Territoire

Grégory Lelong, aux multiples casquettes, nouveau président du PNR Scarpe Escaut.

Election psychodrame au sein du Parc Naturel Scarpe Escaut hier, ce lundi 27 mars 2017, car son résultat est pour le moins inattendu. En effet, Gregory Lelong est promu à la fonction de président de ce PNR. Décryptage de cette soirée politique dans tous les sens du terme surprenante, où ne serait-elle que le reflet de l’état des formations politiques actuelles ?

Michel Lefebvre : «  Le PNR Scarpe Escaut sera la courroie de transmission de la région des Hauts-de-France ».

Le contexte est important pour comprendre la finalité de cette élection du Parc Régional Scarpe Escaut pesant 55 communes + 7 villes portes + 3 associées, soit 65 au total. A ce titre, la Charte du PNR Scarpe Escaut s’impose aux PLUI des 2 communautés d’agglomérations. Ce PNRégional fut d’ailleurs le premier en France, c’est un acteur incontournable du développement durable et un partenaire récurrent des communes, ce qui explique le bruit en coulisses de cette élection.

Autre volet clé, le financement des PNR s’est modifié. En effet, il était globalement de 1/3 région, 1/3 département et 1/3 les communes. Aujourd’hui, un profond bouleversement s’est mis en place où, la région subventionne 40 %, mais surtout 50% des agents des PNR, via l’ENRX (Espaces Naturels Régionaux). Une structure, dont la présidence est assurée par Guislain Cambier, mais par ailleurs une entité dans la délégation de Valérie Létard, 1ère Vice-Présidente des Hauts-de-France.

En 2015, face au changement de majorité du Conseil départemental, une élection a été validée, suite à laquelle Michel Lefebvre, maire de Millonfosse, fut élu jusqu’à la fin de son mandat (théoriquement) de maire. Jean-Noël Verfaillie, conseiller départemental du Nord, et élu à la ville de Marly, s’était présenté sans succès à cette élection. Il a obtenu la 1ère VP du PNR Scarpe Escaut.

Un changement de statut opportun…

Sauf que la loi NoTRE est passée par là et s’est mise à chasser tous les syndicats sans une réelle existence ou poids structurel. Ce fut le cas du syndicat des communes intéressées au PNR, qui naviguait en parallèle de la structure du PNR. A ce titre, chaque commune a validé dans ses différents conseils la dite modification. De fait, le PNR devait voter, ce lundi 27 mars, cette modification des statuts. Le mode électoral n’est pas simple, 92 personnes pour 380 voix, donc une personne représente plusieurs voix.

4 candidats en piste

Michel Lefebvre, s’est présenté à sa réélection, c’est logique afin de finir son mandat et les missions engagées. « Je me suis représenté. Durant 2 ans, je pense avoir effectué un bon travail, et j’avais du crédit auprès des communes. Le parc, c’est avant tout un projet de territoire, un tampon entre l’urbanisme galopant et les communes rurales », commente Michel Lefebvre.

Dans la même idée, Jean-Noël Verfaillie, se représente « car le Conseil départemental demeure un contributeur important (sans être le principal) »…et surtout, il précise «  que Xavier Bertrand et Jean-René Lecerf s’étaient accordés sur son nom, car le Parc de l’Avesnois était déjà sous l’obédience régionale », un argument qui tient la route en terme d’affichage ô combien important pour les politiques.

Ensuite, Monique Huon « et ce n’était pas un secret. Ma candidature était approuvée par Xavier Bertrand. De par mon profil personnel et professionnel, j’avais des compétences et du temps libre ! »

Enfin, Grégory Lelong, membre du PNR depuis 2015, maire de Condé-sur-l’Escaut, est très occupé politiquement  avec pas moins de 4 mandats, et de facto postulant pour un cinquième !

Le scénario

Au premier tour, Grégory Lelong rafle 111 voix, Michel Lefebvre, 104 voix, Jean-Noël Verfaillie 81 voix, et Monique Huon 36 voix. «  J’étais satisfait de mon résultat au 1er tour, les communes ont beaucoup voté pour moi », précise Michel Lefebvre.

Ensuite, Monique Huon, pour la région, fait un appel à voter pour Jean-Noël Verfaillie au second tour. L’addition naturelle des 2 potentiels de voix aurait dû propulser Jean-Noel Verfaillie comme le nouveau président du PNR Scarpe Escaut. Sauf que Valérie Létard, présente à juste titre comme 1ère Vice-présidente de la région des Hauts-de-France, a pesé de tout son poids politique… Le résultat à bulletin secret  en décide autrement : Grégory Lelong 130 voix, Michel Lefebvre 95 voix, Jean-Noel Verfaille 94 voix, un résultat plongeant dans l’incompréhension les agents du PNR. En clair, personne n’a compris pourquoi un UDI s’est fait torpillé par un autre UDI, même appartenant à une instance différente.

Michel Lefebvre «: Je regrette que l’élection du PNR soit devenue politisée »

Ce résultat a cloué tout le monde. Pour la 1ère fois « Valenciennes Métropole devient majoritaire, devant la Porte du Hainaut, qui a pourtant le plus de communes », précise l’ancien président du PNR. « Je regrette que l’élection du PNR soit devenue politisée », assène-t-il. Car il faut bien le dire, cette structure avait bénéficié jusqu’à aujourd’hui d’un statut apolitique. On parlait de ses actions, mais jamais d’une instabilité politique, de clan etc., c’est un peu la surprise même si la région des Hauts-de-France avait clairement affiché ses prétentions. La conclusion du premier magistrat de Millonfosse est sans appel : « Le PNR Scarpe Escaut sera la courroie de transmission de la région des Hauts-de-France, mais la démocratie s’est exprimée. La région voulait obtenir la  gouvernance compte tenu qu’elle finance largement cette structure en direct ou via le ENRX (Espaces Naturels Régionaux) ».

«  Grégory Lelong n’est jamais venu à une réunion du PNR depuis qu’il est élu », Jean-Noël Verfaillie.

Pour le Conseiller Départemental, il est fataliste. Toutefois, cet imbroglio d’entre les deux tours passe mal. Une défaite vis à vis de Michel Lefebvre fut accueillie avec un meilleur sentiment. Jean-Noël Verfaillie demeure en bonne place dans le Bureau, vice-président, mais la pilule passe difficilement. Il lâche « Grégory Lelong n’est jamais venu à une réunion du PNR depuis qu’il est élu.. »

Pour Monique Huon, elle hésite…, mais soupire « je regrette que cette élection soit devenue politique, et je déplore ce qui’l s’est passé hier soir». Tout autre commentaire sur la nouvelle présidence « je ne veux pas en dire plus »,dit-elle sur un ton extrêmement désabusée !

Grégory Lelong injoignable, on comprend avec 5 mandats, mais le record de l’ancien maire de Dunkerque, Michel Delebarre (22 présidences) est encore loin.

Et le développement durable, il est où !

Avec un peu de recul, on pourrait dire que la région prend la gouvernance d’une entité qu’elle va financer massivement, que le président, Grégory Lelong a des qualités et des capacités pour exercer ce mandat, sauf que…

La position multi-casquettes  de Grégory Lelong, maire d’une commune où le simple contrôle de sa majorité est complexe, avec des chantiers lourds comme le PNRQAD, un mandat de vice-président au sein de Valenciennes Métropole, ce n’est pas rien, un mandat de Conseiller régional, une présidence de la Maison de l’emploi du Valenciennois, petit sujet si peu sensible sur le territoire, et maintenant président du PNR Scarpe Escaut, le vaisseau amiral de l’environnement sur le Hainaut. Maintenant, on sait qui est superman, Gregory Lelong, c’est Clark Kent !

Sur la méthode, l’UDI portée par Mme Létard a torpillé un candidat de l’UDI du Conseil départemental et une candidate de droite, estampillée région… ; c’est l’élection de trop ! Comme au niveau de la présidentielle où des pratiques historiques sont rejetées massivement par les Français, cette élection est indigeste au plus haut point par les élus locaux. Ce sera peut-être celle de la chute d’une méthode Valenciennoise.

L’UDI de Jean-Christophe Lagarde a déjà perdu tant de crédibilité avec son revirement pour son soutien à François Fillon, Jean Christophe Lagarde devrait venir visiter l’écluse des Repenties à Valenciennes… Mais là, en l’occurence, l’UDI local est encore plus morcelé, il y a l’UDI, influence Laurent Degallaix, l’UDI influence Valérie Létard, et les autres UDI, ni pour l’un, ni pour l’autre… Le citoyen du Valenciennois ne mérite tant de Politique et  il se détourne des urnes, ou vote vers les extrêmes, comme nous avons pu le constater. C’est sans doute l’élection de trop dans la méthode, la fronde va s’engager… !

La politique a enfilé son plus laid costume et le peuple ne supporte plus les payeurs, ce sera dans les urnes très prochainement, et aux sénatoriales compris !

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