Valenciennois

Le candidat de proximité est-il un Politique ?

L’alliance de la présidentielle entre la France Insoumise, et le Parti Communiste n’a pas été plus loin que l’élection suprême. De fait, sur la 21ème circonscription avec 14 candidats, la gauche part divisée, mais également forte de certains binômes connus et reconnus. Telle est la caractéristique première du ticket Patrick Kolebacki, titulaire, et Carole Moreira, suppléante, des citoyens du terroir et du terrain.

La campagne législative s’accélère avec le bouclage pour tous les candidats, des professions de foi, de l’animation des réseaux sociaux et sites internet, des supports papiers encore très présents, sans oublier le porte à porte, les marchés, en résumé… une campagne près du citoyen !

Assurément, l’enjeu de cette élection législative atypique est le choix entre une ligne programmatique, souvent nationale, et un élu de proximité, que l’on connaît hier, et demain plus encore. Jamais cette dichotomie n’a été aussi flagrante pour une élection. Certes, la fibre de gauche ou de droite est palpable, mais à distance où près de chez soi, c’est la vision du rôle de votre député qui sera dans l’enveloppe avec votre bulletin de vote. Tel est le dilemme de cette élection, et dès le premier tour le dimanche 11 juin.

Patrick Kolebacki/Carole Moreira : « Un gouvernement ni de gauche, ni de gauche ! »

Le score historique de Jean-Luc Mélanchon au 1er tour des présidentielles n’a pas permis une approche rationnelle et pragmatique de cette élection particulière, certes nationale, mais également avec des candidats de proximité très implantés.

« Je regrette cette situation car il y avait de la bonne volonté locale. D’ailleurs, dans la Somme, un accord a été trouvé entre la France Insoumise et le PCF. Je ne comprends pas pourquoi ce ne fut pas possible sur le Valenciennois. Je pense que les postures nationales ont pesé sur les choix locaux », explique Patrick Kolebacki.

Pour sa part Carole Moreira confirme cet avis : « Il n’y avait aucun problème de mon coté, je suis une militante de terrain. Je n’ai pas besoin besoin d’une étiquette. Nous pouvions travailler en bonne intelligence sur le département du Nord ».

Fabien Thiémé, président du comité de soutien, ajoute « quand il y a division, c’est toujours le citoyen qui paye au final. Moi, je suis pour l’union et le rassemblement, on se met autour d’une table, et on discute ».

Toutefois, certains élus voient déjà plus loin, et c’est fort probable : « Nous retrouverons un accord sur le terrain avec la France Insoumise à l’occasion des élections municipales », indique Joël Gaillet. Assurément, le visage de la politique française, à droite comme à gauche, sera parcheminé, et recomposé après ces législatives singulières et indécises. Mais, une élection après l’autre, pour l’heure, c’est la bataille des législatives.

Patrick Kolebacki : « Le dialogue par ordonnance sur le code du travail »

Sur le résultat de l’élection présidentielle, le candidat parle sans concession. « Bien sûr, nous avons voté pour faire barrage au Front National. Pour autant, il n’y a aucune surprise sur le programme d’Emmanuel Macron (très linéaire en fait comme Jean-Luc Mélanchon). Il prône le dialogue par ordonnance sur le code du travail », ajoute Patrick Kolebacki.

Carole Moreira, aide soignante du CHV, 1er employeur de la ville-centre, travaille au coeur du baromètre de la précarité. L’hôpital public de la commune demeure le scanner permanent d’une accessibilité aux soins, parfois très difficiles. « Certains renoncent tout simplement à leurs droits. Il existe des quartiers oubliés dans le Valenciennois, des ghettos, et le score du Front National s’explique par un vote anti-système », commente la suppléante. Et d’ailleurs «  le Front National se nourrit de certains paradoxes », ajoute Patrick Kolebacki.

L’élu de Quiévrechain, et candidat à cette législative, expose un cas concret. « Une personne au RSA sur Petite-Forêt, bénéficiant d’’autres aides sociales greffées au RSA, a repris un emploi pour 6 mois. Résultat, après la fin du contrat, elle se retrouve dans une plus grande précarité qu’avant de travailler ». C’est toute la problématique de la continuité de la précarité, sortir la tête de l’eau pour prendre une respiration, et puis replonger est effrayant pour le citoyen en quête d’une solution pérenne. «  Le fossé n’a jamais été aussi grand entre les pauvres et les riches », ajoute Carole Moreira.

Et là, ne nous trompons pas, la classe moyenne, trop riche pour être pauvre, trop pauvre pour être riche subit de plein fouet cet organigramme de la précarité. « Il faut une meilleur répartition des richesses. D’ailleurs, nous soutenons l’initiative des Frères Bocquet, avec leur livre Sans Domicile FISC, et en faveur d’une COP de la justice fiscale », précise Patrick Kolebacki.

Sur ce gouvernement, Fabien Thiémé n’est pas en reste « il manque dans la répartition des ministères, ceux du logement, de la fonction publique, des personnes âgées, des anciens combattants, et même celui de la famille en place depuis 1978, la jeunesse n’a plus un ministère plein, comme celui de l’industrie.Tout cela donne le ton de la politique d’Emmanuel Macron ».

« C’est le Conseil national de la résistance qui doit bien rigoler », poursuit Joël Gaillet.

Les combats sur le Valenciennois

Avant tout, ce binôme est très imprégné du terrain, et des difficultés du quotidien. « Evidemment, sur le Valenciennois, le ferroviaire est très présent. Nous avons été au STIFF (Syndicat des transports d’île de France) afin de suivre de près ce contrat (du siècle). Ensuite, il faut rester extrêmement vigilant vis à vis de cette commande, et surtout veiller à éviter toute délocalisation partielle de cette production. A ce titre, nous avons proposé un conseil citoyen afin de suivre ce contrat du STIFF ».

Ensuite, le député est là pour porter, ou contrer des projets de lois. « Je suis pour la proportionnelle intégrale, pour la prise en compte officielle du vote blanc, et le vote obligatoire », ajoute Patrick Kolebacki. L’influence de la Belgique, où le vote est obligatoire, est importante pour pas mal d’élus dans le Nord.

Sur la santé, Carole Moreira avertit le citoyen « Emmanuel Macron veut mettre en place une révolution de la prévention. Il va mettre autour de la table les régimes obligatoires, les complémentaires santé etc. afin d’une prise en charge par ces acteurs, notamment de l’optique. De fait, vous allez avoir une explosion du coût des mutuelles, voire complémentaires santé. Quid du reste à charge pour le citoyen avec le projet du Président de la République ».

Enfin, sur la fameuse loi de moralisation tant mis en avant. « Certes, une clarification est nécessaire, la mise en place de garde-fous, mais il ne faut pas cataloguer tous les élus… ! De plus, il serait important de créer un statut du candidat, car la participation à une élection (législative en l’occurrence) est extrêmement complexe quand vous avez un emploi », souligne Patrick Kolebacki.

L’absence de la République En Marché sur la 21ème

Là encore, la parole est dure comme le désarroi des marcheurs. « Je pensais que c’était de la politique autrement. Non, le naturel revient au galop, c’est de la tambouille politicienne. L’appel du pied d’un électorat à l’autre est du jeu politique. Les soutiens de REM sont perdus », assène Patrick Kolebacki.

Enfin, Fabien Thiémé souligne «  cet atout jeunesse, ce sont des élus de terrain. Par tradition locale, le citoyen vient voir l’élu communiste lorsqu’il a un problème dans sa vie quotidienne. Ce duo a une expérience d’élu(e) et syndical(e). Comme Jean-Luc Mélanchon, ils peuvent créer la surprise le 11 juin prochain ».

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