Pascal Coupez : « Laurent Degallaix ne peut pas se revendiquer des valeurs de la droite et du centre ! »
La campagne législative bat son plein. Dans la 21ème circonscription, ce sont 14 candidats qui se présentent sur la ligne de départ. Didier Legrand, titulaire sans étiquette, et Pascal Coupez, suppléant secrétaire Les Républicains dans le Valenciennois, ont inauguré samedi dernier leur local éphémère de campagne, rue de la Paix à Valenciennes
Didier Legrand : « C’est de la petite magouille politicienne »
14 candidats en lice, cette donnée exclut quasi d’office toute possibilité d’une triangulaire sauf incroyable faiblesse d’une dizaine de candidats. De fait, la lutte pour les deux premières fauteuils sera féroce.
Si l’émiettement maximum est consommé à gauche, la droite est plutôt divisée dans la 21ème circonscription. Déjà, le Front National part en ordre dispersé, un candidat (Jean Luc Laurent) soutenu par Jean-Marie Le Pen, et une (Valérie Caudron) par Marine Le Pen. Pour la droite modérée, Didier Legrand repart dans la bataille après un score remarqué aux municipales de 20014 à Valenciennes, mais plus faible lors de la législative partielle de juin 2014. Il faut préciser toutefois que la participation fut famélique (25%) en juin 2014 suite au retrait de Jean-Louis Borloo de la vie politique. Ensuite, Béatrice Deschamps, titulaire, et Laurent Degallaix, suppléant, ont obtenu l’investiture LR/UDI ce qui n’efface en rien les tentatives de rapprochement avec le mouvement En Marche par le maire de Valenciennes.
Une digression de politique nationale s’impose pour mieux comprendre l’enjeu local. L’investiture UDI/LR fut attribuée de longue date au ticket Descamps/Degallaix. Pour autant, le maire de Valenciennes fut longtemps annoncé dans les coulisses comme ministrable, mais n’a pas accédé au poste tant convoité malgré l’aide appuyée de Jean-Louis Borloo. L’explication est pourtant assez transparente à la lecture du gouvernement. Au sein de l’exécutif, c’est le Modem ou Les Borlooistes, ce qui ne veut pas dire l’UDI stricto sensu. François Bayrou aurait posé ses conditions-pas de Borlooiste-, et la lecture du gouvernement laisse peu de place au doute. La renaissance du Modem au sein de l’Assemblée Nationale passe par la mise à mort de l’UDI. Jean-Christophe Lagarde l’a compris et s’est exprimé, ce dimanche 21 mai dans la presse, pour indiquer que l’UDI pouvait collaborer avec Emmanuel Macron. Un message sibyllin histoire de ne pas transformer une défaite potentielle en une exécution en règle.
« C’est ça le renouveau de la politique ! « , Didier Legrand
Une cinquantaine de sympathisants, dont Bernard Brouillet et Carole Dussart, étaient présents à la permanence du tandem Didier Legrand/Pascal Coupez. Un temps convivial, mais également les premiers discours d’une campagne législative éclair tant la présidentielle a écrasé tout le reste.
Pour Didier Legrand, comme Pascal Coupez, la tromperie est évidente. « Bien sûr, j’ai voté Emmanuel Macron au second tour. Mais cette candidature de Laurent Degallaix n’est pas un mystère. Elle vise à récupérer le fauteuil de député à terme, car les dorures. de la République à Paris l’intéresse plus que le Valenciennois. C’est de la petite magouille politicienne, on fait des photos avec Delphine Alexandre pour la page Facebook d’En Marche, et d’ailleurs Delphine Alexandre s’est défoncée depuis 6 mois, et on négocie derrière le retrait d’En Marche dans la 21ème ? C’est ça le renouveau de la politique ! Non, ce sont les vieilles méthodes. Mettre Béatrice Descamps, 1ère adjointe de la mairie de Thivencelle (et Conseillère départementale avec Jean-Noël Verfaillie sur le canton de Marly), c’est un alibi . Cette candidature (LR/UDI) est une forfaiture ».
Pascal Coupez n’est pas en reste sur le sujet. En effet, après la venue ostentatoire du maire de Valenciennes au meeting d’Emmanuel Macron début janvier 2017, Pascal Coupez a réagi dès la cérémonie des voeux fin janvier. Il accusa publiquement Laurent Degallaix « de retourner sa veste ». Déclenchant dans la foulée un communiqué de presse soutenant Laurent Degallaix, par des membres Les Républicains. C’est une lecture bien tortueuse à suivre pour un électeur citoyen… ! Le secrétaire des LR dans le Valenciennois assène sans équivoque : « Laurent Degallaix ne peut pas se revendiquer des valeurs de la droite et du centre ! ».
Pour Didier Legrand, la volonté affichée pour le Valenciennois est forte. « Ce territoire est abandonné. Il faut une demande politique dérogatoire au niveau national comme en Europe pour le Valenciennois. Aboutir au projet de ligne ferroviaire Valenciennes/Mons, soutenir le Canal Seine Nord, sans parler du 4ème pont abandonné, alors que je l’ai toujours soutenu depuis 2004, comme Dominique Riquet d’ailleurs ».
On l’a compris, cette élection législative dans la 21ème est un référendum local sur la gouvernance de Laurent Degallaix sur le Valenciennois, comme maire de la ville-centre et président de Valenciennes Métropole. Et en même temps…, si LR/UDI gagne cette élection législative, Laurent Degallaix va-t-il faire jouer l’étiquette LR/UDI, et postuler également à une fonction ministérielle dans le gouvernement de François Baroin ? Ou est-il un Marcheur aujourd’hui, et demain plus encore ? En Marche jusqu’au mercredi 17 mai 16H ? Et LR/UDI 15 minutes après dans la Voix du Nord ! Certes, une lettre de soutien, parmi les 22 premiers signataires, de Laurent Degallaix souligne une capacité à travailler avec…, mails il conserve ses investitures LR/UDI, c’est pas clair du tout ?
L’élection d’Emmanuel Macron est une claque pour les partis politiques établis, la nomination du gouvernement affiche cette nouvelle donne de la recomposition ; pour autant cette double casquette investitures/appétence Macron ressemble a de la vieille tambouille afin de gagner avec les blancs et les noirs sur l’échiquier politique. Le véritable engagement du ticket Descamps/Degallaix eut été de lâcher les investitures LR/IDI et de s’afficher En Marche.
Tout cela n’est pas lisible pour l’électeur, qui n’aime pas l’incertitude et se poser la question qui est qui ! Néanmoins, cela fleure bon la recomposition après les législatives, un chamboule-tout total, mais l’électeur perçoit-il toutes ces arcanes complexes, ces positions d’une rive politique à l’autre ? Rien n’est moins sûr, car le citoyen attend aussi des convictions affichées, partagées, car la politique ne se réduit pas à remplir des cases !