La ville de Valenciennes va pouvoir (enfin) acquérir le terrain de la Caserne Vincent
C’est un accord historique, vieux serpent de mer local, le site de la Caserne Vincent situé au coeur de la ville centre se dirige vers un autre destin. Ce lundi 20 mars 2017, Laurent Degallaix et Thierry Repentin ont signé un accord sur la future cession de ce foncier à la ville de Valenciennes
Laurent Degallaix : « C’est le respect de la parole donnée »
En propos liminaire de cette signature fondamentale pour la commune, Laurent Degallaix (UDI et investiture LR sur la 21ème) rappelle en s’adressant à Thierry Repentin, dans un gouvernement socialiste : « C’est le respect de la parole donnée. Vous avez fait ce que vous avez dit. Je tenais à le dire car actuellement, la parole du politique est très décriée… », ça c’est dit !
L’unité foncière comprenant l’ancienne friche Match et la globalité de la Caserne Vincent est convoitée depuis des lustres. Dès février 2008, Dominique Riquet avait présenté un projet sur la Friche Match avec la société néerlandaise ING. La crise a tué ce dossier mort né, envisagé d’un bloc à la base. « Dès mon arrivée en 2012, j’ai choisi de diviser les parties foncières. Pour moi, cela ne pouvait pas passer sur un seul projet », explique Laurent Degallaix.
En effet, les superficies de la Caserne Vincent donnent le vertige, un corps central, un site d’archives, un messe sur une surface au sol de 13 000 à 15 000 M2 suivant les emprises. A l’époque du service national obligatoire, cette caserne accueillait près de 1 200 personnes. « En 2012, au transfert sur Lille de l’activité du site de Valenciennes, ils restaient 120 personnes », précise un responsable du Ministère de la Défense.
Dès cette fin d’activité sur la ville de Valenciennes, le Ministère de la Défense a voulu vendre cette emprise foncière majuscule. Elle a même divisé cette cession en 3 lots à l’époque, le corps principal, le parking et la restauration collective, la ville s’est très rapidement positionnée sur ce dossier. « On nous a proposé, selon moi, un prix surcôté à la base (5,8 millions d’euros) », précise le maire de Valenciennes.
Ensuite, un autre dossier dans le dossier était déjà conflictuel entre le Ministère de la Défense et la ville de Valenciennes, celle de la propriété d’une partie de ce site gigantesque. Basée sur un ancien couvent, cette unité cadastrale, ou pas, fut longtemps l’objet d’un litige. « Au final, la ville était détentrice d’environ 1/3 du foncier global », précise un responsable du Ministère de la Défense.
Thierry Repentin : « Le prix de cession tient compte de la nature du projet »
La conclusion de cette négociation âpre a abouti à un prix largement revu à la baisse, on passe de 5,8 millions d’euros à 1,7 millions d’euros. « Le prix de cession tient compte de la nature du projet. Nous ne sommes pas dans de la promotion pure. Sur ce site magnifique, il y aura un prix d’acquisition entre 2 200 et 2 400 € pour un accédant, voire un primo-accédant. Cela va épaissir, élargir l’offre de logements (en centre-ville) sur Valenciennes», explique Thierry Repentin. Le délégué interministériel à la mixité sociale dans l’habitat a été mis sur orbite pour faciliter les cessions. « Depuis ma nomination, je suis intervenu dans 105 transactions entre l’Etat et les collectivités locales. En 2016, cela a permis la réalisation de 12 000 logements (50 % privé, 50 % public). Ici, il fallait prendre en compte tous les paramètres, coût de gardiennage voire frais de maintien du site, des contraintes du projet, et de la position de l’ABF (architecte des bâtiments de France) », ajoute-t-il. Parfois, les sites sont squattés, mais sur Valenciennes, 7 personnes étaient encore présentes dans le cadre du CIRFA, ce qui a permis d’éviter le problème. Néanmoins, le site n’était plus chauffé depuis 2012-2013, et se dégradait mécaniquement. Le Ministère de la Défense et la ville devaient s’entendre tôt ou tard. Comme d’habitude, il y a eu un élément déclencheur.
« Fraîchement nommée à cette fonction, il y a deux ans, Jean-Louis Borloo est venu avec Laurent Degallaix afin de me présenter le problème », précise Thierry Repentin. « La caserne Vincent, c’était le caillou dans la chaussure, car sur la friche Match, tous les propriétaires ont accepté le rachat », précise Laurent Degallaix. En clair, sur le corps principal de la caserne Vincent « ce sera le projet de logements, dont certains seraient évolutifs, c’est à dire transformable en 2 habitats distincts par exemple, voire un agrandissement. Un programme d’une centaine d’appartements est possible, avec 30% de logements sociaux», commente le député-maire. La SOFIM aurait visité les lieux ce lundi matin…
Ensuite, dans le bâtiment du messe, c’est le retour, tant attendu, d’un cinéma en Centre-Ville. En effet, l’arrivée du complexe Gaumont en 1995/1996 a sonné le glas du 7ème art dans la ville-centre. Le Palace, le Colisée, Novéac, le Club, les Arcades, la commune de Valenciennes a connu une activité intense en matière de 7ème art, et sur plusieurs sites, dans son centre-ville. « Patricia Riquet, Patrick Roussiès ont essayé de faire venir un professionnel, mais sans un projet global, personne ne vient. Aujourd’hui, j’ai plusieurs opérateurs intéressés », souligne le maire. Après le projet, MEGARAMA sur Denain dès 2018 sur l’avenue principale de la commune, un complexe de 7 cinémas pour 1 100-1 200 places dans le coeur de Valenciennes constitue une offre majeure pour sa redynamisation. «Je suis persuadé que ce projet va transformer la rue de Lille attenante », ajoute le maire. A savoir, qu’avant mars 2019, le chantier sur la rue de Lille, PNRQAD et la percée vers la Place du Hainaut doit être bouclé. « Ces chantiers ne seront pas concomitants, le site global (Caserne + Match ) prendra plus de 4 ans », conclut Laurent Degallaix. Thierry Repentin précise que dans l’acte authentique « il sera mentionné que ce projet doit être réalisé dans les 5 ans. Aujourd’hui, nous signons une convention validant le prix, et la future cession. Au pire, ce sera un bouclage au mois de septembre 2017 ».
Sur la globalité du site (Caserne + Match), c’est un projet dantesque se décomposant entre une centaine de logements, des cellules commerciales,7 salles de cinéma, une résidence sénior et « un parking de 500 places, pour le public, le Grand Hôtel du Hainaut, les logements, le cinéma… », souligne le maire… voire un bowling car un professionnel s’est manifesté également pour venir s’installer sur la dite caserne.
C’est clair, la chute du projet sur la Friche Match avait attisé des critiques à la hauteur de la déception. Sa finalisation, sur un périmètre plus vaste, serait incontestablement le projet du mandat 2014/2020, bouclée ou pas à l’échéance municipale.