Le biométhane avance URBI et CORBI dans les Hauts de France
A l’initiative du collectif CORBI une visite de presse s’est déroulée sur plusieurs hauts lieu du développement du biométhane dans les Hauts-de-France ; une énergie verte présente et remarquée aujourd’hui, mais incontournable demain (visuel Rémy Rochard).
(Visuel l’unité de Biogaz Pévèle)
Le Biométhane en France = Energie verte + Emplois non délocalisables
Le CORBI (Comité Opérationnel Régional Biométhane Injecté) poursuit une organisation structurée d’une dynamique de développement de la filière du biométhane. Trois exemples ont été mis en exergue à l’occasion d’un voyage de presse, l’entreprise Chaumeca sur Haubouurdin (59), un symbole d’une réorientation stratégique vers cette filière de l’énergie verte, une unité agricole sur Wannehain (59), initiatrice d’une démarche croisée avec le métier d’agriculteur, et enfin le site industriel TVME/ Symevad de gestion des déchets sur Évin-Malmaison (62).
Rémy Rochard (PDG de Chaumeca) « Les entreprises françaises doivent apprendre à chasser en meute »
Chaumeca est une entreprise, née en 1958, spécialisée dans le domaine de l’épuration de l’air. « Nous sommes dans la métallurgie, du séchage, du traitement de la chaleur en terme de métier, produit catalogue voire du sur-mesure », présente Rémy Rochard, le président du Conseil d’Administration de Chaumeca.
Après une période difficile inhérente à la chute de l’énergie fossile où, malgré les vents et les avis contraires, il a conservé son équipe. « Je suis très fier de mon équipe au sein de Chaumeca. En effet, lorsque vous vous séparez d’une compétence en période sensible, quand le marché revient, vous n’avez plus les compétences humaines pour répondre à des appels d’offres entre autres », ajoute-t-il.
Ensuite, Chaumeca a procédé à une réorientation vers la filière de la méthanisation, notamment sur la France car le potentiel est exponentiel. « Le marché du Biogaz s’est ouvert en France dix ans après des pays comme l’Allemagne etc. La concurrence est de fait très virulente », précise-t-il.
Cette opportunité d’une énergie verte française a nécessité un investissement conséquent « nous avons perdu un million d’euros pendant 4 ans. Un choix récompensé aujourd’hui, car les commandes tombent depuis juillet 2016. Nous avons doublé notre chiffre d’affaire en 12 mois », ajoute Rémy Rochard.
Dans la foulée, Chaumeca s’est liée avec une entreprise aux activités complémentaires « Airflux, avec un réseau de 26 agences sur la métropole. Nous formons dorénavant une ETI régionale avec un chiffre d’affaire de 50 millions d’euros ».
Une nouvelle entité engagée dans le collectif METHANIA dont l’objet est de fédérer tous les métiers de la filière française pour la construction d’unité de biogaz en France. En effet, l’organisateur, en l’occurrence le CORBI, constate que « 65 projets sont déposés dans la région contre moins d’une dizaine en service d’ici fin 2017 dans les Hauts-de-France», explique Bruno Waterlot, directeur territorial Pas-de-Calais. Au niveau de l’impact travail « cela représente trente à quarante emplois pour la réalisation d’une unité de méthanisation, puis des emplois sur site pour son exploitation », ajoute-t-il.
« En 2020, la région des Hauts-de-France vise à devenir la première région européenne en terme du biogaz injecté. D’ailleurs, à cet effet, un techno centre sera construit avec une unité de formation, un espace recherche et développement. Sa localisation sera publique en fin d’année », rappelle Didier Cousin, le directeur territorial des Hauts-de-France.
Biogaz Révèle, conjugaison d’intérêts environnementaux
Pierre Pollet, agriculteur sur Wannehain, a initié la première unité agricole de biogaz sur les Hauts-de-France. « L’originalité de notre unité de biogaz est que nous utilisons du fumier, 6000 à 7000 tonnes par an, comme déchet agricole. En 2010, nous nous sommes réunis avec 4 agriculteurs pour installer cette unité de méthanisation ».
Bien sûr, l’intérêt économique est évident pour cette exploitation laitière, mais Pierre Pollet tient à souligner « que notre déterminant initial est d’abord écologique, le biogaz est injecté dans le réseau GRDF, puis revendu à un fournisseur. Nous avons doublé notre chiffre d’affaire. Le retour sur investissement se fera sur 7 à 8 ans », précise-t-il. Cette unité de biogaz injecté est en capacité de fournir en énergie 800 logements.
Cette entreprise, baptisée Biogaz Pévèle, fait partie du cluster Methania, tout comme Chaumeca, « où nous proposons notre propre solution innovante d’installation aux futures unités agricoles de biogaz », ajoute l’exploitant.
Pour l’installation de cette énergie verte au bout du tuyau, le principal obstacle « est l’acceptabilité par la population, le voisinage », précise Pierre Pollet.
A savoir que le biométhane fourni n’a pas d’odeur ! « Il est donc nécessaire de procéder à une odorisation, indispensable en terme de sécurité », précise Bruno Waterlot.
Le SYMEVAD
Syndicat de gestion des déchets où plutôt un Centre de Valorisation Energétique, on connaît, mais le traitement des ordures ménagères transformé en biométhane ou en combustible pour les cimenteries, c’est peu commun à ce jour.
En l’occurrence, le TVME/Symevad traite 110 000 tonnes d’ordures ménagères par an, des déchets banaux, avec 10 à 15% partant dans des sites d’enfouissement. « Nous tendons au maximum vers le zéro enfouissement », précise Martial Vandewoestyne, le président du Symevad.
Sur la partie valorisée, deux axes forts, la production d’une variété de combustible pour des cimenteries. « Elles sont très exigeantes sur la qualité du combustible, il faut éviter toute impureté », explique le directeur (visuel du produit fini dans le diaporama en bas de cet article).
Ensuite, une unité de biogaz traite les autres déchets ménagers. La production est déjà impressionnante. « Dans 18 mois, nous pourrons alimenter une ville de 10 000 habitants comme Oignies », indique le directeur d’exploitation. Sur l’ensemble des déchets traités, le SYMEVAD transforme 40% en gaz, et 30% en solide.
Seul bémol à cet outil consacré à l’énergie verte, les matériaux de fabrication de cette usine dédiée au biogaz sont allemands…. Philippe Vasseur, commissaire spécial à la revitalisation et à la réindustrialisation des Hauts-de-France souligne « le nécessaire effet de cette filière, il faut développer une synergie éco-industrielle pour le développement d’une capacité de production française des unités de biogaz… en France, il y a 450 projets sur la métropole ».
Cette énergie verte constitue un gisement d’emplois pour la région des Hauts-de-France. Philippe Rapeneau, vice-président de la région, et Philippe Hourdain, président de la CCI régionale, présents à ce voyage, sont conscients de cette économie verte pour demain et les générations futures !
Daniel Carlier