la fin de la DSP ( Délégation de Service Public), soit le 31 août 2017 », déclare Stéphane Mortelette, directeur de la Ruche de Denain. Soulignons également que cette Ruche d’entreprises est située en Zone Franche, il y a de facto un intérêt économique important, en cours, sur celle localisation à Denain.
Cette compétence n’est pas souhaitée par la région. « La réponse de Xavier Bertrand est que la reprise des ces structures, dans le Nord, serait mécaniquement suivie dans les 4 autres départements de la région des Hauts-de-France », précise le directeur de la Ruche de Denain. Pourtant à l’affichage, la région des Hauts-de-France laissait penser que l’emploi était sa priorité numéro un, étrange !
On pourrait dire que cette situation, dont l ‘échéance est connue depuis le 01 janvier 2016, pouvait trouver un transfert plus en douceur. Sur le plan des salariés de la SPL, société gestionnaire avec comme actionnaire principal 51% le département du Nord, sur les 42 salariés répartis sur les 8 ruches dans le département, 2 CDD ne sont pas remplacés, 7 de retour au sein du Conseil départemental, et par suite 34 salariés licenciés. Christian Poiret, président de la SPL, vice-président du Conseil départemental « aurait mobilisé une somme de 900 000 € pour soutenir les Ruches, mais elle a été bloquée compte tenu d’un problème juridique, notamment dans le transfert des contrats de travail », souligne le directeur. Sur la ruche de Denain, il y a 2,5 ETP salarié par la SPL concernés par ce licenciement.
« Nous sommes 30 entreprises avec 150 emplois directs ou indirects concernés », EL KANSOULI
Pour restituer clairement ce service à l’entreprise, l’emploi, et l’économie en général, la Ruche, sur Denain est composée d’entreprises accompagnées (80% des occupantes), et 20 % sous la forme d’Hôtel d’entreprises. Elle propose un service d’accueil, réception du courrier, des colis, un accompagnement de l’entreprise, un suivi par le directeur etc. Au sein de cette pépinière, des sociétés bénéficient également d’un dispositif plus commun de l’ hôtel d’entreprises.
En l’occurence, sur Denain, « nous sommes 30 entreprises avec 150 emplois directs ou indirects concernés. Nous ne savons pas du tout notre situation au 01 septembre 2017, et nous sommes le 11 juillet », souligne EL KANSOULIL Voilà le panel, un concentré de l’économie sur la ville de Denain inquiet au plus haut point !
Marie MOUFFETARD, chef d’entreprise dans le domaine de la formation renchérit « est-ce que les responsables d’entreprises, et salariés, pourront accéder à ce bâtiment ? Le courrier sera-t-il réceptionné ? Le portail tout simplement fermé faute d’électricité… ».
Jean-Claude TARONT, un autre responsable d’entreprise ajoute également « les services sont tout aussi importants, l’accompagnement, le suivi du directeur etc. sont essentiels pour les sociétés ».
Le 01 septembre, quid du bâtiment ? Quid des entreprises locataires ?
C’est là que la situation se complique, car elle couvre deux thématiques distinctes. Tout d’abord, la propriété foncière du dit bâtiment. En effet, la discussion est âpre entre le Conseil départemental du Nord et La Porte du Hainaut. Pourtant, la situation avance sur d’autres sites « nous savons déjà que la MEL (Lillois) rachète les 4 ruches sur le Lillois, la CAD celle de Douai, la CUD celle de Dunkerque, mais pour l’instant aucune information concrète sur celle de Denain ! », ajoute Stéphane Mortellete.
Pourquoi cela coince sur le Denaisis ? La raison est simple. Certes, la délibération de principe sur la reprise de la Ruche de Demain a été actée en Conseil communautaire du 26 juin denier. Ce qui veut dire, en langage du sérail, qu’elle a passé l’étape de la réflexion dans les services, et élus associés, fut nécessairement validé par les fourches caudines du Bureau communautaire, pour arriver enfin à la plénière.
Par contre, Alain Bocquet, président de la CAPH, a clairement affirmé « que ce sera à nos conditions » sans en dire plus en Conseil communautaire. Anne-Lise Dufour, 1ère vice-présidente de la Porte du Hainaut, explique l’état de l’art : « Jean René Lecerf, président du Conseil départemental, veut 1,4 millions d’euros d’un bâtiment en très mauvais état, qui en vaut tout au plus 400 000 €. Je soutiens Alain Bocquet dans sa volonté de négocier le prix de ce foncier ». Les domaines sont-ils passés faire une estimation foncière compte tenu de l’écart abyssal entre ces deux chiffres ?
« Nous pourrions relocaliser cette Ruche d’entreprises sur Denain », Anne-Lise Dufour
Plus globalement, Anne-Lise Dufour fustige la position de certains exécutifs publics « c’est toujours facile de se dégager de ses responsabilités, et de dire aux collectivités (EPCI), vous achetez ».
Comme toute négociation publique, elle prend une dimension politique, il n’est pas évident que Jean-René Lecerf lâche un pouce de terrain, ni Alain Bocquet. Dans ce cas de figure, « La Ruche d’entreprises restera à Denain avec tous ses services au 1er septembre 2017. Par contre, pour la suite, nous pourrions relocaliser cette Ruche d’entreprises sur Denain, avec les mêmes services, sur un bâtiment (neuf) plus adapté, avec un parking moins serré, la proximité d’une école n’est pas favorable etc. » Voilà, pour le court terme, et le long terme, la sénatrice-maire précise « je ne parle pas au nom d’Alain Bocquet, mais comme 1ère vice-présidente de la CAPH, et nous avons évoqué clairement ce sujet la semaine dernière avec le Président. Nous sommes favorables au maintien de la Ruche d’entreprises sur Denain. On fait ce qu’il faut dans les services concernés ».
Le court terme serait-il une location de la Porte du Hainaut dans l’attente d’une construction ex nihilo (proche rocade par exemple) ? Voilà un scénario qui pourrait satisfaire les entreprises si tout est acté rapidement, et si les services aux entreprises sont poursuivis avec un loyer identique, un même coût mutualisé etc.
« Nous n’avons aucune information des élus »
Pour les entreprises, c’est un concert dont la partition n’a qu’une seule note, le déficit d’informations ! Tous les commentaires des entrepreneurs vont dans le même sens « nous n’avons aucune information à 1 mois et demi de l’échéance. On nous indique verbalement que tout se passera bien. Par contre, aucun écrit sur la poursuite des services, des accès à la Ruche le 01 septembre… ».
« Nous avons autre chose à faire au quotidien pour notre activité économique que de s’enquérir d’une coupure d’électricité, ou pas, le 1er septembre », ajoute Marie MOUFFETARD de l’entreprise FORMALEAZ.
M EL KANSOULI, Direct Burotic, appuie la volonté de ces entreprises de rester sur ce site « nous avons même envisagé la possibilité de faire un GIE, pour assurer le minimum des services nécessaires au fonctionnement quotidien des 30 entreprises locataires à Denain. Nous avons également réfléchit à l’acquisition de ce bâtiment par les entreprises ! ». Selon le directeur, elle est même très rentable, elle dégagerait 240 000 € annuel.
Sur la qualité du service rendu « il est bon, nous sommes satisfaits des services. C’est pourquoi, nous nous battons pour rester », ajoute la chef d’entreprise de Formelaz.
Clairement, l’urgence prend le pas sur les questions et les inquiétudes. La France paralysée durant l’été n’est pas une légende urbaine avec en filigrane la crainte d’une fermeture, peut-être temporaire, de la Ruche d’entreprises, électricité, courrier, etc., « On ne peut pas se permettre de cesser 15 jours notre activité au mois de septembre, sous prétexte que les négociations se poursuivent entre la Porte du Hainaut et Le Conseil départemental du Nord. D’ailleurs, les services aux entreprises sont aussi importants que l’accès aux bâtiments», s’exclame Jean-Claude TARONT, EUROBAUT
L’entreprise C-PUB, contactée ultérieurement, abonde dans ce sens. « Aucune information, aucun courrier, aucune nouvelle… doit-on attendre une mauvaise surprise. pour le 01 septembre ? », indique Pierre Colpin. « On tient à ce bureau sur Denain, c’est notre base, le site est convivial. C-PUB est d’ailleurs installée dans la Zone Franche depuis 2 an et demi », poursuit Sophie Colpin,
Les structures sous le dispositif « Hôtel d’Entreprises » sont présentes également. « Même, si je suis sous un format boîte aux lettres, Je suis solidaire avec les entreprises en pépinière, elles sont inquiètes », mentionne une entreprise dans le conseil en armes. On peut mettre en exergue plusieurs entreprises de formation, et ils vont où les auditeurs au 01 septembre ?
Anne-Lise Dufour réfute l’absence d’informations : « Ce n’est pas vrai ! J’ai fait savoir que la Ruche d’entreprises resterait à Denain. Je vais d’ailleurs demander aux services concernés d’envoyer un écrit affichant notre volonté de poursuivre cette Ruche d’entreprises. Avec l’émergence du site des Pierres Blanches, il est évident que la présence d’une pépinière d’entreprises est importante sur la commune », précise la sénatrice-maire.
« Un blocage de l’autoroute A2 »
Dès hier, des initiatives ont été prises « nous avons envoyé un recommandé au Conseil départemental du nord, et à la SPL. Si rien ne bouge, une manifestation se déroulera sous les fenêtres de l’hôtel de Ville de Denain « , précise EL KANSOULI.. « voir un blocage de l’autoroute A2 », enchaîne Jean-Claude TARONT.
C’est clair, ces responsables d’entreprises ont besoin d’informations gravées dans le marbre, des certitudes sur le court terme, une lisibilité à moyen et long terme, de la sérénité pour travailler tout simplement !
Les entreprises présentes ce mardi 11 juillet :
FORMALEAZ entreprise de formation,
EUROBAUT, robotique et mécanisme industriel
ALOESIA dans la formation
Tartrader/Armurier conseil
PIAZZA COFFRAGES/ Montage de coffrage
GEO 2R, imagerie aérienne
FUNEFORMATION, entreprise de formation
SEETRACK, vidéo surveillance et alarme
SIMPILEFONDATIONS , BTP
Direct Bureautoque,
Suite de Soins, santé
CABINET BLONDEAU , expert comptable
En fichier, la liste de toutes les entreprises au sein de la Ruche de Denain (07 Liste des entreprises juillet 2017)